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Trois Jours de Casteliers 2013 - 10 mars 2013, 16h
LunaLuna, dans les yeux de mon père
8 ans et +
Texte et mise en scène : Hélène Ducharme
Interprétation : Mathilde Addy-Laird, Marc «Marcus» Gauthier, Janika Fortin, Philippe Racine, Marine Salonga et comme Artiste invité : Hugo Monroy-Najera

Pablo doit quitter sa fille Luna, sa famille et son pays afin d’émigrer vers une contrée où les siens pourront un jour refaire leur vie. Il découvre alors un monde complètement nouveau où les gens se déplacent de haut en bas, ont une apparence bien différente de la sienne et parlent un drôle de langage. Luna, une enfant à l’imaginaire débordant, nous fait revivre le périple de son père à la conquête de ce territoire étrange qu’il finira par apprivoiser.

Fondée en 2001, le Théâtre Motus crée et diffuse des pièces de théâtre originales, inspirées de cultures diverses, destinées au public familial et au public familial. La compagnie marie la marionnette au jeu d’acteur, à la musique en direct, au théâtre d’ombres, au jeu masqué et au cirque. Le Théâtre Motus a aujourd’hui donné près de 1 000 représentations de sept spectacles ici, aux États-Unis, au Mexique, en Espagne, en France, en Grèce et au Mali. Luna ,dans les yeux de mon père est leur toute dernière création.


Scénographie : Normand Blais
Marionnettes : Claude Rodrigue
Musique : Alejandra Odgers
Éclairage : Michel St-Arnaud
Ombres : Marcelle Hudon
Costumes : Mireille Vachon
Gréement : Marc «Marcus» Gauthier
Photo Robert Etcheverry
Technique : Marionnettes portées, masques, ombres et cirque

Durée : 60 minutes

Production Théâtre Motus (Longueuil)


Théâtre Outremont
1248, avenue Bernard Ouest
A:20$ E:16$ R:16$
 
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 Critique
Critique

par David Lefebvre


Crédit photo : Théâtre Motus

Présenté pour la première fois au Théâtre du Bic à Rimouski, puis créé officiellement au festival Les coup de théâtre 2012, Luna, dans les yeux de mon père clôt de jolie manière le festival de Casteliers en racontant la touchante histoire de Luna, une petite fille mexicaine qui voit son père journaliste partir au loin chercher une nouvelle terre d’accueil pour sa famille. Ses écrits ayant ébranlé le pays en soulevant les foules, l’homme n’a d’autre choix que de s’exiler. Car, comme l’enseigne Pablo à sa fille, il ne faut jamais sous-estimer le pouvoir des mots et de la plume. Le père et la fille correspondent, se racontant ce qu’ils vivent, jusqu’à ce qu’il puisse avoir accès aux papiers nécessaires pour faire venir Luna, les jumeaux et Mama, qui est enceinte, dans ce Nouveau Monde plutôt insolite.

L’auteure et metteure en scène Hélène Ducharme avait le désir d’explorer le thème de l’immigration, ou plus précisément les sentiments ressentis par le nouvel arrivant et ce qu’il laisse derrière lui. Le choc des cultures, le réapprentissage d’une nouvelle langue et des codes de société sont au cœur de cette création surprenante. Pour y arriver, la femme de théâtre jumelle ici trois disciplines artistiques plutôt distincts : la marionnette, le théâtre d’ombres et les arts circassiens. Pourtant, le mariage fonctionne à merveille : alors que Luna, sa grand-mère et son père sont représentés par de belles marionnettes à la forme de poupées rondes et réalistes, les habitants du pays d’accueil prennent plutôt la forme d’étranges animaux acrobates. C’est que Pablo ne voit pas l’étranger comme un être humain, mais perçoit son « nahualli », son double animal, selon une croyance aztèque. Des créatures qu’il peine d'ailleurs à reconnaître, tant elles sont différentes de tout ce qu’il a déjà vu. Hyper colorés, les costumes de girafes et autres animaux sont superbes ; les acrobaties au cerceau, à la corde, au ruban et au trapèze, ainsi que la langue inventée utilisée par les personnages accentue cette impression d’étrangeté éprouvée par le Mexicain : on est carrément sur une autre planète. Certains numéros évoquent de façon abstraite des concepts plus concrets – la ville, par des lumières qui tournoient rapidement ; d’autres sont rigolos – alors que Pablo doit vendre de l’artisanat pour se faire un peu d’argent, il se fait arrêter par un policier qui descend d’une spirale rappelant une ruche –-, ou encore émanent d’une poésie visuelle splendide – Pablo et Luna jouant dans la neige, évoquée par un drap blanc qui vient s’enrouler autour des jambes d’une trapéziste qui vrille sur elle-même.


Crédit photo : Théâtre Motus

Que ce soit sur cinq immenses voiles ou sur de petits écrans de fortune, les ombres (concoctées par Marcelle Hudon) viennent enrichir visuellement cette histoire d’exil politique. Luna peut ainsi nous présenter sa banderole de vie, parcelles de mémoire, et expliquer clairement ce qu’est le double animal, nous donnant accès à une petite partie de sa culture mexicaine. Elles permettent aussi d'assister aux discussions entre Luna et son père ayant lieu avant son départ, souvenirs que raconte la jeune fille. Certaines scènes de théâtre d’ombres viennent aussi jouer un rôle plus ludique, comme le passage de Pablo devant le panneau rayon X à la douane.

Philippe Racine et Mathilde Addy-Laird font un excellent travail de manipulation et de jeu, ayant en main, respectivement, Pablo et Luna. Hugo Monroy Nãjera, comme invité spécial, joue magnifiquement de la guitare, tel un mariachi discret, créant la trame musicale principale de la production. Mentionnons aussi le fantastique travail des artistes de cirque, Janika Fortin, Marc ‘Marcus’ Gauthier et Marina Salonga.

Parions sans aucun doute que cette nouvelle création du Théâtre Motus saura ravir parents et enfants pour les années à venir.

Lire aussi la critique de Daphné Bathalon lors de la création de Luna aux Coups de théâtre 2012, en cliquant ici.

10-03-2013