Librement inspiré de L’Arrache-coeur de Boris Vian, BASTARD! nous transporte dans l’univers d’un artiste perdu à la recherche de lui-même. Enfermé dans un dépotoir, il a pour seule compagnie une vieille danseuse cul-de-jatte et son « bon ami » en sous-vêtements…
BASTARD! propose un dialogue innovant entre l’abstraction de la danse et le réalisme de l’objet. Duda Paiva crée un monde magique, surréaliste et absurde, en parfaite adéquation avec l’univers provocateur de Vian où la cruauté de l’homme est abordée de façon légère et humoristique. Un temps fort du festival, un temps fort du festival, à vivre absolument!
Danseur, chorégraphe et metteur en scène d’origine brésilienne, Duda Paiva vit et travaille aux Pays-Bas depuis 1996. Sa compagnie se distingue par son approche pluridisciplinaire, basée sur la recherche en danse contemporaine, marionnette, musique et multimédia. Après Angel et Morningstar, BASTARD! est le troisième spectacle solo de Dupa Paiva. L’originalité de son travail réside dans l’utilisation de personnages en mousse qui permettent de jouer sur une gamme élargie d’expressions et offrant un prolongement flexible à son propre corps. « C’est la danse d’un schizophrène faisant couler du sang dans les veines de mousse; un enchantement pour les yeux, un véritable choc.»
Depuis 2004, les spectacles de DudaPaiva Company sont présentés partout dans le monde et récompensés de nombreux prix prestigieux.
Section vidéo
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Régie, chorégraphie : Paul Selwyn Norton
Assistance à la régie : Kaisa Selde
Dramaturgie : Jaka Ivanc
Marionnettes : Duda Paiva, Jim Barnard
Objets : Duda Paiva, Jim Barnard, Rob van Veggel, Kaisa Selde
Trame sonore : Erikk McKenzie,
Vidéo : Hans C. Boer, Jaka Ivanc
Éclairage : Mark Verhoef
Conseiller marionnettiste : Neville Tranter
Photo: © Jaka Ivanc
Techniques : marionnettes et danse
Durée : 60 minutes
* 7 mars 2013, suivi par Kabiin Projet
** 8 mars 2012, suivi de Le Castelier fou
Une coproduction de CaDance 2011 / Korzo Productions, Festival Mondial des Théâtres de Marionnettes de Charleville-Mézières, Laswerk et DudaPaiva Company (Pays-Bas)
par David Lefebvre
La huitième édition des Trois jours de Casteliers s’ouvre avec la visite de Bastard, troisième spectacle solo du Brésilien Duda Paiva, habitant maintenant les Pays-Bas. Bastard, très largement inspiré du dernier roman de Boris Vian, L’arrache-cœur, raconte l’histoire d’un artiste se réveillant au milieu d’un dépotoir. Il y fait la rencontre d’une dame d’un certain âge, sans jambes, et d’un homme en sous-vêtements. Pour sortir de cet endroit, l’homme doit d’abord trouver le chat de la dame, Rumba, et faire du thé. Deux tâches plus faciles à dire qu’à faire, alors qu’il découvre qu’elles sont possiblement autant réelles qu’abstraites.
Bastard s’avère un très heureux mélange des genres : on retrouve dans ce spectacle la manipulation de marionnettes (Paiva est incontestablement un grand marionnettiste, insufflant une vie propre à chaque personnage, changeant de voix entre deux syllabes) le multimédia (projection d’images, de couleurs et de vidéos sur deux grands panneaux fermant l’arrière-scène) ainsi que de nombreuses chorégraphies, possiblement l’élément le plus intéressant de la proposition. Ces moments nous font découvrir la grande souplesse et le talent du comédien et chorégraphe : sur « Je suis snob » (de Vian), qui ouvre le bal, Paiva fait chanter la tête d’un cheval qui remplace l’un de ses pieds. Sur « Tout doucement » (de la chanteuse Blossom Dearie), la femme cul-de-jatte fusionne carrément avec le marionnettiste pour qu'il lui procure des jambes de ballerine perdues ; un superbe numéro de corps à corps tout aussi ingénu qu’étonnant.
Le décor est un amas de sacs et autres babioles : un bidonville idyllique, coloré et brillant. Il est le reflet de l’âme de l’artiste, perdu au cœur de lui-même. Les marionnettes, sculptées dans la mousse, offrent toute la malléabilité au manipulateur, jusqu’à confondre les corps ou à retrouver le chat au creux d’une boule noircie sortie du ventre de l’homme en sous-vêtements. La mise en scène flirte avec le monde absurde, cruel, humoristique et irréel de Vian, tout en gardant un pied ferme sur le sol de la réalité. La frontière est mince entre ces deux univers, mais Duda Paiva y danse et y circule avec une agilité déconcertante, comme si le rêve – représenté par la danse – ne pouvait être autre chose qu’une autre réalité – l’objet.
Solo tout aussi sombre que lumineux, Bastard propose un moment de burlesque et de surréalisme déconcertant, introspectif et, d’un certain point de vue, audacieux.