À une époque où la cybersurveillance et la collecte massive de données personnelles sur le web créent la polémique, Rien à cacher propose une réflexion documentaire sur la notion de privé tout en questionnant notre rapport quotidien à la technologie et à l’archivage. Lors de cet événement, quatre performeurs aborderont différents aspects de notre relation de plus en plus étroite avec la technologie domestique. Un cocktail réunissant des spécialistes en matière de sécurité de l’information permettra par ailleurs au public de se doter d’outils concrets pour mieux protéger sa vie privée.
Le collectif Rien à cacher est né en 2015 de la rencontre de quatre artistes intéressés par les mutations sociales apparues au cours des dernières décennies. Cet élan créatif a donné le jour au projet Rien à cacher, dont une première version a été présentée au Festival du Jamais Lu en 2016.
Crédits supplémentaires et autres informations
Photo David Ospina
Rien à cacher est présenté dans le cadre de POSSIBLES 10, un projet de LA SERRE – arts vivants qui s’inscrit dans la programmation officielle des célébrations du 375e anniversaire de Montréal.
Une coproduction Jamais Lu, Théâtre Aux Écuries et Festival TransAmériques
Douze artistes, douze lieux, douze thèmes en douze mois, c’est le concept de base de POSSIBLES, par LA SERRE – arts vivants. Tout au long de 2017, en douze performances, il aura été question d’inégalités sociales, d’urbanisme, de diversité, d’énergie, de démocratie, entre autres… Pour ce 10e POSSIBLES, le collectif Rien à cacher ((Dominique Leclerc, Patrice Charbonneau-Brunelle, François Édouard Bernier et Marilou Craft) s’est penché sur la cybersurveillance et la collecte massive de données, parfois faite à notre insu, mais souvent en pleine connaissance de cause.
On le sait, nos téléphones intelligents, nos navigateurs Internet, nos réseaux sociaux, nos courriels et même nos textos et conversations téléphoniques livrent une quantité impressionnante de renseignements parfois très personnels sur nous, mais quelle est exactement l’étendue de cette collecte, quelle en est la portée?
Le projet Rien à cacher, dont une première version était présentée au Jamais lu en 2016, déballe lui aussi une foule d’informations sur notre empreinte numérique en 2017, abordant autant les déplacements au quotidien d’un des membres du collectif que les implications des révélations d’Edward Snowdon en passant par les algorithmes de Facebook, la paranoïa et les possibles dérives politiques.
Comment sont collectées ces données? Que disent-elles sur nous? Dans quelle mesure pouvons-nous contrôler ce que nous dévoilons sur notre vie, nos goûts et même nos pensées? Et surtout, à qui profitent vraiment ces amas de renseignements et à quoi pourraient-ils servir? Dans un enchaînement d’idées et de réflexions logiques et pertinentes, le collectif explore les implications de ces collectes et notre perte de contrôle individuelle et en tant que société.
Pour sa production, le collectif a opté pour un lieu chargé de mémoires et de renseignements personnels : la BAnQ Vieux-Montréal, où sont consultables des milliers d’archives. Le choix du lieu n’est donc pas anodin et se glisse en filigrane des réflexions des quatre artistes. Ces centaines de milliers de données contenues dans des mètres cubes d’espace physique peuvent maintenant se trouver tout entières dans la mémoire d’un ordinateur ou dans des centres de données immatériels, voyageant et se multipliant à une vitesse folle.
Le travail de recherche du collectif est pertinent, même si pour quiconque s’informe un peu sur le sujet, la performance ne contient aucune véritable révélation, mais, tout comme les performeurs l’expriment eux-mêmes, face à cette empreinte numérique grandissante que nous laissons, on est tous également dépourvus. C’est le constat qui frappe le plus dans le spectacle et qui reste en lisière de nos pensées dès qu’on rallume notre téléphone en sortant de la salle.
Toutefois, le projet Rien à cacher se concentre essentiellement sur la conscientisation (ayant même invité quelques experts à discuter avec le public à la fin de la représentation). On regrette un peu qu’il ne pousse pas la réflexion plus loin et qu’il nous laisse avec une soif de débats. Heureusement, il lance aussi des pistes de réflexion intéressantes, surtout lorsqu’il se penche sur les dimensions politique et sociale de ces collectes massives de données ultra-personnelles. Un tour d’horizon allumé et bien mené!