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Coups de théâtre 2016 - 18 novembre 2016, 10h, 19 et 20 novembre 13h
Comment j'ai appris à parler aux oiseaux
Théâtre visuel - première mondiale
De 5 à 8 ans
Texte, mise en scène, conception visuelle et interprétation D. Kimm

Mlle Mouche est une sympathique vieille fille qui parle aux oiseaux mais qui est très maladroite avec les humains. Hésitant entre dire la vérité en faisant de la peine ou mentir pour faire plaisir, elle trouve ça compliqué de communiquer. Elle a toujours voulu voler et s’entraine maintenant au « gym » pour réaliser son rêve. Entre migration, parade nuptiale et toilettage d’oiseau, on s’attache à cette Mlle Mouche qui ne lésine pas sur les mimiques et la danse à claquette pour nous communiquer sa passion pour ses petits amis ailés.

D. Kimm est une formidable conteuse et le spectacle est une splendeur sur le plan visuel grâce aux images projetées et à une scénographie originale intégrant les nouvelles technologies. On y traite du sentiment que chaque enfant vit tôt ou tard : se sentir à l’extérieur du monde.


Section vidéo


Scénographie D. Kimm et Lucie Bazzo
Création lumière et direction tehnique Lucie Bazzo
Création sonore et direction musicale Guido Del Fabbro
Projections vidéo Allison Moore
Vidéo scénographie Artificiel / Jimmy Lakatos
Création costumes Maude Audet
Tête d’oiseau Erica Schmitz
Structure cage Marc Fournel
Robotique Artificiel / Guillaume Arseneault
Direction artistique D. Kimm
Dramaturgie Simon Boulerice
Direction d’acteur et conseils à la dramaturgie Yves Dagenais
Assistance scénographie et éclairage Catherine Fournier-Poirier
Vidéo Allison Moore
Photo Caroline Hayeur

Durée 45 minutes

Production Les Filles Électriques (Québec) - Festival Phenomena


CoupsThéâtre Rouge du Conservatoire
4750, avenue Henri-Julien
Billetterie :
voir les informations sur la page principale des Coups de théâtre ou sur le site officiel

 
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Critique

Au Théâtre Rouge du Conservatoire un vendredi matin ensoleillé, la performeuse D. Kimm touche aux différentes facettes des métiers de la scène dans Comment j’ai appris à parler aux oiseaux, un solo qui baigne dans des réflexions philosophiques cocasses et parfois graves sur notre monde.  


Crédit photo : Caroline Hayeur

Créé pour les enfants de 5 à 8 ans, le spectacle de 45 minutes donne l’opportunité à l’artiste multidisciplinaire de porter de nombreux chapeau. D. Kimm devient à la fois auteure, metteure en scène, conceptrice visuelle et interprète de son propre texte. Connue également comme directrice artistique du Festival Phenomena, elle nous charme beaucoup avec cette proposition inusitée.

L’histoire traite de la difficulté d’établir des relations sans faux-fuyant et sans jugement avec les autres êtres humains. Le public vient à la rencontre d’une dénommée Mlle Mouche. Cette attachante «vieille fille» aime s’entretenir davantage avec les créatures ailées qu’avec ses semblables qui la rendent maladroite et timide. Elle hésite entre dire une vérité susceptible de chagriner ses proches ou mentir pour recevoir de l’amour. La communication demeure une activité compliquée pour elle. Plutôt que de se  recroqueviller sur elle-même et de se morfondre dans sa solitude, la protagoniste décide de s’entraîner désormais au gymnase («où elle rencontre un Jim») pour réaliser son rêve. Car elle veut plus que tout voler («pas les porte-feuilles, mais bien dans les airs»).     

Sur le plateau, au tout début de la représentation, trônent au centre une cage avec des sources lumineuses à l’intérieur, deux tabourets bleus et un livre format géant avec le titre Parler aux oiseaux. Lorsque Mlle Mouche arrive dans ce décor, elle porte un masque d’oiseau sur son visage, cachant ainsi ses yeux. Elle est vêtue d’une sobre robe bleue avec un collet de dentelle blanche et porte de petites bottes noires. La narratrice monte à l’occasion sur l’un ou l’autre des tabourets; des jeunes s’empressent à chaque fois de lui dire de «faire attention de ne pas tomber». Un tel geste démontre la connivence que l’artiste réussit à développer avec son public De superbes projections vidéo sur le grand écran en fond de scène apportent des touches poétiques à l’intrigue (rappelons la collaboration appréciable de Lucie Bazzo), entre autres avec des illustrations en couleur de ses amis ailés, ou encore des paysages peints (surtout le dernier, un magnifique décor d’hiver). La comédienne ne s’exprime pas uniquement avec des mots (bien qu’elle abuse légèrement de certaines onomatopées comme «wow» ou «hé»), mais beaucoup par sa gestuelle et parfois par la danse. Plusieurs scènes entraînent les rires, dont celle où Mlle Mouche confronte un flamant rose avec une petite chorégraphie de claquettes. Parmi les compagnons mentionnés dans son témoignage, soulignons l’albatros («qui a les plus longues ailes») et le colibri (représenté, entre autres, par son boa en plume). Un peu avant la fin du périple, de gentilles personnes nous donnent des reproductions d’oiseaux peints sur un bout de bois. Les spectateurs de la rangée la plus éloignée transmettent alors les oiseaux à la personne devant eux, et ainsi de suite jusqu’à ce que les objets artisanaux atteignent la scène. Ce geste de participation permet de vivre tous ensemble le voyage de migration vers le sud lors de la saison froide des amis de l’héroïne.

Peu avant le dénouement, la pièce aborde plus spécifiquement la nécessité de prendre soin de ses proches. Mlle Mouche tente alors de briser la glace avec une sœur distante en lui achetant un cadeau. D. Kimm, souvent enjouée depuis le début, révèle alors une touchante ferveur. Une œuvre telle que Comment j’ai appris à parler aux oiseaux nous incite ainsi à démontrer plus d’écoute aux gens et au monde extérieur.   

19-11-2016