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Windigo
Du 5 au 7 février 2019, 19h

Associant des images brutes à un univers de désolation, Lara Kramer dépeint sans complaisance la tragique réalité trop souvent ignorée des peuples autochtones. Sur le plateau nu, deux hommes – Peter James et Jassem Hindi – font la guerre à l’ennui. Performance crue et viscérale, accompagnée par des enregistrements audio réalisés par Lara Kramer dans la réserve de sa grand-mère en Ontario, Windigo confronte solitude et détresse afin d’ouvrir une brèche dans le cycle infernal de l’acculturation.

D’origine oji-crie, Lara Kramer est chorégraphe, interprète et directrice artistique de la compagnie montréalaise Lara Kramer Danse. Elle crée des oeuvres fortes et engagées inspirées de son héritage culturel. Son travail est diffusé à travers le Canada et jusqu’en Australie, et salué par la critique, notamment Fragments (2009) et Native Girl Syndrome (2013).


Chorégraphie, scénographie, conception son et costume Lara Kramer
Créé avec et interprété par Jassem Hindi, Peter James


Crédits supplémentaires et autres informations

Édition sonore Lara Kramer, Marc Meriläinen
Œil extérieur Stefan Petersen, Andrew Tay, Jacob Wren
Conception lumière Paul Chambers
Photo Stefan Petersen

Discussion avec le public après la représentation du jeudi 7 février

Durée 1h15

Tarifs
régulier 30$ / aîné 28$ / réduit 26$
Frais :
En ligne 3,75$ par billet
Au téléphone 2,75$ par billet
Pas de frais directement à la billetterie

Production Lara Kramer Danse Coproduction Usine C (Montréal), Candance Creation Fund, National Arts Center (Ottawa), Centre de création O Vertigo (Montréal), Dancing on the Edge (Vancouver), Festival TransAmériques Résidences Usine C + Centre de Création O Vertigo + MAI + Espace Libre, grâce au soutien du Conseil des arts du Canada
Présentation Usine C


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Critique disponible
            
Critique

critique publiée en 2018 (FTA)

Dans le cadre du FTA 2018, la chorégraphe canadienne d’origine ojie-crie Lara Kramer présente sa plus récente création, Windigo, inspirée par la relation des peuples autochtones avec la société coloniale dans la réserve Lac Seul dans la région de Sioux Lookout (à mi-chemin entre Thunder Bay et Winnipeg, en Ontario). Si Native Girl Syndrome (2013) portait plutôt sur les traumatismes intériorisés des femmes autochtones, c’est plutôt ceux des hommes qui sont abordés dans ce nouveau spectacle.

Les danseurs Jasem Hindi et Peter James arrivent à susciter des images très fortes rappelant tour à tour des flâneurs, des mendiants, des enfants ou des hommes possédés par leurs démons. Ils arrivent à transmettre au public le poids des souvenirs que les autochtones reçoivent en héritage. Sur scène, le décor rappelle le dortoir d’un pensionnat amérindien. Deux hommes sont assis sur des matelas. Ils s’ennuient, passent le temps, s’assoupissent un moment ou jouent avec des objets qui sont à leur disposition. Puis, avec un couteau, ils percent les matelas, les éventrent, les déchiquètent. L’un des deux hommes ramasse des vêtements qui traînent sur le sol et s’en sert comme bourrure pour gonfler son matelas. L’autre chevauche le sien comme s’il faisait de la drave sur une rivière. Derrière le calme apparent des deux hommes se cachent une souffrance intime, intense et refoulée, une grande colère et une indignation insoutenable qu’il leur faut exorciser. Ils n’entrent presque jamais en relation, comme pour rappeler que malgré l’expérience commune qu’ils ont subie, les répercussions de leur traumatisme sont vécues dans une grande solitude. Ils errent, blessés, à la recherche d’un baume pour apaiser le mal qui les ronge.

Tout au long du spectacle, Lara Kramer met en relation des objets associés à l’insouciance de l’enfance et des références à la dureté du monde adulte. D’une manière bouleversante, elle détourne les connotations associées à des jouets comme une figurine de faon ou un immense lapin en peluche à ressort qui, enveloppés dans une pellicule de plastique et alignés au-devant de la scène, apparaissent comme des dépouilles d’enfants dans leur linceul.

La violence sourde du peuple autochtone transparait aussi dans la musique. Lara Kramer reste assise sur scène tout au long de la performance pour orchestrer l’ambiance sonore constituée de bruits ambiants (cliquetis, pleurs de bébé, sifflement d’une bouilloire, voix lointaines) et de fragments de témoignages. Cette narration donne d’ailleurs une épaisseur aux situations dénoncées en les rendant encore plus concrètes : une femme parle des suicides et des disparitions de femmes de la communauté, alors qu’à un autre moment, une enfant raconte la légende du windigo, créature destructrice et cannibale moitié humaine, moitié esprit.

Avec une grande pudeur, Windigo résonne comme un cri sourd pour dénoncer une réalité dont on commence tout juste à entendre parler. À cet effet, l’exposition de photos Phantom Stills & Vibrations, présentée au MAI jusqu’au 7 juin, rend hommage aux victimes de l’ancien pensionnat autochtone Pelican Falls, à Sioux Lookout.

01-06-2018
 

Usine C
1345, avenue Lalonde
Billetterie: 514-521-4493

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Dates antérieures (entre autres)

31 mai, 1er et 2 juin 2018, 19h - Espace Libre (FTA)