Elle doit partir, quitter cette maison. Au milieu des boîtes de carton et du papier bulle qui jonchent le sol, elle emballe et déballe, disparaît et réapparaît, escalade les murs et les façades, traverse l’espace et le temps. Les murs ont une histoire, ils ont une âme, et Aurélia en déchi?re les secrets. Avec ses complices, elle nous entraîne dans un univers peuplé de créatures féériques et loufoques, sorte d’Alice au pays des merveilles des temps modernes, échappée dans une Venise onirique et nostalgique.
Dans ce monde à la fois burlesque et poétique, conçu et imaginé par Victoria Thierrée-Chaplin, créatrice avec Jean-Baptiste Thierrée du Cirque Imaginaire et du Cirque Invisible, Aurélia Thierrée, enfant de la balle, se fait tour à tour mime, danseuse, acrobate, marionnettiste et illusionniste, irradiant la scène de sa grâce à la fois charnelle et évanescente. Un spectacle «tissé de l’éto?e des rêves » dont les incroyables prouesses nous laissent médusés, attendris et ravis.
Murmures des murs était au programme en 2015 mais avait malheureusement dû être annulé, Madame Thierrée s’étant blessée pendant la première représentation. Puis, comble de malchance, c’est une grève des transports en France au printemps 2016 qui a empêché la compagnie de faire le voyage. Le Carrefour ainsi que l’artiste sont très heureux de pouvoir vous proposer de nouveau le spectacle cette année.
Section vidéo
Durée 1h10
Achat à l'unité : 49,50$
* Taxes et frais de service inclus
Production Victoria Thierrée-Chaplin
En collaboration avec Spoleto Festival USA
Théâtre de la Bordée
315, rue St-Joseph Est
Billetterie : Carrefour - 418-529-1996 - 1 888 529-1996
Adresse : 369, rue de la Couronne, 4e étage, billetterie en ligne
Le Carrefour international de théâtre de Québec présente enfin (!) le spectacle mondialement acclamé Murmures des murs, de Victoria Thierrée-Chaplin. Rappelons qu’il y a deux ans, l’interprète principale Aurélia Thierrée s’était blessée lors de la première (à laquelle MonTheatre avait assisté), puis, l’année suivante, n’avait pu traverser l’Atlantique à cause d’une grève des transports. Jamais deux (essais) sans trois ; voilà que cette fois est la bonne, au plus grand bonheur des festivaliers.
En raison de la démolition imminente de son immeuble vénitien, une jeune femme doit quitter son appartement. Ses boîtes sont à moitié complétées, mais elle résiste. On la presse pourtant, pour sa sécurité. Mais plus elle refuse, plus son environnement devient surréaliste : des boîtes se vident, des objets se déplacent, ses souliers rouges qu’elle enlève réapparaissent dans ses pieds. Même les ampoules qu’elle dévisse restent allumées. Puis, elle traverse les murs ; elle les escalade pour entrer dans divers logements où elle rencontre des êtres parfois étranges, parfois bienveillants ou perdus, assoiffés. À ses talons, l’homme qui tente de la faire sortir de chez elle sombre à son tour dans cet univers onirique qui se cache entre les murs.
Il est difficile de résumer Murmures des murs, tant chaque tableau qui le compose est un petit conte en soi. Objet onirique, poétique, la pièce mélange superbement plusieurs éléments du mime, de la danse, du burlesque, de la marionnette, du cirque et de l’illusionnisme pour créer une suite de tableaux fantasmagoriques. Un immense monstre en papier bulle retient la jeune femme ; un papier peint défraichi s’effrite jusqu’à laisser entrevoir des yeux ; une femme au visage à plumes tente de capter l’attention de son mari qui ne veut qu’écrire ; un appartement défie les lois de la temporalité pour montrer en accéléré un bambin devenir adulte, puis vieillard, le temps de grimper quelques marches. Sans véritable lien entre eux, sauf celui de la fuite à la manière de Lewis Carroll (« comme si le lapin blanc courait après Alice », écrivais-je dans ma première critique), les tableaux se succèdent à la manière d’un songe, tous empreints d’une envoûtante nostalgie. La ville prend littéralement vie ; les façades apparaissent et disparaissent mystérieusement. La trame musicale, ici d’ambiance, là empruntant au classique ou à la vieille chanson, colle parfaitement à chaque histoire.
On tombe inévitablement amoureux d’Aurélia Thiérrée, qui incarne ce personnage mi-égaré, mi-ensorcelé, avec autant de grâce, de candeur, de solidité que de légèreté. Ses yeux immenses et brillants finissent par nous émouvoir et nous charmer, alors que ces péripéties nous subjuguent et nous transportent au creux de rêves insolites.
Si la rapidité que demande l’exécution de certaines scènes laisse parfois entrevoir les ficelles derrière les illusions, fort est d’admettre qu’on reste pantois lors d’autres moments, comme ce court instant d’équilibrisme alors qu'Aurélia Thiérrée est accrochée à des vêtements suspendus à une corde à linge, ou cette danse sur une table à manger, où l’interprète fait quelques pas dans les airs, hors du petit plateau, se moquant éperdument de la gravité. Une autre scène dansée, un tango « enfantin » de ruelle mené par Jaime Martinez, captive l’auditoire. Comédien brillant, aux multiples talents, Antonin Maurel, qui se cogne partout, déclenche les rires à coup sûr.
Énigmatique et fascinant voyage évoquant autant le monde du cauchemar que du merveilleux, Murmures des murs étonne, étourdit, trompe, séduit ; qui, en sortant de la salle, osera contester la puissance des rêves ?