Les secrets de la véritésamedi à 16 h
Né quelque part en 2011, le Théâtre du Futur réunit Guillaume Tremblay, Olivier Morin et le multi-instrumentiste Navet Confit autour de créations qui s’interrogent sur l’avenir et sur l’inconscient collectif. Cette saison, ces artistes ont carte blanche pour vous faire vivre une expérience dont eux seuls ont le secret. L’histoire se déroulera dans le futur – dans le fond ou dans la forme, ou peut-être les deux, le temps nous le dira. Il y sera question de secrets d’État, de complots et d’univers intérieurs. Ou peut-être pas. Une chose est certaine : le voyage en vaudra le détour.
Enrichies de recherches sonores et musicales, les créations du Théâtre du Futur entraînent les spectateurs dans un monde neuf et farfelu où l’humour, les dialogues francs, vifs et déjantés ont la part belle.
Texte Olivier Morin et Guillaume Tremblay
Mise en scène Olivier Morin
Avec ... * Pour des raisons de sécurité nationale et par respect pour les familles des interprètes, la compagnie ne peut dévoiler l’identité de la distribution du spectacle
Crédits supplémentaires et autres informations
Direction musicale Navet Confit
Costumes et décors Estelle Charron
Lumière Marie-Aube St-Amant Duplessis
Photo Josée Lecompte
Du mardi au vendredi à 20 h (19 h le 19 avril), samedi à 16 h
Régulier: 27$
Réduit*: 24$
Étudiant et voisin**: 21$
16 ans et moins: 15$
Vendredi-dis-ton-prix
Rencontre-débat après la représentation du 19 avril (spectacle à 19h) :
COMMENT TROUVER DU SENS DANS UNE SOCIÉTÉ EN PERTE DE REPÈRES?
Une production Théâtre du Futur
Crédit photo : Josée Lecompte
Où est la vérité? Probablement cachée quelque part (ou pas) dans la montagne de « vérités » et de « complots » que le Théâtre du Futur s’emploie joyeusement à exposer dans sa nouvelle production, présentée aux Écuries jusqu’au 28 avril.
Avec Les secrets de la vérité, Olivier Morin et Guillaume Tremblay (à l’écriture) et Navet Confit (à la musique) nous projettent 20 ans dans le futur, jour pour jour, alors que le multimilliardaire Elon Musk (Tremblay) annonce le lancement de son nouveau projet d’envergure : l’envoi de conteneurs de déchets sur Mars, et s’intéresse de très près à une femme se disant enceinte de Jésus… Êtes-vous confus? C’est normal. Comme à leur habitude, Morin et Tremblay prennent un malin plaisir à multiplier les pistes narratives humoristiques. S’ils n’arrivent pas à tous les coups à trouver une solide ligne dramatique (leur précédente production, La vague parfaite, s’éparpillait malheureusement), ils y parviennent cette fois à travers le personnage loser, mais attachant de Cyndine Bournival (Milène Leclerc), pauvre femme qui ne sait que faire de son état de femme miraculeusement enceinte.
Dans cette création futuriste-mais-pas-tant-que-ça, le Théâtre du Futur renoue avec ce qui fait sa grande force : un habile mélange de constat social et de références à l’actualité et à l’histoire, le tout sur le ton de la dérision. On passe ainsi des lubies de Musk à un Jésus en bobettes bibliques, qui pourrait se révéler n’être qu’un acteur de troisième ordre, puis à un vlogueur adepte de théories du complot peut-être pas si déconnecté que ça, et aux tardigrades, qui sont peut-être les véritables extraterrestres que l’on cherche tant.
L’être humain a besoin de certitudes, de croire en quelque chose pour prendre appui sur une vérité solide, inaltérable. C’est un besoin viscéral que la société actuelle est toute prête à combler, par tous les moyens possibles. En cette ère de post-vérité, où on en vient à considérer toute opinion comme valide et à confondre affirmations et faits, Morin et Tremblay trouvent un terrain de jeu riche et en profitent pour nous en mettre plein les yeux. Sur grand écran, même. Les projections vidéo préparées par Francis-William Rhéaume semblent nous brancher directement sur les cerveaux survitaminés des deux créateurs en faisant défiler à toute vitesse vrais et faux documentaires, images d’archives, citations et vidéos déboulonnant les plus gros mensonges de l’histoire.
Comme toujours avec le Théâtre du Futur, la production souffre un peu de son hyperactivité, donnant parfois l’impression de s’égarer sur le chemin de traverse d’une idée trop peu exploitée, mais Les secrets de la vérité retombe chaque fois sur ses pattes, notamment grâce à une distribution qui paraît follement s’amuser face à un public dont elle se fait complice. Si l’interprétation est volontairement grossière, l’exécution est quant à elle précise.
En fin de compte, nous ne sommes pas plus avancés au sujet des secrets de la vérité, mais le Théâtre du Futur nous offre une immersion hilarante dans le monde déroutant des faits alternatifs. On pourra toujours reprocher au spectacle de se contenter d’un constat cynique, là où on voudrait comprendre comment rétablir la vérité, mais en cette époque sursaturée d’informations, c’est déjà beaucoup.
