Dans le noir de son appartement, une vieille femme erre entre des îlots de lumière. Elle retrouve des bouts d'objets, de souvenirs et de vies, qu'elle rassemble avec du ruban adhésif. Sur un fond noir elle trace des images fragiles et éphémères de sa vie, en partie vécue, en partie imaginée, une vie passée, mélangée aux autres vies, celles de sa famille, des gens qu'elle aimait et qui sont partis avant elle. Basé sur de nombreuses notes de voyages, griffonnées au cours des années, ce spectacle raconte la solitude de celui qui voyage dans les souvenirs.
Régie et direction David Claveau
Tarif
Régulier 25 $ (en ligne 28 $)
30 ans et moins 22 $ (en ligne 25 $)
Cette production ne participe pas au principe du «Vendredi dis-ton-prix». Le tarif régulier s'applique donc le vendredi 17 octobre 2014.
Coproduction Odradek/Cie Pupella Noguès et le Centre de Création et de Développement pour les Arts de la Marionnette.
Une présentation de CASTELIERS en collaboration avec le Théâtre Aux Écuries.
par Daphné Bathalon
Créé en 2011 à Toulouse par l'artiste russe Polina Borisova, le spectacle GO! se révèle un délicieux mélange d'humour et de tendresse qui transcende la solitude de son unique personnage.
Une vieille dame au dos courbé par les années et aux yeux faibles traverse son salon au rythme de son ennui et des souvenirs qui ressurgissent sous la lumière. Tantôt fascinée par une lampe tactile, tantôt préoccupée par son chat qui ne répond plus à l'appel de la gamelle, la vieille dame nous entortille rapidement le cœur autour de son petit doigt.
Tout l'univers de GO! tient dans ce qu'on imagine un logement de poche, un lieu de passage où on ne fait que poser ses valises avant de s'envoler vers ailleurs, un dernier lieu de vie avant le grand départ. Dans ce lieu qui lui semble étranger, la vieille femme tente de se raccrocher à ses souvenirs, ou ce qu'il en reste. Tout semble en effet usé : des lunettes cassées, un disque vinyle brisé en deux, une ampoule brûlée, une porte qui refuse obstinément de s'ouvrir, un lambeau de tapisserie par lequel la dame essaie vainement de ranimer une ancienne demeure.
Avec un doigté surprenant, Polina Borisova détourne en un instant l'usage premier d'un rouleau de gros ruban adhésif pour en faire son pinceau. Les mains toujours en action et le corps tout entier habité par son attachant personnage, la comédienne, scénographe et metteuse en scène sait captiver l'attention du public, même quand celui-ci se compose d'une majorité d'adolescents, comme au soir de la première. Des adolescents très vite charmés par la mamie. Quelques lignes de ruban suffisent pour faire apparaître tour à tour un fourneau, où la vieille dame brûle des lettres et photos, un mari disparu, une fenêtre, une porte, un chat... et même une foule. Mais, à l'instar des souvenirs de la femme, ces silhouettes et objets esquissés sont fragiles, prompts à disparaître dès qu'elle s'en éloigne.
La scénographie évoque en quelques objets et lignes un passé envolé et la solitude de la vieillesse. Malgré sa simplicité, elle cache certaines surprises, comme cette valise qu'on croit d'abord lourde de souvenirs, mais qui se transforme en un instant en fenêtre ouverte sur l'enfance, de l'autre côté de la vie.
Bel exemple de ce que le théâtre d'objets a de touchant à offrir à un public adulte, GO! réussit en une courte demi-heure à faire naître une grande affection pour cette femme, qui nous en dit tant sur elle-même en ne prononçant pourtant aucun mot.