Bianco su Bianco est un spectacle théâtral et clownesque interprété par deux acteurs ayant un bagage circassien. L’histoire est racontée par une actrice et un technicien de scène qui, la supportant avec maladresse, l’aide à construire des images qui transportent le public dans un monde surréaliste.
On entre sur le terrain de la mémoire en nous laissant prendre par la main par ces deux clowns dotés d’une délicatesse et d’une précision impressionnantes. En dialogue avec eux, un monde où la lumière respirera, amplifiant les émotions, construisant des univers, des géométries et des passages simples mais surprenants.
Un spectacle où l’esthétique de la Compagnie se mesure au vertige de la simplicité, une simplicité qui dans ce cas sera pleine de petites surprises.
Section vidéo
Co-conception des éclairages, des chorégraphies et de la Firefly Forest Daniele Finzi Pasca
Directrice de création et productrice Julie Hamelin Finzi
Musique, conception sonore et co-conception des chorégraphies Maria Bonzanigo
Conception de la scénographie, des accessoires et co-conception de la Firefly Forest Hugo Gargiulo
Producteur délégué et membre de l’équipe créative Antonio Vergamini
Conception des costumes Giovanna Buzzi
Co-conception des éclairages et de la Firefly Forest Alexis Bowles
Co-conception de la Firefly Forest Roberto Vitalini - bashiba.com
Assistance à la mise en scène Geneviève Dupéré
Conception des maquillages et Chargée de projet Chiqui Barbé
Production de la Compagnia Finzi Pasca
par Sara Thibault
Conte d’un soir d’hiver
Le mois de novembre est particulièrement créatif à Montréal. En plus de la programmation théâtrale régulière, il y a les Fenêtres de la création, les Coups de théâtre (que notre collègue Daphné Bathalon couvre) et la Conférence internationale des arts de la scène qui programment des dizaines de spectacles issus de compagnies internationales. C’est dans ce contexte qu’est présenté Bianco su Bianco, à la Cinquième salle de la Place des Arts.
Après avoir participé à un bon nombre de productions à grand déploiement, comme la cérémonie de clôture des Jeux olympiques à Sotchi, ou La Verità sur le peintre Salvador Dali, la Compagnia Finzi Pasca présente un spectacle intimiste racontant l’histoire de Ruggero, un jeune garçon qui porte les traces de la violence de son père. Entre le théâtre, la danse et le cirque, Bianco su Bianco pourrait être qualifié de performance théâtrale, ponctuée de touches de jeu clownesque. Pour incarner les deux protagonistes du spectacle, Daniele Finzi Pasca a choisi la Brésilienne Helena Bittencourt et le Hollandais Goos Meeuwsen, tous deux acteurs et acrobates avec qui il travaille régulièrement.
Le décor de Bianco su Bianco consiste en « la version bricolage » de la forêt de lumière créée pour les Jeux de Sotchi, à laquelle les créateurs ont ajouté une magnifique robe blanche suspendue, digne des plus beaux contes de fées. Près de sept kilomètres de fils électriques relient plus d’une centaine d’ampoules dont l’éclairage peut être contrôlé au toucher. Les numéros tragicomiques se succèdent donc dans un lieu poétique et onirique. Les souvenirs inspirés de l’enfance de Finzi Pasca se transforment en une mosaïque d’images éphémères.
Malgré la qualité de son interprétation, l’accent portugais d’Helena Bittencourt était assez prononcé lorsqu’elle racontait ses histoires. Cela rendait l’intelligibilité du spectacle parfois difficile, surtout lorsque sa voix se mêlait à des chansons qu’elle avait elle-même préenregistrées et programmées sur scène quelques secondes auparavant. Les tours que lui jouait son acolyte étaient ingénieux et très drôles, mais se superposaient difficilement à la narration déjà assez dense. Dans la première scène de la pièce, par exemple, le duo d’acteurs se prêtait à un numéro de jonglerie et de passe-passe épatant à partir de chapeaux melon pendant que Bittencourt racontait la première histoire de la soirée. Malheureusement, vu la virtuosité des deux interprètes, l’attention du spectateur avait tendance à se diriger davantage vers les prouesses techniques que vers le récit de la jeune femme.
La conception technique relevait de la haute voltige, les ampoules devenant tour à tour micros, mouches à feu ou réelles sources d’éclairage. Quelques moments magiques donnaient à la représentation une dimension ludique : pendant une dizaine de minutes, les deux personnages cherchaient à trouver une manière d’atteindre une ampoule un peu trop haute pour s’en servir comme micro. Cette entreprise plutôt anecdotique servait de prétexte à une suite d’acrobaties impressionnantes, rappelant que les deux acteurs ont déjà collaboré avec le Cirque du Soleil, notamment pour Corteo et pour LOVE. Leur expérience clownesque se faisait également sentir à plusieurs moments du spectacle, entre autres lorsque les deux personnages partaient à la chasse aux lucioles, feignant de capturer la lumière de certaines ampoules dans des sacs de plastique.
Vingt ans après avoir créé Icaro, une pièce intime écrite pour un seul spectateur, Daniele Finzi Pasca montre qu’il excelle encore dans ce qu’il qualifie de « théâtre de la caresse ». Il a d’ailleurs reçu l’Anneau Hans Rheinart en 2012 pour souligner l’importance de son œuvre.