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Coups de théâtre 2016 - 15 et 17 novembre 2016, 10h, 16 novembre 10h et 19h
Les Misérables
Théâtre d'objets - première nord-américaine
10 ans et +
D’après le roman de Victor H ugo.
Texte Marie Delhaye et Karine Birgé
Collaboration à l’écriture Françoise Lott
Mise en scène Agnès Limbos et Félicie Artaud
Interprétation Marie Delhaye et Karine Birgé

C’est l’histoire d’un homme qui a tout perdu, paria de la société poursuivi par son passé de bagnard, et qui se sacrifie pour le bonheur d’une enfant que le sort lui a confiée.

C’est l’histoire d’une femme victime, réduite à abandonner son enfant; d’un flic fanatique et infatigable; d’un gamin des rues impertinent et libre; du combat entre le bien et le mal; d’une course-poursuite qui dure des années et d’un homme dont la conscience est sans cesse mise à l’épreuve. C’est aussi l’histoire d’un peuple aux abois qui se soulève et défend son idéal jusqu’à la mort.


Section vidéo


Scénographie Frédérique de Montblanc
Création image Antoine Blanquart
Création lumière Dimitri Jurkowsky
Création et montage sonore Guillaume Istace
Création costumes Françoise Colpé
Régie lumière et sonore Karl Descarreaux ou Dimitri Jurkowsky
Direction de production Élodie Beauchet
Direction technique Dimitri Jurkowsky
Photo Gilles Destexhe

Durée 75 minutes

Production La Compagnie Karyatides (Belgique)


CoupsStudio Hydro-Québec du Monument-National
1182, boulevard St-Laurent
Billetterie :
voir les informations sur la page principale des Coups de théâtre ou sur le site officiel

 
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Critique

Crédit photo : Yves Gabriel

Avec sa production Les Misérables, la compagnie belge Karyatides offre une formidable synthèse de l’une des plus grandes histoires de Victor Hugo et du 19e siècle.  Une brique de plus de 1000 pages condensée en un spectacle de 75 minutes, en marionnettes, est-ce possible sans en sacrifier la portée sociale? Oui, et doublement oui! Cette adaptation des Misérables en fait bien la preuve.

L’histoire est bien connue, surtout grâce au succès mondial d’une comédie musicale dont la popularité ne se dément pas. Jean Valjean, pour un pain volé, est envoyé au bagne. Il n’en ressortira que des années plus tard, la rancune au cœur. « Dix-neuf ans de prison pour un pain, telle est la justice des hommes. » Des rencontres sur sa route (un évêque, Fantine, Cosette, Marius…) feront de lui un homme bon et finalement prêt à pardonner à celui qui le pourchassera pendant 20 ans : l’inspecteur Javert. Les Misérables, c’est l’histoire des petites gens et de leur résilience, l’histoire de ceux et celles qui, un jour, en auront assez et se soulèveront, l’histoire en somme de ce qui mena à la Révolution française.

Marie Delhaye et Karine Birgé, qui signent aussi le texte de cette adaptation pour marionnettes, nous font le portrait de ces « miséreux » avec quelques accessoires et, surtout, une véritable armée de santons et de figurines (dont on ne distingue malheureusement pas le détail de plus loin dans la salle). Sur scène, c’est un ballet incessant, une chorégraphie minutieuse, où les interprètes et manipulatrices s’échangent les rôles et les figurines pour une production à quatre mains aussi précise que fascinante. Grand silence dans la salle remplie de jeunes du primaire qui, sans doute, ne connaissent rien de l’œuvre d’Hugo ni de la révolution qui renversa le système monarchique français, du moins temporairement.

L’adaptation, si elle met évidemment de côté de larges pans de l’histoire originale et évacuent complètement certains personnages, n’en dresse pas moins un tableau exhaustif et percutant des injustices sociales, des moins nantis, des pauvres, des exclus, de ceux qui tentent de s’en sortir et de ceux pour qui, souvent, la seule porte de sortie, sera la mort. Bien que triste, le récit est allégé par de superbes trouvailles techniques (notamment les courses-poursuites, très appréciées du jeune public) et un texte vif.

La production, mise en scène par Agnès Limbos et Félicie Artaud, explore avec justesse et sensibilité les notions de justice et d’injustice, de bien et de mal, de sacrifice aussi, personnel ou social. Mais ce sont avant tout les drames humains qui viennent nous prendre au cœur grâce à la sobriété du spectacle et à l’impression que cette histoire nous est contée pour la première fois, juste pour nous.

16-11-2016