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Nassim
CARREFOUR 2019
Téhéran
Théâtre + performance
24 mai 2019, 19h, 25 et 26 mai 16h
En français et en farsi

Privé de passeport pendant plusieurs années, le dramaturge iranien Nassim Soleimanpour a fait circuler sa parole au-delà des frontières avec ses textes qui ont longtemps été destinés à être joués sans lui. Pour la première fois de sa carrière, l’auteur voyage avec son œuvre, accompagnant NASSIM à travers le monde.

À chaque représentation, un nouvel acteur ou une nouvelle actrice monte sur scène.  Ne connaissant au préalable rien du spectacle, il ou elle découvre en même temps que le public la partition à interpréter. De connivence avec les spectateurs, guidé.e par l’auteur qui lui transmet des instructions par le biais d’une vidéo en direct, il ou elle éprouve, échafaude et dévoile simultanément l’expérience qui lui est proposée. Par cette astuce théâtrale savamment construite, NASSIM transgresse les conventions scéniques et établit une délicate et singulière connexion entre l’interprète et l’assistance, redéfinissant tant leurs rôles que celui du metteur en scène.

À une époque marquée par les divisions et la crainte de l’autre, le texte, en français et en farsi, langue maternelle de l’auteur, propose une touchante réflexion sur l’exil, l’immigration et le racisme puis sur la capacité qu’ont les mots à forger les identités et à relier les êtres les uns aux autres. À la fois récit autobiographique et conte philosophique, NASSIM est un objet tout à fait inusité qui allie l’intelligence sensible des mots à l’art théâtral pour faire vivre une expérience humaine fascinante et célébrer le pouvoir rassembleur du langage.


Mise en scène Omar Elerian
Avec un nouvel acteur à chaque performance


Crédits supplémentaires et autres informations

Scénographie Rhys Jarman
Conception sonore James Swadlo
Conception d’éclairages Rajiv Pattani
Direction de production Michael Ager
Régie Kacey Gritters
Scriptes Carolina Ortega et Stewart Pringle
Photo David Monteith Hodge

NASSIM a d’abord été commandé et produit par le Bush Theatre et a reçu sa première mondiale au Bush Theatre, à Londres, le 25 juillet 2017 dans une mise en scène d’Omar Elerian.

Pour tous les tarifs, voir la page d'accueil

Durée 1h20

Rencontre après la représentation du 24 mai

Production Bush Theatre
Coproduction Nassim Soleimanpour Productions

Tous les textes et les informations proviennent du site carrefourtheatre.qc.ca


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Critique disponible
            
Critique

Yeki Bood, Yeki Nabood…

Il était une fois un jeune garçon qui désirait apprendre à lire, mais qui était encore trop petit pour aller à l’école. C’est sur le balcon, assis sur les genoux de sa « mamann » que Nassim commence à saisir les subtilités de sa langue maternelle, avec son petit livre bleu illustré entre les mains.




Crédit photos : David Monteith-Hodge

Devenu adulte, l’homme devint dramaturge, mais ses pièces ne sont pas jouées dans son pays. Cependant, ses textes sont interprétés partout à travers le monde. Mais il ne peut même pas se déplacer pour assister aux représentations. Il se promet pourtant une chose : traduire en farsi l’un de ses textes pour que sa mère puisse apprécier et découvrir son travail.

Ce conte de Nassim Soleimanpour (prononcer So-lay-mann-pooooor) est une histoire (presque) vraie, la sienne. S’inspirant de son vécu, des barrières de la langue et des cultures, l’homme de théâtre iranien a créé une pièce d’une grande simplicité et d’une belle complexité à la fois. Nassim Soleimanpour ne joue pas vraiment : il est le maître d’œuvre et demande à quelques comédien.ne.s « locaux » de l’aider dans sa tâche. À Québec, ce sont Anne-Marie Olivier, Valérie Laroche et Érika Gagnon qui ont accepté de relever ce défi « courageux ». C’est à la représentation de cette dernière que MonTheatre a assisté.

Le spectacle prend la forme d’un réel échange qui transcende les différences culturelles et qui pique sérieusement notre curiosité.

Lorsque la comédienne, qui ne semble avoir aucune idée du déroulement du spectacle, entre en scène, invitée par Marie Gignac, directrice du Carrefour, la scène est relativement vide. Un écran géant, un microphone sur pied, une table et une boîte dans laquelle se trouve ses premières instructions. C’est un saut dans le vide, un (non) jeu à l’aveugle qui attend la comédienne, à qui l’on demande simplement de lire ce qui apparait à l’écran, et parfois de répondre aux questions ou aux directives. Nassim, d’abord dans les coulisses, puis sur scène, fait voler les feuilles sur lesquelles sont inscrites les phrases et les didascalies (et ses réponses à lui). Un échange, paradoxalement tout aussi « artificiel » (puisque dirigé) que sincère, se crée entre le metteur en scène, la comédienne et le public. En quelques mots, les spectateurs s’attachent rapidement à cet être sans visage, qui s’interroge par feuilles interposées sur notre culture et qui nous propose de mieux comprendre sa langue grâce à quelques phrases « simples ». Et chaque erreur de prononciation de la part de la comédienne est « fatal », entrainant une réprimande plutôt… comique.

Même si la pièce doit répondre à une certaine technique plutôt figée pour bien fonctionner (les cartons qui apparaissent sur l’écran et lus par la comédienne), le tout se fait avec beaucoup de candeur et d’émotions – Érika Gagnon, à l’instar de bien des gens dans la salle, eut à quelques reprises les yeux humides. Le tout est rempli d’humour ; chaque carton est une surprise, ne sachant jamais vers quoi Nassim nous entraine tous et toutes. Le spectacle prend la forme d’un réel échange qui transcende les différences culturelles et qui pique sérieusement notre curiosité. Quel plaisir d’en connaître un peu plus et de voir des photos de sa ville natale, de comprendre « Delam Tang Shodeh » (tu me manques, ou traduit littéralement : mon cœur chiffonné à cause de toi) ainsi que quelques autres mots que les spectateurs retiendront (ou non). Si la langue peut tout autant unir et déchirer, Nassim Soleimanpour nous prouve hors de tout doute que même si on ne la comprend pas, elle peut charmer, toucher, émouvoir, sensibiliser, tant que c’est le cœur qui parle.

26-05-2019


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