Un fils reconstitue l’existence de son père au gré des confidences qu’il en tire et malgré leur relation complexe. Porté par l’espoir d’un monde meilleur, ce père a quitté sa Chine natale qui basculait dans l’aventure communiste pour aller vivre en Angleterre, où il comptait faire fortune. Il y fondera une famille, gagnera peu et perdra beaucoup, dont l’estime des siens, dans une société qui lui restera à jamais étrangère. Les Deux Mondes livrent cette histoire d’exil en faisant appel au multimédia et à une étonnante poésie visuelle et musicale.
David Yee is trying to piece together the broken jigsaw of his father’s life - exploring his rambling stories in a search for family truths. But when every answer poses more questions, will David find the man he barely knew? In an epic journey from a small village in China to war-torn Liverpool, through the horrors of sailing the Atlantic convoys, follow Yee Lui’s story of friendship, addiction and adversity against the backdrop of Communist China. ‘You must leave, go and bring honour to your family. Find your gold mountain, make your fortune. Then and only then can you return.’
Bien que l’action soit campée dans un contexte précis, sa portée est universelle. Gold Moutain aborde une réalité – celle des immigrants – qui existe dans toutes les sociétés occidentales d’aujourd’hui. La pièce adopte le point de vue de celui qui a émigré (pour fuir un pays oppressant, la Chine au moment de la montée du communisme) dans l’espoir de faire fortune dans un pays riche. L’histoire est racontée par un fils, devenu adulte, qui porte un regard critique mais compatissant sur l’existence de son père, brisée par le jeu et la drogue. La pièce met en scène une réalité peu souvent représentée : celle de l’immigration chinoise.
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Conseil à la dramaturgie Linda Gaboriau
Idéation, conception visuelle, lumières, costumes et mise en scène Daniel Meilleur
Idéation, musique et environnement sonore Michel Robidoux
Idéation, conception visuelle, lumières et vidéo Yves Dubé
Gold Mountain a été créé à l’automne 2011 au Unity Theatre de Liverpool.
Cartes Prem1ères
Date Premières : du 16 au 20 avril
Régulier : 25$
Carte premières : 12,50$
30 ans et moins 22$ - travailleurs culturels, membres de la Fédération des aînés du Québec (FADOQ), Détenteurs de la carte Accès Montréal 20$
Production Les Deux Mondes
Dates antérieures (entre autres)
Entre 2010 et 2012, Royaume-Uni, Suède
Octobre-novembre 2012, Vancouver
14-15 novembre 2012, Montréal, Aux Écuries, Showcase CINARS
par Pascale St-Onge
Les Écuries accueillent le retour de la pièce Gold Mountain à Montréal, spectacle ayant déjà été présenté à ce jour un peu partout dans le monde. En l'espace d'une pièce de théâtre, à travers l'histoire d'un homme ayant quitté son village natal en Chine pour rejoindre la ville ouvrière de Liverpool et espérant y faire fortune, c'est tout le 20e siècle de la Chine qui nous est raconté.
Dans une multitude de tableaux, le fils nous raconte cette histoire touchante, mais la raconte surtout au père, à celui qui a vécu cette vie, mais qui l'oublie de plus en plus. Ce père, qui a vu sa réussite plus grande qu'elle ne le serait jamais, a finalement coulé sous les dettes de jeu, la solitude, l'opium et autres. Le fils fait renaître sous nos yeux les beaux moments, les rêves, sa mère, la révolution; la montagne dorée, cette prospérité qu'était venu chercher son père, se matérialise poétiquement sur scène.
C'est une mise en scène visuellement gagnante que nous offre Daniel Meilleur, telle une boîte à surprises. Un nouvel élément scénographique nous est présenté pratiquement à chaque nouveau tableau. Ce souci de la couleur, de l'image-mouvement, de la lumière et des objets apporte poésie et subtilité à ce récit qui peut occasionnellement nous sembler un peu simple. Les comédiens deviennent plastiques, partie intégrante de l'oeuvre visuelle qui se crée morceau par morceau également grâce à l'apport d'un technicien de plateau. Le résultat est scéniquement saisissant.
Si les échecs amoureux, politiques et professionnels du père sont plus qu'évidents et qu'ils ont détruit la raison d'être de celui-ci, son fils souligne plutôt une grande victoire : celle de la poursuite de la lignée, valeur fondamentale de la culture chinoise. Une lignée qui continuera à écrire l'Histoire, celle de la Chine et de la rencontre des cultures qu'a engendrée la poursuite de la montagne dorée en Occident de bien d'autres Chinois. Un spectacle touchant, visuellement magnifique et surtout, un partage de culture enrichissant.
par David Lefebvre (showcase CINARS 2012, texte publié à l'origine dans l'Espace MonTheatre)
Alors que novembre fait coucher le soleil de plus en plus tôt, la Biennale CINARS (Conférence internationale des arts de la scène) s’installe à Montréal pour éclairer le paysage culturel de la métropole et proposer 23 spectacles en danse, théâtre, musique, cirque et arts multidisciplinaires. Et on ne parle que de sa programmation régulière, car il y a aussi l’Off CINARS (à découvrir ici). Le public montréalais et les professionnels de partout à travers le monde ont ainsi la chance de voir des spectacles dans leur intégralité, ainsi que des extraits de certaines créations québécoises.
Les Deux Mondes profitent de l’occasion pour présenter l’un de leurs plus récents spectacles, Gold Mountain, coproduit par le Unity Theatre de Liverpool. Créé en octobre 2010, imaginé et écrit par David Yip et Kevin Wong, Gold Mountain est l’histoire d’un Chinois d’à peine 14 ans qui s’embarque sur un bateau, à la recherche de sa « montagne d’or », d’une richesse qui ferait honneur à sa famille. Il débarque à Liverpool, dans les quartiers ouvriers, où il travaille pour des blanchisseries et des fumeries d’opium. C’est l’histoire d’un garçon devenu homme puis père, marié à une jeune Anglaise qui sacrifie beaucoup pour lui, incluant sa propre famille. C’est le récit d’un homme qui souffre de ses problèmes de jeux et qui perd tout, jusqu’à une partie de sa raison. Mais c’est surtout l’histoire de la grande Histoire, celle d’une révolution communiste en branle, et celle d’une petite sans l’être, d’un exil difficile loin de la famille, de la terre natale et des premières amours.
La mise en scène de Daniel Meilleur est d’une superbe esthétique, poétique, simple et complexe à la fois, alliant la magie de la parole et l’efficacité du multimédia. La combinaison est pensée et brillante ; les projections (sur deux écrans amovibles ainsi que sur les corps et des draps) et la musique sont magnifiques et de grande qualité, créant des ambiances parfaites pour ce récit historico-politico-personnel. C’est un discours de sourd entre le père Yee Lui (David Yip) et le fils (juste et sobre Eugene Salleh, qui interprète en fait David Yip) ; une rencontre mi-narrée mi-jouée entre deux hommes dont l’un, blessé, tentera malgré tout de comprendre l’autre, perdu dans une société qu’il n’aura jamais apprivoisée.
Même si quelques transitions sonores étaient encore très dures et peu subtiles, brisant la beauté des scènes, Gold Mountain s’avère une aventure tout aussi touchante que passionnante. Une histoire intime dans un monde en mouvement, des années 20 à aujourd’hui.