Le Castelier Fou apparait dans son castelet démantibulé duquel il sort les marionnettes les plus improbables venues de son imaginaire sans fin. Se croyant le manipulateur de toutes choses, il tente même d’exercer son pouvoir sur le public mais à mesure que la pièce évolue il perd l’usage de lui-même. Le Castelier Fou propose un mélange de clown, d’improvisation, de marionnettes traditionnelles et abstraites, de chants classiques et désarticulés.
Finissant au Conservatoire d’art dramatique de Montréal en 2003, Félix Beaulieu-Duchesneau est codirecteur artistique pour Qui Va Là, où il crée en collectif Toutou Rien, La Tête Blanche, La Fugue et Le Nid. Comédien remarqué, il joue avec le Théâtre PÀP, la Manufacture, le TNM, Tout à Trac, le Théâtre de l’Oeil, la LIM et la LNI. Au Théâtre la Roulotte, il met en scène Le Magicien d’Oz et Peter Pan.
Œil extérieur : Suzanne Lantagne
Scénographie et marionnettes : Josée Bergeron-Proulx
Costumes : Laurence Gagnon
Musique et interprétation : Benoît Côté
Techniques : mixtes
Durée : 15 minutes
* 7 mars, lors de l'ouverture du festival
** 8 mars,
suivant la représentation de Bastard!
Félix Beaulieu-Duchesneau (Montréal)
par David Lefebvre
Félix Beaulieu-Duchesneau n'en est pas à ses premières armes dans la courte forme, le théâtre d'objet ou de marionnettes. Son tout premier succès (concocté avec ses comparses Justin Laramée et Philippe Racine), Toutou rien, présenté à La Petite Licorne il y a quelques années et qui avait frappé l'imaginaire des spectateurs et ébranlé la grande majorité d'entre eux, était né d'une courte pièce de 12 minutes créée durant ses études au Conservatoire d'art dramatique. Depuis, ce jeune comédien, auteur et metteur en scène a su, grâce à ses nombreux talents, se démarquer de façon tout à fait admirable sur les différentes scènes montréalaises.
Pour la huitième édition des Trois Jours de Casteliers, Félix Beaulieu-Duchesneau nous convie à une toute nouvelle création : une courte forme d'une quinzaine de minutes intitulée Le Chapelier Fou. Ce personnage clownesque et exubérant, qui s'autoproclame « meilleur marionnettiste du monde », voit pourtant ses pantins et autres créatures à tête de bois le déserter, lui laissant qu’un castelet en tissus, ressemblant à ces petites tentes de bord de mer pour se changer. « La seule jupe que je n’aurai jamais conquise » dira-t-il. C’est d’ailleurs l’océan qu’on entend, lorsqu’il arrive sur scène, avec son compagnon Colestrum, un musicien épave, qui s’est échoué après avoir plongé du haut du pont d’un navire sur lequel il devait épouser la chanteuse qu’il fréquentait et qu’il a surprise en compagnie du capitaine, en plein « mouillage » et « hissage de mât ». Notre chapelier raconte ainsi l’histoire plutôt triste, mais avec une énergie colérique et spectaculaire, de cet homme tout de blanc vêtu qui a échoué, même sa mort. En bon faire-valoir, le musicien essuie les coups et les frustrations du marionnettiste sans trop broncher, répondant une note à la fois.
De cette courte forme l’on retiendra la présence grandiloquente du comédien, qui incarne de tout son être ce marionnettiste déchu et seul. Peu de manipulation, si ce n’est que de quelques foulard, le haut-de-forme au sommet troué, devenant un visage à la bouche pendante (belle idée, mais sous-utilisée) et le castelet brandi à bout de bras, couché, tourné, engouffrant à certains moments l’un ou l’autre des personnages. Une jolie histoire d’hommes abandonnés, que l’on sent encore dans l’expérimentation ; peut-être verra-t-on une version plus définitive, avec une narration plus resserrée, dans un avenir rapproché.