Persuadés que les mains de musiciens sont en fait des danseuses de haut calibre, Félix Boisvert et son équipe se sont mis à la tâche d’inventer une histoire qui les mettrait en scène sous une forme marionnetique.
Grâce à diverses techniques, ces mains actrices (celle du marionnettiste et celles de musiciens filmées et projetées sur la scène) en viennent à se rencontrer et à raconter la musique, de l’intérieur.
En résulte une expérience à la frontière des pratiques artistiques, qui donne accès à la musique d’une manière tout à fait originale. Concerto au sol, est un spectacle qui doit être vu pour être entendu et qui doit être entendu pour être vu !
Un hommage vibrant à la beauté de la musique à travers un regard inusité sur le corps musicien.
D’abord formé à la composition au Conservatoire de musique de Montréal, Félix Boisvert travaille comme artiste multidisciplinaire (théâtre de marionnettes, musique, arts technologiques et danse). Sa démarche repose sur un désir d’exprimer la musique sous une forme artistique qui ne se limite pas au domaine des sons. C’est dans le théâtre de marionnettes qu’il trouve depuis quelques années un cadre d’expression fertile à cette exploration.
Section vidéo
Animations vidéo Félix Boisvert et Antonin Monmart
Collaboration vidéo Félix Pharand-Deschênes
Programmation informatique Pierre-Marc Beaudoin
Chimie des maquillages Ranjan Roy
Conseillère à la marionnette Karina Bleau
Lutherie électronique Jean Landry
Musiciens Luzio Altobelli, Alexis Dumais, Émilie Girard-Charest, Élizabeth Giroux, Sheila Hannigan, Cedric Dind-Lavoie, Fraser Hollins, Josiane Hébert, Rick Haworth, Tobie Cinq-Mars, Lucie Monsarrat-Chanon, Jean-François Blouin et Shawn Mativetsky
Photo : Félix Pharand-Deschênes
Spectacle sans parole
Cartes Prem1ères
Date Premières : du 15 au 19 octobre
Régulier : 25$
Carte premières : 12,50$
30 ans et moins 22 $
Enfants 12 ans et moins 16 $
Une production de Félix Boisvert et de la Société de musique contemporaine du Québec (SMCQ)
Dates antérieures
Laboratoire lors des Trois jours de Casteliers 2013
par Pascale St-Onge
Après la présentation d'un extrait de cette production, à l'époque encore incomplète, lors de la dernière édition du Festival Casteliers, Félix Boisvert, un compositeur de profession, nous offre aux Écuries l'ensemble de cette oeuvre charmante pour une main-marionnette : Concerto au sol.
Un pianiste, dont l'instrument disparaît au moment de commencer sa partie lors d’un concert, devient, sous nos yeux, une occasion unique de partir à la recherche de la musique dans l'univers de cette main-marionnette. La musique devient ainsi à la fois la quête de ce récit et ce qui le construit.
Ce spectacle ludique, mêlant les mains de Félix Boisvert, agissant en direct, et celles, plus fantomatiques, de différents créateurs-musiciens jouant de divers instruments cachés, projetées sur un écran devant l’interprète seul en scène, mettent en image et en geste la musique et la trame sonore concoctées par Boisvert. Rarement aura-t-on vu des disciplines liées de cette manière lors d'une création, chose maintenant possible grâce aux nouvelles technologies. Réel éveil musical, le récit sans paroles nous transporte afin de mieux saisir les origines de la musique, comment celle-ci peut être générée par la nature et comment la nature nous a inspiré les instruments et sonorités que nous connaissons aujourd'hui. Généralement, le concerto est une oeuvre musicale pour orchestre dans laquelle évolue un soliste, en relation directe avec le reste de l'ensemble. Ici, cette main-marionnette agit comme le soliste au sein de son environnement et des rencontres qu'elle fait.
Pour l'interprète, la trame musicale préenregistrée nécessite la maîtrise parfaite d'une partition du geste, complexe et précise ; le tout nous rappelant bien entendu la chorégraphie, mais aussi certains aspects au centre du spectacle Kiss & Cry, des Belges Michèle Anne De Mey et Jaco Van Dormael, présenté l'an dernier à l'Usine C, sans l'envergure, mais plutôt avec une limitation de moyens et une certaine simplicité qui ne manque pas de nous charmer.
Visuellement, le dispositif scénique a cette qualité de nous transporter complètement. Ce petit cadre dans lequel évolue la main-marionnette, un peu comme un castelet multimédia, s'additionne d'éclairages et de projections judicieux, tandis que le bruitage, tout en nuance, et la spatialisation étonnante du son servent promptement ce récit musical.
Présenté simplement et pour fort peu de temps aux Écuries, Concerto au sol ébloui et nous rappelle les origines, les possibilités et la magie qui se déploie par la musique. Un public de tout âge en sera fort charmé et il plaît toujours de voir tomber les barrières qui existent parfois entres les diverses formes d'art. De ce fait, n'hésitez pas à inviter vos amis musiciens, qui sauront apprécier bien d'autres aspects du spectacle.
par David Lefebvre (Casteliers 2013)
Félix Boisvert, formé en musique au Conservatoire de musique de Montréal, travaille sur Concerto au sol depuis près de 10 ans. Récemment, soit l'automne dernier, Boisvert avait pu accéder aux installations d'Oboro pour pousser son expérimentation scénique. Le festival Casteliers et Oboro, qui en sont à leur troisième année de collaboration, permettent ainsi à Boisvert de proposer, enfin, un extrait d'une trentaine de minutes de ce projet fort intéressant, qui sera présenté dans son intégralité en octobre 2013.
En entrant dans la salle, c'est l'obscurité presque absolue qui nous accueille. Puis, à l'intérieur d'un espace grand comme un écran de télé, un homme prend place, devant son piano. L'orchestre s'accorde et commence un concerto ; mais au moment où les mains veulent toucher les notes, celles-ci s'enfuient, laissant les doigts de l'homme en plan. C'est alors qu'un autre homme apparaît, tout petit, sur la main du musicien (grâce à de la peinture phosphorescente et des lampes à rayons ultraviolets, ou blacklight). Ce petit être, perdu, découvrira que la musique n'est pas un art abstrait, mais provient de son environnement.
Ce Concerto fascine le spectateur par sa forme multimédia, le confondant grâce à des techniques maniées avec une grande précision. Les projections animées qui créent l'environnement et qui se superposent aux mouvements de mains du comédien-musicien créent un monde fantomatique, onirique, entremêlant les dimensions. La musique très orchestrale, ainsi que la trame sonore - train, flaque d'eau, feuilles mortes, instruments -, vient modeler une scénographie perceptible que par l'oreille.
Le défi pour cette création se situera dans la trame narrative : créer différentes péripéties concrètes qui sauront capter, captiver et garder l'intérêt des spectateurs, et ce, plus qu'une vingtaine de minutes. Mais pour le moment, l'extrait de Concerto au sol a su ébahir le public présent lors de la représentation de vendredi dernier, un bon départ.