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Jusqu'où te mènera Montréal?
Du 12 au 14 octobre 2017, 20h, samedi 16h

Jusqu’où te mènera Montréal? rassemble la parole de sept auteurs aux identités multiples qui ont eu pour mission de partir en voyage dans sept quartiers de la métropole. Accompagnés de trois photographes, ces touristes-artistes ont posé leur regard sur les angles morts des festivités liées au 375e anniversaire de Montréal, nous rapportant des histoires de ruelles, une poésie citoyenne, une critique nécessaire. Véritable espace de liberté, ce cabaret théâtro-littéraire mettra en scène des paroles marginales, surprenantes, caustiques, politiques et poétiques.

Dans le tourbillon des festivités entourant le 375e anniversaire de Montréal, s’est-on demandé à quoi nous souhaitions bonne fête? Et à qui? Désireux de trouver une réponse à ces questions, le Jamais Lu et le metteur en scène Martin Faucher ont demandé à dix artistes de se lancer avec eux dans une aventure citoyenne. Jumelés en duo auteur-photographe, ils ont arpenté les rues du Vieux-Montréal, Westmount, Hochelaga-Maisonneuve, Saint-Michel, Villeray, Parc-Extension et Beaconsfield, portant leur regard acéré sur des quartiers aux histoires multiples et aux populations diversifiées.

Derrière le pastiche de guide touristique où étaient regroupées les consignes d’écriture, Martin Faucher s’intéresse avant tout à la vie de quartier, et plus précisément à la vie des gens. Quels commerces remarque-t-on? Quelle place occupe la religion? Quels gens nous touchent? Quelles phrases nous restent en mémoire? Les auteurs — Sébastien David, Alexis Diamond, Anne-Marie Guilmaine, Thomas Hellman, Pierre Lefebvre, Melissa Mollen Dupuis et Marie Louise Bibish Mumbu — se sont vu confier la tâche délicate de nommer Montréal telle qu’elle est aujourd’hui et d’en traduire toute la diversité au moyen des mots.

À la parole sensible des écrivains, portée à la scène par cinq comédiens et trois musiciens, s’ajoutera l’exposition des photos prises par Jérémie Battaglia, Kevin Calixte et Léa Castonguay durant leurs vagabondages. Leurs angles de vue habilleront les murs du Théâtre Aux Écuries et conféreront un peu d’humanité à ces célébrations clinquantes, nous rappelant la complexité, les contradictions, le tout-croche et le beau du Montréal de 2017.


Idéation et mise en scène Martin Faucher
Textes Sébastien David, Alexis Diamond, Anne-Marie Guilmaine, Thomas Hellman, Pierre Lefebvre, Melissa Mollen Dupuis et Marie Louise Bibish Mumbu
Interprétation Alex Bergeron, Karine Gonthier-Hyndman, Sharon Ibgui, Papy Maurice Mbwiti et un comédien à confirmer


Crédits supplémentaires et autres informations

Photographies Jérémie Battaglia, Kevin Calixte et Léa Castonguay
Musique live Navet Confit, Guido Del Fabbro et Benoit Landry
Lumière, assistance à la mise en scène et régie Marie-Aube St-Amand Duplessis
Photo David Ospina

Jusqu’où te mènera Montréal? est un événement de la programmation officielle du 375e anniversaire de Montréal, soutenu par la Ville de Montréal et le gouvernement du Québec.

13 OCTOBRE À 18 H 30 : Vélo Paradiso, présenté par le Wapikoni Mobile et Musique nomade. Événement gratuit, ouvert à tous.

14 OCTOBRE À 14 H : visite du quartier de Villeray. Activité gratuite pour tous les détenteurs d’un billet pour Jusqu’où te mènera Montréal?, dans la limite des places disponibles. Départ en autobus du Théâtre Aux Écuries.

Réservation requise à reservation@auxecuries.com

Une coproduction Jamais Lu, Théâtre Aux Écuries et Festival TransAmériques


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Critique disponible
            
Critique

critique publiée en juin 2017

Pour célébrer son 10e anniversaire en 2011, le Jamais Lu créait le spectacle cabaret Jusqu’où te mènera ta langue?, conçu et mis en scène par Martin Faucher, qui conviait une dizaine d’auteurs à un exercice d’écriture inspiré du célèbre questionnaire de Proust. Suivant le même principe, le Jamais Lu profite du 375e de Montréal pour célébrer la métropole en présentant Jusqu’où te mènera Montréal? Cette fois, c’est la forme racoleuse du guide touristique qui est à la base des contraintes d’écriture des auteurs montréalais Marie Louise Bibish Mumbu, Sébastien David, Alexis Diamond, Anne-Marie-Guilmaine, Thomas Hellman, Mélissa Mollen Dupuis et Pierre Lefebvre.








