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Nos corps
Du 3 au 13 avril 2019, du mardi au samedi 20h

L’année 1518, une manie dansante prend d’assaut la population de Strasbourg qui est en état de famine et de pauvreté. Des milliers de gens se retrouvent à danser jusqu’au dernier souffle. Cet état de frénésie irraisonnée devient épidémique. Quand le désespoir devient invivable, la solution est de danser. 500 ans plus tard cette énergie fait écho à nos besoins d’exaltations. Notre soif de rassemblement et nos révolutions oubliées se logent enfouis dans les tréfonds de nos corps engourdis. Jusqu’à l’épuisement nous danserons. Toujours. Comme dernier exutoire, comme révolte ultime. De façon éperdue et acharnée. Le collectif Castel Blast vous invite à venir « être humains » ensemble. Vulnérables et démesurés.


Création collective Olivia Sofia, Léo Loisel et Guillaume Rémus


Crédits supplémentaires et autres informations

Photo Castel Blast

Tarif :
Régulier : 28 $
Réduit* : 25 $
Étudiant et voisin** : 22 $
16 ans et moins : 15$
Ce spectacle est inclus dans les offres suivantes :
3 spectacles pour 45$
Vendredi dis-ton-prix
** Résidents de Montréal dont le code postal commence par H2E ou H2R.

Production Castel Blast


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Critique disponible
            
Critique

Nos corps, la production de Castel Blast qui tient l’affiche ces jours-ci au Théâtre Aux Écuries, prend sa source dans un fait divers du 16e siècle et un phénomène encore mystérieux à ce jour; la manie dansante.




Crédit photos : Karel Chladek

Strasbourg, 1518. Une dure famine sévit depuis plusieurs années. Un jour, une femme n’a plus de lait pour son bébé et le jette dans la rivière pour lui épargner davantage de souffrance. Après ce geste terrible, elle se met à danser sans s’arrêter pour exprimer toute sa souffrance et s’en libérer. Dans les jours qui suivent, elle est rejointe par de plus en plus de personnes, qui se mettent à danser à leur tour. Selon la croyance populaire, ils sont des dizaines, puis des centaines à danser jusqu’à épuisement total, jusqu’à ce que leurs corps lâchent ou que la mort les saisisse.

Castel Blast plonge dans cette frénésie, cherchant dans la danse la pulsion libératrice, l’expression de sentiments immenses qui ne trouvent leur résonance dans le mouvement. La prémisse est prometteuse, le champ d’exploration énorme, mais le résultat, lui, laisse dubitatif. Dans un rythme techno qui ne s’arrête presque jamais pendant l’heure quarante-cinq que dure la représentation, des hommes et des femmes commencent à danser, emportés par la somme de leur énergie et de celle du groupe. Et ils dansent. Encore et encore. Tandis que certains spectateurs délaissent leur place du côté du public pour céder à la fièvre du danseur, d’autres attendent en vain qu’on fasse battre leurs cœurs à l’unisson ou qu’on allume la flamme qui les ferait vibrer.

Mais lorsque la musique cesse, que les lumières se rallument et que le rassemblement se dissout, l’impression persiste d’être demeuré en périphérie du sujet, d’avoir à peine effleuré l’irrépressible besoin d’être ensemble, l’indomptable envie de danser pour dire tout ce qu’on ne peut dire avec des mots.

Lourde musique, stroboscope, boule disco portée sur scène comme une relique sainte, expressivité des danseurs : la performance pourrait être plus porteuse dans un lieu où la foule ne forme qu’un ensemble mouvant – au Bain Mathieu, au MAI, sur une place publique qui sait –, mais dans une salle de théâtre, où scène, salle, performeurs et public sont enchâssés dans une structure codifiée, le courant passe difficilement. De fait, le spectateur demeuré extérieur à la manie dansante a l’impression d’assister à une fête à laquelle il n’a pas été convié, et celui qui cède à la fièvre ne se concentre plus que sur son corps et sur ceux qui se meuvent autour de lui.

Il y a pourtant des moments, trop brefs, où Nos corps ravit les sens : quand le silence se fait tout naturellement sur la piste et qu’une voix puis une autre et encore une autre s’élèvent pour slammer le désir existentiel de « nos corps pétrole, cercueil, vieillesse, animal, tournesol, femmes… » Quand les corps en sueur des danseurs se déplacent d’un même élan pour s’élancer dans la même direction. Quand une voix, une seule, ralentit le mouvement par sa pureté, adoucissant le rythme impérieux de la techno.

Mais lorsque la musique cesse, que les lumières se rallument et que le rassemblement se dissout, l’impression persiste d’être demeuré en périphérie du sujet, d’avoir à peine effleuré l’irrépressible besoin d’être ensemble, l’indomptable envie de danser pour dire tout ce qu’on ne peut dire avec des mots. L’urgence de se lever pour laisser derrière soi toute rationalité pour répondre à l’appel au mouvement n’est jamais venue.

05-04-2019
 
Aux Écuries
7285, rue Chabot
Billetterie : 514 328-7437

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