Deux petites filles se préparent à partir à la découverte du monde. Munies d’un casque de hockey, elles s’entraînent à ne pas s’ennuyer de ceux qu’elles aiment et à dormir sans avoir peur du noir! On saisira bien vite que ce départ est aussi une fuite. Fuite loin d’une grande peine d’amitié, d’une trahison qui a laissé des blessures toujours vives. Mais peut-on vraiment laisser ses peines derrière?
L’aventure est-elle bien là où l’on croit la trouver?
Fondé en 1976, le Théâtre de l’Avant-Pays est né de la rencontre de marionnettistes issus de l’Université du Québec à Montréal et de comédiennes de l’option théâtre du Cégep de Saint-Hyacinthe.
Tout au long de son histoire, la compagnie a œuvré à interroger les spécificités et le caractère multiforme du médium de la marionnette. À travers ses 40 saisons (1976-2016), elle a donné près de 4 000 représentations et rejoint plus de 800 000 spectateurs.
Scénographie : Julie Vallée-Léger
Environnement sonore : Nancy Tobin
Éclairage : Marie-Aube St-Amant Duplessis
Manipulation cachée : Noë Cropsal
Photo : Théâtre de l'Avant-Pays
Techniques : ombres
Durée : 55 minutes
Production Théâtre de l'Avant-Pays (Montréal)
Maison de la culture Frontenac
2550, rue Ontario Est
GRATUIT
Billetterie : 514 495-9944 ou en ligne ici
A : adultes (13 ans et +) | E : enfants 12 ans et – | R : réduction * | G : groupes (10 pers. et +)
(*Membres AQM, étudiants, aînés 65 ans et +, acheteurs de trois billets de spectacles différents ou plus.
Taxes et redevance incluses.
Les clients qui auront acheté en ligne ou par téléphone des billets au tarif réduction devront présenter une carte d’identité avec photo à l'entrée de la salle de spectacle.
À la Maison de la culture Frontenac un jeudi après-midi, Partout ailleurs de la dramaturge et ancienne collaboratrice à Montheatre.qc.ca, Rébecca Déraspe, connaît son avant-première. Destinée au public de sept ans et plus, cette nouvelle création laisse présager de belles choses.
L’auteure voit une autre de ses œuvres, Gamètes, donnée présentement à La Petite Licorne sous la direction de Sophie Cadieux avec Annie Darisse et Dominique Leclerc. Cette fois-ci, c’est au tour d’un autre duo d’actrices, Marianne Dansereau et Marie-Ève Bérubé, de donner vie à cette langue colorée et sans complexes. Dans une mise en scène de Dinaïg Stall, cette proposition du Théâtre de l’Avant-Pays (dont on a pu voir Mémoire de Lou au Festival Petits Bonheurs et Ma mère est un poisson rouge à la Maison Théâtre l’automne dernier) aborde les zones parfois sombres des relations humaines.
Depuis ses débuts, la compagnie cherche à interroger les différentes spécificités de l’art de la marionnette. Ici, seuls les jeux d’ombres seront exploités. Pendant près d’une heure, la représentation scrute le quotidien de deux gamines, dont une attachante Mia de neuf ans, qui espèrent partir à la conquête du monde. Elles doivent apprendre à ne pas s’ennuyer des êtres proches et à dormir sans frayeur dans le noir. Or, cette envie de départ cache aussi des peines d’amitié. Entre le désir de rupture et celui de préserver des liens affectifs, le cœur de Mia balance.
Juste avant le spectacle, la metteure en scène vient préciser aux jeunes spectateurs que l’harmonisation des jeux d’éclairage conçus par Marie-Aube Saint-Amant Duplessis n’est pas encore tout à fait à point. La première moitié de Partout ailleurs se déroule dans une certaine sobriété. Le traitement s’en retrouve plus épuré que dans les précédentes réalisations de l’Avant-Pays: moins de fantaisie avec la manipulation des objets comme dans Ma mère…, moins d’émotions que dans Mémoire de Lou. Le travail d’ombres et de lumières de Partout ailleurs comporte au tout début quelques moments plutôt cocasses (avec, par exemple, les parents de Mia qui s’expriment pendant que nous entendons des bruits insolites). Visuellement, le travail scénique devient beaucoup plus évocateur dans la deuxième moitié, notamment lorsque les deux amies prennent davantage de liberté dans leur quête. Plus tard, lorsque la reproduction d’un plan d’évacuation surgit en fond de scène, l’émergence d’éclairages mauves confère à la production une autre séquence magnifique. Par ailleurs, la conception sonore de Nancy Tobin marie sans difficulté des styles éclectiques, comme un court extrait d’un air plus funk et de la musique orchestrale plus classique. Mentionnons aussi une scénographie ingénieuse de Julie Vallée-Léger avec ses différents panneaux verticaux et horizontaux.
L’une des faiblesses de la pièce se répercute au travers du texte. Si l’écriture de Déraspe évite les stéréotypes quant à l’amitié des deux filles («pas quétaine», pour reprendre les mots de l’amie de Mia), elle aurait mérité une progression dramatique plus accentuée. Vers la fin, il se dégage un sentiment d’avoir tourné en rond quant aux relations avec les divers personnages évoqués tout au long du récit.
L’interprétation se révèle juste, particulièrement chez Dansereau (remarquée dans une précédente édition des Zurbains), très énergique sous les traits d’une Mia à la fois révoltée et craintive face à son entourage. Marie-Ève Bérubé ne bénéficie pas toutefois d’un rôle aussi développé que sa partenaire de jeu.
Malgré tout, quand Mia affronte enfin ses peurs, son envol apporte une touche émouvante à ce Partout ailleurs toujours en construction.
La pièce est présentée cet hiver et ce printemps dans le réseau des Maisons de la culture - détails.