Crédit photos : David Ospina

S’étant fait attribuer chacun un quartier, les sept auteurs rendent compte avec une subjectivité savoureuse des multiples visages de Montréal. Si les auteurs livrent leur propre texte la majorité du temps, cinq comédiens prennent parfois le relai pour raconter certaines anecdotes ou pour faire des effets sonores en échos aux propos rapportés. Certaines des réponses des auteurs aux questions courtes que leur avait posées Martin Faucher sont d’ailleurs mentionnées pêle-mêle par les comédiens en guise de transition entre les longs témoignages des auteurs. C’est toutefois la musique de Navet Confit et Benoît Landry qui est principalement responsable de l’ambiance à la fois intime et festive du spectacle. Déjà au moment de l’entrée en salle, les musiciens répondent aux demandes spéciales des comédiens de faire une chanson sur les Bixis, ou encore sur la possibilité d’une « extension à Parc-Extension ». Puis, la musique s’efface pour se mettre au service des mots et des histoires écrits par les auteurs au courant de l’hiver et du printemps 2017.

En arpentant la mini-enclave qu’est Parc-Extension, Pierre Lefebvre découvre une multitude d’épiceries exotiques où trainent des clients habitués. Il déplore que la beauté de l’ancienne gare Jean-Talon soit altérée par les bannières des grands magasins que sont Provigo et Joe Fresh. Il critique aussi la piètre qualité des enseignes de boutiques, écrites dans un franglais incompréhensible, symptôme pour lui du rapport pathologique des Québécois avec la langue française.

Sébastien David, lui, remarque que la vie communautaire est la religion des habitants du quartier Saint-Michel. Même s’il s’inspire de ce qu’il a vu et des rencontres qu’il a faites, son récit est celui qui est raconté de la manière la plus personnelle. La description chorale que font les comédiens de l’odeur du centre de tri de la carrière Miron est franchement écoeurante. Peu après, Alex Bergeron se glisse dans la peau d’un commerçant du marché aux puces d’expérience, qui livre sa théorie sur l’achalandage des kiosques à l’échelle nationale (« parce que la tendance implicite veut que s’il n’y a personne à Saint-Michel, il n’y a personne à Toronto pis à Edmonton non plus. »), ou encore son analyse du comportement des autres marchands des stands avoisinants le sien.

De son côté, Marie Louise Bibish Mumbu décrit Westmount comme « un miroir dans lequel elle ne se voit pas » et constate avec consternation qu’elle n’y est pas la bienvenue. Heureusement qu’elle a pu faire la rencontre d’Elizabeth, une amie de la famille de Thomas Hellman, qui lui montre qu’un peu d’humanité se trouve aussi au sein de ce quartier où le revenu moyen des ménages est de près de deux millions de dollars par année.

Si Thomas Hellman décrit Villeray comme la promesse du meilleur de la vie montréalaise et comme la possibilité d’expérimenter la vie de village en ville, c’est plutôt le coin des rues Jarry et Christophe-Colomb qui fait remonter pour lui le plus d’émotions et de souvenirs. Ses rencontres avec le cordonnier, les propriétaires de l’épicerie zéro déchet et le barman de la Taverne Jarry donnent un bon aperçu de l’embourgeoisement actuel du quartier.

C’est pour comprendre qu’est-ce qu’être jeune dans une municipalité qui est « amie des aînés » qu’Anne-Marie Guilmaine s’est rendue à Beaconsfield, dans l’ouest de l’île de Montréal. Une certaine étrangeté se dégage de ce quartier exempt de déchets où tous les jeunes vont au gym et où les bacs de recyclage sont cordés au millimètre près. Au fil de ses rencontres, elle se rend compte que les adolescents du quartier acceptent avec fatalité cette vie réglée au quart de tour.

Alexis Diamond, quant à elle, a pris l’autobus 125 sur Ontario jusqu’à Hochelaga-Maisonneuve. Ses a priori ont rapidement été déjoués par l’accueil des gens du quartier et l’ambiance qui la faisait se sentir chez elle. Elle conserve un souvenir amusé de la soirée de lutte amateur ICW, à laquelle assistait des familles, des couples, des « chums de gars » et Evelyne de la Chenelière.

Puis, c’est Mélissa Mollen Dupuis qui termine ce « cabaret théâtro-littéraire-touristiquement-incorrect » en visitant le Vieux-Montréal, le quartier le plus touristique et le moins habité de la ville. Elle rappelle l’importance des Autochtones dans l’histoire du développement de Montréal, alors que les traces de leur présence ont été effacées par l’urbanisation du quartier.

Alors que les auteurs des dernières éditions de Jusqu’où te mènera ta langue? abordaient l’actualité sur un ton plus revendicateur, chaque texte agissant comme un mini éditorial, c’est plutôt la fragilité et l’émerveillement qui ressortent de cette édition spéciale de Jusqu’où te mènera Montréal? Les sept auteurs ont tous pris le temps de déambuler dans le lieu qui leur était assigné afin d’éprouver le pouls de chaque quartier, de prendre conscience des traits caractéristiques du coin et de se placer dans un état de réceptivité sensorielle aiguë. Le portrait riche et diversifié de Montréal qui en ressort est émouvant.

08-06-2017
 
Aux Écuries
7285, rue Chabot
Billetterie : 514 328-7437

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Dates antérieures (entre autres)

7 et 8 juin 2017 - FTA