Randle McMurphy se croit malin : il a réussi à convaincre la cour qu’il est fou et s’est fait envoyer à l’institut psychiatrique plutôt qu’aux travaux forcés.
« Quelle aubaine ! », pense-t-il. Mais il déchante lorsqu’il est confronté à la réalité de l’établissement, où la routine se répète inlassablement sous l’égide de l’intransigeante garde Bennett. Mais McMurphy ne s’en laisse pas imposer, et un duel acharné entre les deux fortes têtes éclate. Grâce à sa jovialité naturelle, il gagne l’amitié de quelques patients et les entraîne dans sa lutte contre la tyrannie, semant la zizanie au sein du service.
Michel Monty (Le misanthrope, 2014) revient avec cette pièce tirée du roman à succès de l’Américain Ken Kesey, et dont l’adaptation cinématographique avait été particulièrement marquante. Mathieu Quesnel (Au champ de Mars, 2011) se voit confier le rôle de Randle McMurphy et celui de la garde Bennett revient à Julie Le Breton que l’on a vue au théâtre dans Les liaisons dangereuses et Les trois mousquetaires, et dans les séries télévisuelles Les beaux malaises et Les pays d’en haut. De plus, Michel Monty témoigne d’une vision artistique audacieuse en incluant à cette distribution des acteurs chevronnés et des acteurs vivant une situation de handicap issus de Les Muses : Centre des arts de la scène.
Assistance à la mise en scène Élaine Normandeau
Accessoires Jeanne Ménard-Leblanc
Costumes Marc Sénécal
Décors Olivier Landreville
Éclairages Anne-Marie Rodrigue-Lecours
Musique Éric Forget
Photo de l’affiche : Jean-François Bérubé
SUPPLÉMENTAIRES
Mardi 11 avril 2017, 19h30
Mercredi 12 avril 2017, 19h30
Samedi 15 avril 2017, 20h30
Mardi 18 avril 2017, 19h30
Mercredi 19 avril 2017, 19h30
Samedi 22 avril 2017, 20h30
Dimanche 23 avril 2017, 15h
Une production Rideau Vert
En 1962, l’auteur américain Ken Kesey publie son roman One Flew Over The Cuckoo’s Nest. L’année suivante, Dale Wasserman adapte le roman au théâtre et la pièce est créée à Broadway. C’est toutefois grâce au film oscarisé de Milos Forman, en 1975, que le grand public découvre cette histoire. Jusqu’au 23 avril, au Théâtre du Rideau Vert, Michel Monty offre sa vision de Vol au-dessus d’un nid de coucou en assurant la traduction québécoise et la mise en scène de la pièce.
La pièce se déroule dans les années 1960, dans un hôpital psychiatrique. L’intrigue s’articule essentiellement autour de l’antagonisme entre la garde en chef Mildred Ratched, qui cherche à maintenir avec une poigne de fer l’ordre et la discipline au sein de l’hôpital, et Randel McMurphy, un patient revendicateur nouvellement arrivé dans l’établissement. Dans son mot du metteur en scène, Michel Monty compare d’ailleurs la relation qui oppose les deux personnages à celle d’Antigone qui tient tête à son oncle Créon dans la tragédie de Sophocle.
Les deux acteurs principaux, Julie Le Breton et Mathieu Quesnel, sont crédibles dans leur rôle respectif, mais la tension entre les deux personnages aurait pu être accrue pour que l’on sente davantage l’intelligence avec laquelle ils manipulent tous deux les patients de l’hôpital – Miss Ratched par la douceur et la fausse bienveillance, et McMurphy par la peur et l’humiliation. Le comédien atikamekw Jacques Newashish ressort de cette imposante distribution grâce à son interprétation du Chef Bromden, complice et ami de McMurphy qui feint d’être sourd et muet pour éviter les rencontres de groupe et les activités organisées par le personnel soignant. La profondeur de son jeu et la beauté de son chant ancestral ne laisseraient jamais penser qu’il s’agit de son premier rôle au théâtre. Mentionnons aussi l’interprétation touchante de Renaud Lacelle-Bourdon dans le rôle de Billy, l’attachant patient bègue très soucieux de ne pas décevoir sa mère par ses écarts de conduite. Finalement, le choix de Michel Monty de faire appel à Jean-François Hupé et Philippe David, deux acteurs issus des « Muses » – école offrant une formation professionnelle à des artistes vivant une situation de handicap – permet d’installer une dynamique intéressante au sein de la distribution.
Le décor réaliste, signé Olivier Landreville, reproduit l’idée que l’on se fait d’une salle commune d’asile, avec ses murs salis et ses chaises empilées dans un coin. Au fond de la scène, un espace vitré est réservé au personnel soignant, qui s’y rend pour faire des annonces à l’interphone ou encore pour aller chercher les médicaments à administrer aux patients. D’immenses fenêtres donnent accès à l’extérieur et laissent filtrer la lumière du jour. Les magnifiques éclairages conçus par Anne-Marie Rodrigue Lecours enveloppent l’espace et marquent le cycle des jours. On lui doit d’ailleurs l’une des scènes les plus fortes de la pièce, alors que McMurphy et le Chef Bromden sont amenés par Miss Ratched dans une salle pour recevoir des électrochocs. C’est par des jeux d’ombres derrière un rideau semi-transparent que sont évoquées ces séances difficiles que subissent les deux hommes.
En 1h45, Vol au-dessus d’un nid de coucou n’arrive pas à développer à son plein potentiel la complexité des relations entre les différents patients de l’hôpital, ni entre Miss Ratched et McMurphy. Le metteur en scène décide de monter avec une certaine froideur une histoire traversée par la tendresse et l’amitié, ce qui affaiblit un peu le spectacle. Toutefois, la pièce permet au public de renouer avec une histoire forte qui est trop peu souvent montée au théâtre.