Un comédien s’imagine dans la peau d’un immigrant portugais. Accompagné d’un musicien sur scène, il raconte en mouvements, en mots et en musique des parcelles de la vie d’Antonio. Ponctuée par les rendez-vous au bureau de l’Immigration auxquels Antonio doit se plier pour tenter d’obtenir ses papiers de résident, cette histoire en partie inventée repose toutefois sur des fragments de récits réels.
Immigrant de l’intérieur invite à entrer dans l’univers de cet homme venu de là-bas pour vivre ici. Immigrant de l’intérieur, c’est la mémoire d’un départ, la découverte d’une vie nouvelle; ce sont ces portes qui s’ouvrent souvent et qui se ferment parfois.
Tendre et amusant, ce spectacle inventif raconte le rêve d’une vie meilleure en opposition à la nostalgie de tout ce qu’on doit laisser derrière soi.
Section vidéo
Musique Francis Guérard
Scénographie, création costumes et accessoires Marjolaine Provençal
Maquillages Suzanne Trépanier
Création lumière Julie Basse
Conception vidéo Pierre-Luc Schetagne
Conseils dramaturgiques David Paquet
Chorégraphie Johanne Madore
Direction de production Josée Fontaine-Rubi et Marjorie Lefebvre
Équipe de création Nicolas Brites, Jacqueline Gosselin, Francis Guérard et Yves Simard
Direction artistique Jacqueline Gosselin et Yves Simard
Photo Pierre-Luc Schetagne
Durée 55 minutes
La pièce est en tournée depuis 2015
Production DynamO Théâtre (Québec/Portugal)
Usine C
1345, avenue Lalonde
Billetterie :
voir les informations sur la page principale des Coups de théâtre ou sur le site officiel
Dans Immigrant de l’intérieur, les compagnies DynamO Théâtre et Teatro O Bando du Portugal lient une réflexion sur l’intégration à une fertile imagination scénique.
«Croyez-vous qu’il sera possible d’inventer un monde où il n’y aura plus d’étranger», chantait avec ferveur la regrettée Pauline Julien. C’est dans un désir similaire d’humaniser la question épineuse, et souvent complexe, de l’accueil d’un immigrant dans un nouveau pays que s’est façonné la trame narrative de la production destinée aux enfants de huit ans et plus.
Pendant 55 minutes, nous suivons le périple du sympathique Antonio, qui a quitté son Portugal natal pour Montréal. Habitant au sixième étage d’un immeuble, le protagoniste doit se rendre régulièrement aux services d’immigration pour officialiser son nouveau statut de citoyen. Vêtu d’un long manteau et coiffé d’un chapeau noir, il se déplace d’un endroit à l’autre de la ville avec son vélo. Pourtant, en son for intérieur, se vit la dualité entre le désir d’une vie meilleure ici pour lui, sa conjointe et ses enfants, et la nostalgie des souvenirs d’un passé que l’on doit apprendre à laisser derrière soi. Antonio aura heureusement la chance de rencontrer Francis qui joue de divers instruments, dont le clavier et le violon. À ce tandem, s’ajoutent des témoignages filmés d’hommes et de femmes qui ont choisir de venir s’installer ici.
Sur le plateau, nous voyons, côté jardin, un arbre et, côté cour, le bureau de Francis. En plein milieu trône une imposante structure grise (à l’allure d’une montagne) qui représente brillamment les différents lieux de l’intrigue. Grâce à des poignées de porte qui apparaissent comme par magie, nous nous retrouvons entre autres devant la façade de l’immeuble où habite Antonio, ou encore dans la salle d’attente des bureaux d’immigration. Pour faire ressortir le cadre aliénant de ce dernier endroit, le comédien s’amuse à tracer des indications informatives avec une craie blanche sur le mur et sur le sol.
Si le traitement dramaturgique des thèmes abordés demeure somme toute assez prévisible, la mise en scène de Jackie Gosselin apporte quant à elle de nombreuses et agréables surprises. Par exemple, Antonio ouvre dans le haut du décor une minuscule porte pour souhaiter une agréable nuit à sa progéniture. Dans une autre séquence à la fois comique et attendrissante, il dessine sur sa veste à manche courte le contour d’un petit carré. Il y dépose délicatement une poignée, afin de nous dévoiler un cœur rouge-vif. Du début à la fin, la pièce de théâtre s’apparente ainsi à une boîte à surprise. Son traitement permet d’illustrer pour le courageux père de famille la possibilité d’élargir ses horizons dans sa nouvelle existence. Peu de temps avant le dénouement, la projection d’un ciel bleu, ou encore la superposition de visages d’immigrantes et d’immigrants avec le sourire aux lèvres, nous montrent des fragments tangibles de cette poésie au message d’espoir.
L’interprétation juste et émouvante d’Yves Simard dans le rôle principal contribue grandement à l’intérêt de cet Immigrant de l’intérieur. Sans jamais tomber dans la caricature ou la tentation larmoyante, son portrait d’un Antonio déterminé à faire son bout de chemin dans cette société méconnue démontre une authenticité palpable. L’acteur compte heureusement sur la présence de Francis Guérard, son complice multi-instrumentiste. La prestation de ce dernier, lors des nombreux intermèdes musicaux, soutient adéquatement l’éventail des sentiments imprégnant le texte. Elle témoigne aussi d’une harmonieuse complicité, autant dans les scènes plus dynamiques que dans les plus mélancoliques, alors que la douceur du violon caresse les oreilles.
Avec une sensibilité curieuse et délicate, Immigrant de l’intérieur constitue en somme un beau témoignage théâtral sur la fraternité humaine.