Dans un univers où les choses vont souvent par deux, ELLE est privée d’une main, LUI d’un pied. Aussi rapidement que magiquement, ils rétablissent la situation : le voilà avec deux pieds, la voilà avec deux mains! Jouent-ils? Imaginent-ils? Quoiqu’il en soit, aussitôt dit aussitôt fait, ils inventent une fabrique de pieds et de mains.
Les premiers visiteurs affluent : une SOURDE OREILLE, une FEMME SANS NEZ, un HOMME NORMAL qui veut se faire des réserves, un PIED MARITON et ultimement… un HOMME SANS BRAS. ELLE et LUI envisagent alors d’adapter leur fabrique à la situation.
En échange de leurs bons services, ELLE et LUI reçoivent… des fleurs. Oui! Des fleurs, à l’intérieur…
Assistance à la mise en scène Marie-Claude D’Orazio
Équipe de scène Marie-Claude D’Orazio et Nicolas Fortin
Conseils à la dramaturgie scénique Dinaïg Stall
Direction technique Nicolas Fortin
Espace Patrice Charbonneau-Brunelle
Création lumière Dominique Gagnon
Création sonore Larsen Lupin
Création costumes Elen Ewing
Coordination de production Marie-Claude D’Orazio et le Théâtre Ébouriffé
Photo Marc-Antoine Zouéki
Durée 40 minutes
Production Théâtre Ébouriffé, en collaboration avec Le Carrousel, compagnie de théâtre (Québec)
Vidéo disponible sur le site du Théâtre Ébouriffé ou sur le site des Coups de théâtre 2016
L'Arène - Aux Écuries
7285, rue Chabot
Billetterie :
voir les informations sur la page principale des Coups de théâtre ou sur le site officiel
En première montréalaise aux Écuries, la nouvelle production du Théâtre Ébouriffé intitulée Des pieds et des mains possède bien des qualités pour séduire les six à douze ans, tout comme les adultes.
Ces dernières années, Marie-Ève Huot a démontré une intéressante polyvalence dans la conception d’univers très distincts. Elle a monté, notamment, une charmante relecture fantaisiste d’Une lune entre deux maisons de Suzanne Lebeau et un récit d’aventures initiatiques avec Un château sur mon dos de Martin Bellemare (aussi derrière la partition de Des pieds et des mains). La metteure en scène, également codirectrice artistique du Théâtre Le Carrousel, a signé, de plus, un texte inspiré par la mort de son père, Nœuds papillon. Pour les plus grandes personnes, Bellemare avait écrit le très percutant La Liberté qui fut présenté à la Salle Fred-Barry du Théâtre Denise-Pelletier sous la direction de Gaétan Paré.
Pendant une quarantaine de minutes, nous suivons les faits et gestes de deux curieuses créatures (une fille et un garçon) qui apprennent que les choses viennent souvent en nombres pairs. La première est privée d’une de ses deux mains. Son compagnon subit les désagréments d’avoir seulement un pied. Avec l’aide d’une boîte qui joue un rôle similaire au chapeau d’un magicien, le tandem règle leurs problèmes de difformité en un claquement de doigts. Le garçon retrouve son pied manquant, sa complice peut désormais applaudir avec ses deux mains. Pour aider tous les individus susceptibles de souffrir eux aussi de leurs différences physiques, les deux amis inventent une fabrique de pieds et de mains. Mais les intentions, aussi vertueuses soient-elles, entraînent une succession d’individus aussi bizarres (et parfois peu scrupuleux) les uns que les autres, dont une oreille sourde, une femme sans nez, un pied mariton (qui danse quelques mesures alors que nous entendons une voix fredonner l’air du même nom), ou encore un homme sans bras. Tentant de déjouer un système déshumanisant, les deux instigateurs de l’entreprise demandent un paiement par fleur plutôt qu’en argent.
Le plateau est constitué, en fond de scène, de panneaux lumineux (très joli travail de Dominique Gagnon) qui s’illuminent de différentes couleurs tout au long de la représentation. Il comprend, surtout au centre, une petite scène carrée d’où s’exécutent les deux protagonistes principaux de l’histoire (bien interprétées par Maude Desrosiers et Joachim Tanguay). Un troisième acteur (Philippe Robert, également juste dans son jeu) se joint à leurs péripéties insolites. Dès l’amorce du spectacle, les jeux d’ombres amusent grandement l’auditoire. Par la suite, des enchaînements s’effectuent assez habilement entre des séquences où nous voyons seulement une succession de mains (ressemblant parfois à des vagues) ou de pieds de couleurs variées (qui osent quelques pas de danse), et les autres avec les acteurs en chair et en os avec tous leurs membres. Parfois elliptiques et souvent parsemées de trouvailles loufoques («c’est sans queue ni tête, tiens on pourrait en fabriquer!»), les répliques s’avèrent souvent d’une grande justesse.
Si la conception sonore de Larsen Lupin manquait d’harmonie dans Dimanche napalm de Sébastien David à l’affiche actuellement au Centre du Théâtre d’Aujourd’hui, elle se révèle ici brillante et fortement imaginative. Elle se permet autant des roulements de tambours pour susciter la surprise que des extraits musicaux plus énigmatiques, évoquant, par exemple, l’esprit des aventures de la célèbre Panthère rose.
Du début à la fin, le public a beaucoup interagi devant les nombreux rebondissements de la pièce. Car Des pieds et des mains touchent à plusieurs cordes sensibles chez les spectatrices et spectateurs. En parallèle à la présentation théâtrale, des photographies réalisées par Nicolas Lévesque sont exposées dans le hall des Écuries pour encourager le respect face aux différences.