Sauriez-vous reconnaître une belle peinture ? Et si vos meilleurs amis venaient critiquer celle que vous venez justement d’acquérir ?
Marc n’arrive pas à croire que Serge ait payé une fortune pour un tableau, même si celui-ci a été créé par un artiste en vogue ! D’après lui, il s’est carrément fait avoir ! Mais Serge se moque bien de son mépris démesuré et de son ton autoritaire. Les deux hommes finissent par entraîner leur ami Yvan dans leur féroce dispute, lui qui veut ménager les susceptibilités de tout le monde. Tous les arguments au sujet de l’art contemporain y passent. Mais la discussion dérape sournoisement des notions artistiques pour frapper au cœur de leur amitié. Égocentriques, séduisants et généreux, chacun souhaite rallier les autres à son point de vue.
Pour sa première mise en scène, Marie-France Lambert dirige cette œuvre de l’auteure française Yasmina Reza, qui a connu un énorme succès lors de sa création à Paris et; succès qui ne se dément pas depuis 25 ans. La pièce a été traduite et produite dans plus de 35 langues. C’est le trio d’interprètes chevronnés formé de Benoît Brière, Martin Drainville et Luc Guérin, qui incarneront les trois compères au cœur de cette comédie masculine déjantée.
Texte Yasmina Reza
Mise en scène Marie-France Lambert
Interprétation Benoit Brière, Martin Drainville et Luc Guérin
Crédits supplémentaires et autres informations
Assistance à la mise en scène Emmanuelle Kirouac-Sange
Décors David Gaucher
Costumes
François St-Aubin
Musique Paul Aubry
Photo de l'affiche Julien Faugère
Les mardis et mercredis 19h30, jeudis et vendredi 20h, samedis 16h - samedis 2 février et 16 février 16h et 20h, dimanche 17 février 15h
Pas de représentation le mardi 19 et mercredi 20 février, le mardi 26 et mercredi 27 février
Tarifs :
Régulier 51$
30 ans et moins 35,75$
65 ans et plus
46$
Une production Théâtre du Rideau vert
À l’affiche au Théâtre du Rideau Vert depuis peu, la pièce « Art », qui met en vedette les trois complices Benoît Brière, Martin Drainville et Luc Guérin, marque les débuts de la comédienne Marie-France Lambert à titre de metteure en scène. Cette comédie dramatique contemporaine de Yasmina Reza dépeint avec un peu d’humour et une grande humanité la détérioration d’une relation d’amitié entre trois amis de longue date à la suite de l’achat d’une peinture assez dispendieuse par l’un d’entre eux (Benoît Brière).
Déjà, lors du dévoilement de la scène, une image forte se révèle devant l’omniprésence du blanc dans l’espace scénique. Rappelant certainement le fameux tableau complètement peint en blanc au cœur de l’intrigue, le décor pensé par David Gaucher donne la magnifique impression que ce sont les trois personnages avec leur caractère fort qui peinturent leur histoire sur cette gigantesque toile qu’est la scène. Une belle façon d’honorer l’excellent travail des interprètes qui, amis dans la vie, jouent avec une sincérité à laquelle il est facile de croire malgré l’ironie cachée derrière l’absurdité du conflit. L’éclairage aux teintes diversifiées de Lucie Bazzo et la musique style classique de Paul Aubry viennent s’y greffer subtilement pour alimenter la tension.
Une belle façon d’honorer l’excellent travail des interprètes qui, amis dans la vie, jouent avec une sincérité à laquelle il est facile de croire malgré l’ironie cachée derrière l’absurdité du conflit.
Même si les comédiens n’ont visiblement pas perdu leur naturel comique, le rire n’est pas nécessairement toujours au rendez-vous. Si cela peut décevoir quelques habitués des comédies de théâtres d’été, genre dans lequel le trio excelle, plusieurs seront agréablement surpris de constater leur réelle maîtrise d’un jeu plus minimaliste. Dans la peau d’un intellectuel assez aisé financièrement, Brière surprend par sa touchante interprétation tout simplement juste, sans exagération, bien loin de la caricature qu’il donne souvent à voir. Incarnant l’ami rationnel, Drainville paraît tout à fait conscient que son personnage inspire autant la haine que l’empathie des spectateurs. Il s’en amuse sans retenue et prend un malin plaisir à développer une certaine complicité avec l’auditoire pour le plus grand bonheur de tous. Quant à Guérin, lui qui attire autant la pitié que le rire des spectateurs dans son rôle d’anxieux et de naïf malchanceux, se démarque particulièrement pour l’authenticité qu’il dégage, bien que son personnage soit le plus caricatural des trois. Les thèmes abordés, la complexité des rapports humains et les dessous de l’amitié, n’en sont que mieux représentés dans ce spectacle qui, grâce à sa théâtralité, dessine une réalité où l’art, objet subjectif, réunit comme il sépare.
Après un peu plus d’une heure à les faire se chamailler, l’auteure réserve une fin des plus clichées à ses personnages coupables d’êtres des humains pleins de défauts, mais facilement attachants. Si la nouvelle metteure en scène peut se féliciter d’avoir réuni des comédiens de grand talent pour faire de ce spectacle une réussite, il faut assurément la remercier pour cet « Art » qu’elle semble avoir dirigé avec une passion prouvant que, malgré son côté parfois controversé, l’art continue d’émouvoir et, ainsi, de rassembler.
01-02-2019