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Plastic Heroes
Du 2 au 4 novembre 2017, 20 h, samedi à 16 h - sans parole (ou presque!)

À travers un collage surprenant de petits soldats, de jouets guerriers et de mitraillettes en plastique, Plastic Heroes relate une guerre ridicule et absurde dont on ne connaît ni l’ennemi ni les motifs. L’innocence des jeux d’enfant y rencontre la réalité sanglante de la guerre alors que le désir, la violence, le sexe, la haine et la peur sont intelligemment mis sur table par l’artiste israélien Ariel Doron. Du théâtre d’objets à la fois léger, profond, drôle et cruel.

Chaque automne, nous nous associons à Casteliers pour faire découvrir au public montréalais le travail d’un marionnettiste de renommée internationale. Cette année, notre choix s’est porté sur Ariel Doron, qui interprète une grande variété de formes marionnettiques en plus de manipuler et mettre en scène de nombreux projets. Ces dernières années, il a présenté son théâtre de gaine Pinhas! Punch in The Holy Land — une interprétation personnelle de la marionnette traditionnelle anglaise, adaptée au contexte politique israélien d’une manière satirique et sauvage — et son spectacle de théâtre d’objets pour adultes Plastic Heroes dans des festivals et des théâtres du monde entier.

Fondé en 2005, Casteliers consacre ses efforts à faire reconnaître la marionnette comme une forme d’art à part entière. Un théâtre où la matière converse avec le geste, le silence avec l’image, l’acteur avec l’objet. Ce diffuseur spécialisé en théâtre s’adresse autant aux enfants qu’aux adultes et propose des spectacles de forme traditionnelle ou contemporaine, témoignant ainsi de la richesse du passé et de la pluralité des créations nouvelles qui s’en inspirent.


Création et interprétation Ariel Doron
Mise en scène Rotem Elroy et David Lockard


Crédits supplémentaires et autres informations

Conseil artistique Shahar Marom
Vidéo Ariel Doron et Anael Resnick
Conception et fabrication des objets Peuple de Chine
Photo Anael Resnick

Régulier : 25 $
Réduit : 21 $*

* Travailleur culturel | 30 ans et moins | 60 ans et plus | Membre du Réseau FADOQ, du RAIQ ou de l’AQM | Étudiant | Détenteur de la carte Accès Montréal (preuve justificative demandée).

Rencontre-débat après la représentation du 2 nov. :
QUELS MOYENS DE CONTESTATION FACE À L’OPPRESSION?

Une production Ariel Doron
En codiffusion avec Casteliers


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Critique disponible
            
Critique

Une table comme plateau de jeu et des jouets de plastique, il n’en faut pas plus à un marionnettiste pour faire comprendre qu’une guerre se prépare et qu’elle se vit dans l’attente. Quels en sont les causes et les objectifs? Qui sont les partis en présence? Israël? Palestine? Rien de cela n’a vraiment d’importance. Toutes les guerres se ressemblent, toutes font des héros et des victimes.


Crédit photo : Yair Meyuhas

Plastic Heroes, de l’artiste israélien Ariel Doron, joue habilement sur ce thème avec ses jouets en plastique et une adresse remarquable de la part du manipulateur. En moins d’une heure et avec toutes sortes de jouets de guerre (ou pas), du célèbre petit soldat au tigre pelucheux (sorte de double du spectateur), en passant par une véritable armada de chars d’assaut et d’hélicoptères et d’ingénieux petits systèmes, Doron explore la notion de frontière. On y traite de la frontière qui sépare l’action de l’attente, le héros du soldat n’ayant aucun désir de participer au conflit, le rêve de la réalité, et puis surtout, de la frontière entre le simple jeu de guerre et la vraie guerre, avec sa violence et sa cruauté qui frappent sans distinction.

Le spectacle créé en 2014 a déjà été joué un peu partout dans le monde. Il se construit en une série de tableaux comme autant d’incursions dans le quotidien des soldats. Il recèle des moments très touchants où la tendresse et l’humanité vacillent sous les coups sourds de la guerre qui arrive pour tout balayer. Ariel Doron parvient à insuffler une grande expressivité à ses petits personnages qui parlent bien peu et demeurent pour nous des visages anonymes. Sur la petite table qui lui sert de scène de guerre, il fait vibrer la fragilité de l’attente, qu’on ne peut s’empêcher de lier à la réalité israélienne. En Israël, où le service militaire est obligatoire et où une attaque peut survenir à tout moment, la résonance est évidente.

Si certains tableaux (celles de la prise d’otages ou du soldat faisant le guet) s’étirent inutilement pour faire sentir cette attente, le spectacle frappe souvent juste et fait voir avec beaucoup d’à-propos l’absurdité du conflit. Les choix musicaux eux-mêmes portent le message avec des titres comme War d’Edwin Starr (« War? What is it good for? Absolutely nothing »)et Holding out for a hero de Bonnie Tyler (« Where have all the good men gone »). Plastic Heroes présente surtout l’individu, le soldat pris au cœur d’une guerre dont les causes le dépassent ou lui échappent, et la normalité qui continue malgré tout.

C’est ce regard lucide ainsi que l’humanité que Doron insuffle à ses personnages qui amènent le plus les spectateurs à réfléchir, si bien que même si le spectacle appuie parfois un peu trop sur l’humour, les interactions entre le marionnettiste, ses personnages et la salle ramènent directement à l’importance de l’humain au cœur du conflit. Le spectacle se termine sur une scène de célébration et de mort qui laisse le spectateur mi-figue mi-raisin.

04-11-2017
 
Aux Écuries
7285, rue Chabot
Billetterie : 514 328-7437

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