Dans un futur proche et trafiqué, marqué par le déclin de YouTube, un adolescent, Paulo, apprend qu’il est adopté en tombant par hasard sur une vieille vidéo de son père qui traînait sur internet. Cette révélation le pousse à partir à l’aventure avec ses amis et par la même occasion avec les parents de ses amis. Ils se retrouveront malgré eux au zoo, puis dans un cours de cirque… Véritable drame optimiste sur l’amitié, le texte du jeune auteur Maxime Brillon a reçu un accueil chaleureux lors de sa lecture au Festival du Jamais Lu en 2017. Sa mise en scène cette saison promet un spectacle festif et éclectique, célébrant le sentiment de liberté et de nonchalance qui convient bien à l’adolescence.
Texte Maxime Brillon
Mise en scène Justin Laramée
Avec Maxime Brillon, Marjorie Gauvin, Marie-Ève Groulx, Karlo Vince Marra, Lise Martin, Louis-Olivier Mauffette, Joakim Robillard
et un invité mystère
Crédits supplémentaires et autres informations
Assistance à la mise en scène Marie-Claude d'Orazio
Conception et collaboration Hubert Leduc-Villeneuve, Carl-Matthieu Neher
et Olivia Pia-Audet
Photo (lecture) David Ospina
Tarif :
Régulier : 28 $
Réduit* : 25 $
Étudiant et voisin** : 22 $
16 ans et moins : 15$
Ce spectacle est inclus dans les offres suivantes :
3 spectacles pour 45$
Vendredi dis-ton-prix
** Résidents de Montréal dont le code postal commence par H2E ou H2R.
Production Collectif Tôle
Avec son titre pour le moins intrigant, Nous irons cirer nos canons numériques dans un sweatshop portugais, la pièce du jeune auteur Maxime Brillon se penche sur le monde de l’adolescence et sur notre continuelle et profondément humaine quête identitaire.
Dans un futur proche non précisé, dans un 21e siècle technocentrique aux allures psychédéliques où YouTube a fini par s’effondrer sous le poids de sa propre insignifiance, quatre adolescents cherchent à définir qui ils sont dans cette société et surtout comment ils se définissent par rapport aux autres, nommément leurs parents. Histoire d’amitiés, de figures parentales, de découverte de soi et de ses origines, Nous irons… explore en profondeur les liens qui sous-tendent les relations entre ses personnages. Au centre de cette histoire, il y a Paulo (Karlo Vince Marra), qui découvre à 15 ans, en regardant une vidéo sur Internet, que son père n’est pas son père. Entre vol de camion avorté, splits, visite au zoo, disputes et cours de cirque, Paulo, ses amis, et même leurs parents, se cherchent.
L’écriture de Brillon, qui prend par moments des allures automatistes, éclate avec panache et une certaine irrévérence la trame narrative. C’est d’abord les conventions théâtrales qui s’effacent quand l’auteur lui-même se fait chef de plateau; une belle proposition du metteur en scène Justin Laramée. L’auteur en personne plante les décors, dicte aux acteurs leurs intentions de jeu et les sélectionne pour les scènes, comme un joueur choisit ses avatars dans un jeu vidéo. Un univers ludique dont l’esthétique est évoquée par les magnifiques éclairages de Hubert Leduc.
L’écriture de Brillon, qui prend par moments des allures automatistes, éclate avec panache et une certaine irrévérence la trame narrative.
Puis, la figure autoritaire de l’auteur se retrouve soumise à ses propres directives au fur et à mesure que les personnages s’affranchissent de ce carcan dramatique. La mise en scène de Laramée donne une certaine structure à l’ensemble, permettant des transitions claires et fluides entre les scènes et les différents déplacements de lieu.
Pièce sur l’adolescence, Nous irons… n’évite pas les clichés, mais ne cherche pas non plus à les éviter, jouant franchement la carte de la nonchalance, du jeu vidéo, de l’hyperconnectivité, de l’incapacité à s’écouter et des parents déconnectés pour servir son propos sur notre époque numérique où notre enracinement et nos convictions semblent fragilisés. L’auteur mise sur l’humour, alternant les nombreuses références incongrues et la clownerie; un saupoudrage humoristique bienvenu, mais pas toujours bien dosé. C’est que les sujets de filiation, de parentalité et de transmission se perdent dans le bruit ambiant, malgré quelques traits d’humour qui visent juste et de belles trouvailles visuelles ou sonores. Lorsque le père de Jeanne, Frank (Louis-Olivier Mauffette), se lance dans un discours qui se veut émouvant et inspirant sur fond de trame musicale de La société des poètes disparus, constamment interrompue par les alarmes du téléphone de sa fille, il est impossible de ne pas en rire.
La partition complexe de Maxime Brillon requiert une attention de tous les instants de la part de la distribution alors que les répliques se coupent, se chevauchent ou se répercutent dans un télescopage généralement bien contrôlé, tant par l’auteur que par les comédiens. Ceux-ci insufflent une bonne dose d’émotions à leurs personnages, juste ce qu’il faut de fragilité, d’idéaux à défendre, d’amour et de nonchalance propre à l’adolescence pour nous les rendre totalement attachants.
Nous irons cirer nos canons numériques dans un sweatshop portugais joue sur plusieurs tableaux et le fait dans un style iconoclaste qu’on prend plaisir à apprivoiser. Son exploration du monde adolescent, par nature inconstant, imparfait, en déséquilibre, se fait l’écho d’un monde changeant dans lequel on peine à garder pied, le nôtre, et où l’avancement des technologies nous permet d’être constamment connecté l’un à l’autre sans pour autant avoir plus de choses à nous dire.