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Festival TransAmériques - 5, 6, 7, 8, 9 juin 2012, 20h
IrakeseMygale
Danse + théâtre
Un spectacle de Nicolas Cantin
Avec Gabrielle Côté, Peter James, Julien Thibeault, Ashlea Watkin

Un mal pour un bien
Mieux vaut ne pas se fier aux apparences. Sous la plus sage des eaux sommeille parfois le plus ravageur des volcans. Mygale nous le rappelle en cuisinant nos nerfs à petit feu. Les quatre paumés de son monde interlope ont beau faire des efforts pour se rapprocher, ils sont cloués à la violence. Leurs tentatives d’aborder l’autre avec douceur sont vaines. Même le silence grésille de la charge mentale qu’ils trimballent. Cœurs blindés et écorchés vifs patinent de concert dans l’impasse. Les rires sont nerveux ; les actes, imprévisibles. « Il va pleuvoir du sang », annonce une interprète. Et d’une scène à l’autre, le suspense est total.

Jeune créateur à la frontière des genres, Nicolas Cantin s’aventure avec audace sur les pentes glissantes de l’intimité. En étirant le temps et en misant sur l’extrême présence de ses interprètes, il dévoile le versant noir de la fragilité.

Nicolas Cantin

Les pieds dans la marge
Après une formation inachevée au Conservatoire de théâtre d’Avignon et diverses expériences à Paris, Nicolas Cantin trouve sa voie dans l’art du clown et du masque. Nourri par les enseignements de maîtres comme Mario Gonzales, il développe les éléments au cœur de son travail aujourd’hui : une présence sensible et juste, la puissance dramatique d’une gestuelle minimaliste, un sens aigu de la tension entre comique et tragique et le goût de transgresser les codes établis sans en avoir l’air. Il fait ses premiers pas dans la danse en 2005 avec Jachère,un solo de Christiane Bourget qui remporte un prix Paula Citron à Toronto. Installé à Montréal, il se présente sous les traits d’un cheval dans une première création très conceptuelle, Glass House, et se dépouille du masque dans Falaise. Il ne reviendra plus sur scène avant de danser pour Frédérick Gravel dans Tout se pète la gueule, chérie (FTA, 2010). Entre temps, il aura mis en piste Honolulu Punch pour les élèves de l’École nationale de cirque de Montréal où il enseigne, comme à l’École nationale de théâtre. Il aura aussi produit Grand singe, une brillante étude sur la rencontre d’un homme et d’une femme. En 2011, il cosigne Patinoire de la compagnie Les 7 doigts de la main ; et le duo Belle Manière, qui confirme sa maîtrise du temps et son talent à créer des œuvres puissantes dont il signe également les ambiances sonores.


Section vidéo
une vidéo disponible


Lumières Alexandre Pilon-Guay
Photo Rodolphe Gonzales
Rédaction Fabienne Cabado

Création

Durée : 1 h 10

Tarif régulier : 28 $
30 ans et - / 65 ans et + : 23 $

Forfaits en vente 15% à 40% de réduction

En parallèle
Rencontre avec les artistes en salle après la représentation du 6 juin

Coproduction Festival TransAmériques

Codiffusion La Chapelle


FTALa Chapelle
3700, rue Saint-Dominique
Billetterie : FTA - 514-844-3822 / 1-866-984-3822
Quartier général FTA : 300, boul. de Maisonneuve Est

 
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 Critique
Critique

par Sara Fauteux

Dans ces derniers spectacles, Grand singe et Belles Manières, qui forment avec Mygale une sorte de cycle, Nicolas Cantin explore l’intimité entre les êtres, la douceur et la violence qui émerge de ces états de vulnérabilité. Dans Mygale, il met en scène des êtres à peine habités de vie, léthargiques au possible. Des corps qui s’affaissent les uns contre les autres, parfois habités de désir ou de violence, parfois apparemment vides de toute sensation. Dans des mouvements lents, décousus, qui déforment les corps, les quatre interprètes du spectacle s’attirent et se rejettent avec autant de fougue que de nonchalance.

La scène grise, presque vide, défraichie, est éclairée par un nombre restreint de lampes très visibles qui habillent la scène. La conception d’Alexandre Pilon Guay aux éclairages est sobre, juste et d’une grande finesse. Il joue notamment très habilement des effets à contrejour avec le public, créant de magnifiques images. L’univers sonore alterne entre des bruits parasites à un volume extrême et des musiques émises par un petit magnétophone manipulé par les acteurs. Les magnifiques pièces de piano et les chants arabes agissent comme une porte d’entrée pour le public.

Pour décrire son travail et ses spectacles, Cantin affirme qu’il cherche à faire entendre ce que le dernier de classe a à dire, ce petit gêné au fond de la salle de cours qui ne connait pas la bonne réponse. S’il est vrai que c’est souvent celui-là, celui qui est inconfortable dans le monde, qui nous offre le regard le plus singulier, voilà une vision bien romantique et simpliste de voir les choses. Le vrai ne se dégage-t-il pas plutôt de la recherche de la zone d’inconfort qui existe en chacun de nous et qui nous rapproche de notre humanité, le beau gosse de la classe comme le souffre-douleur?

Une chose est sûre, cette vérité ne s’extirpe pas et bien souvent, ne se pointe pas le bout du nez quand on la cherche trop. Il faut la laisser venir à soi. Et bien que Cantin semble maitriser l’art de prendre son temps pour voir ce qui émerge du dépouillement, il cherche peut-être encore beaucoup trop à forcer une vérité, une beauté qui ne trouve pas toujours sa voie dans Mygale

06-06-12