Un vaudeville totalement décalé où le kitsch côtoie le sublime. Du théâtre innocemment radical où le temps se distend pour révéler l’inanité des codes sociaux, la pitoyable faillite du mode de vie occidental et le vide abyssal qui s’infiltre dans nos vies. Bienvenue dans l’univers de Christoph Marthaler, devenu, par ses fabuleuses odes au pathétisme de l’Homme, l’un des phares de la mise en scène européenne. Une rare occasion de voir une œuvre majeure d’un artiste hors-norme dont l’œuvre colossale ne cesse de détraquer le théâtre pour mieux le rapprocher de la vie.
Ce dérapage contrôlé à partir d’une pièce de boulevard de Labiche met en jeu les familles Malingear et Ratinois en pleine exagération de leur statut social afin de faciliter le mariage de leurs rejetons respectifs épris l’un de l’autre. Or, les Malingear parlent français et les Ratinois, allemand, ce qui aggrave naturellement les choses quand l’on transforme sa vie en théâtre de l’esbroufe.
Christoph Marthaler (Bâle + Lausanne)
Maître de l’ironie, du décalage et de la manipulation du temps, Christoph Marthaler est l’un des plus importants metteurs en scène d’Europe, imposant depuis 35 ans une œuvre singulière captant de façon saisissante, et souvent hilarante, le vide qui avale de plus en plus la vie contemporaine.
Section vidéo
Scénographie et costumes Anna Viebrock
Dramaturgie Malte Ubenauf
Crédit photo Simon Hallstrom
Durée : 2 h 20
Tarif 45 $ à 65 $
27 mai, rencontre après la représentation
Films
Dans un hôtel déserté des Alpes suisses, au milieu des tapis roulés et meubles recouverts, d’étranges chœurs hantent le vide de leur mélancolie. Le metteur en scène Christoph Marthaler célèbre un rituel créatif fait de mystère et d’harmonie.
Suisse, Sarah Derendinger, 2009, 1 h, v. o. all. s.-t. ang.
5 à 7
Autour des spectacles
Une île flottante + Ce ne andiamo per non darvi altre preoccupazioni + The Black Piece
Films
L’affaire Makropoulos est un opéra de Janáček aussi dense que délirant sur l’immortalité. Christoph Marthaler en signe en 2011 une mise en scène surprenante, conférant humour et légèreté à la prestation virtuose de la soprano Angela Denoke et du Philharmonique de Vienne.
Autriche (Festival de Salzbourg), Hannes Rossacher, 2012, 2 h 15, v. o. all.
Autres activités
Le FTA est un moment privilégié de rassembler critiques francophones et anglophones du Canada. À l’occasion d’Une île flottante, ils croisent les regards pour offrir une lecture à plusieurs voix d’une comédie où rivalisent deux familles et deux langues.
Animation Philippe Couture
En français et en anglais
En collaboration avec Association québécoise des critiques de théâtre + Canadian Theatre Critics Association
Création au Theater Basel, le 21 décembre 2013
Coproduction Odéon Théâtre de l’Europe (Paris), Théâtre National de Toulouse Midi-Pyrénées, Le Parvis – Scène Nationale Tarbes-Pyrénées (Ibos) avec le soutien de Pro Helvetia – Fondation suisse pour la culture (Zurich)
Présentation Uniprix, Fondation Cole
Place des Arts - Théâtre Jean-Duceppe
Place des Arts
Billetterie : En ligne : fta.ca
Par téléphone
514 844 3822 / 1 866 984 3822
En personne :
La Vitrine, billetterie officielle du FTA* -
2, rue Sainte-Catherine Est (métro Saint-Laurent)
*En personne, les billets pour les spectacles présentés à la Place des Arts ne sont pas en vente à La Vitrine, mais exclusivement à la PDA.
C’est inspiré d’une pièce d’Eugène Labiche, La poudre aux yeux, dont il ne reste que le vague canevas (deux couples qui marient leurs enfants et qui essaient de s’impressionner mutuellement en exagérant leur position sociale et train de vie). Mais dans cette création bilingue de 2013 du metteur en scène germano-suisse Christoph Marthaler, tout est dans la mise en scène et le jeu d’acteurs. Une île flottante oppose deux familles wannabe-bourgeoises, l’une française et l’autre allemande.
Ce spectacle signé du grand Marthaler - la coqueluche européenne, de retour à Montréal vingt ans après son dernier passage - est réglé dans les moindres détails. C’est un ballet savamment orchestré de regards, de sons, de petits gestes et d’objets du décor. Et c’est là tout le génie de Marthaler, présenté au théâtre Jean-Duceppe en ouverture du FTA.
Le rythme est lent, mais régulier, entrecoupé de beaucoup de silences - la pièce est d’une durée de plus de deux heures. C’est un mélange entre le loufoque des films avec Louis de Funès et l’humour british, avec beaucoup, beaucoup d’absurde. Tout semble génialement décousu, mais calculé avec précision. Chaque personnage est travaillé dans les détails, livrant un jeu bien ciselé. Ils sont tous un peu fous, comiques, cinglés. Chaque tableau est composé avec soin, et le moindre détail ou geste d’un comédien secondaire dans un coin de l’espace ajoute à l’ambiance générale déjà folle. Le décor, qui présente un intérieur d’époque avec quelques anachronismes, est chargé de mille bibelots où presque chaque objet joue un rôle.
Ici, le vaudeville s’envole dans les hautes sphères de l’absurde. Et ça, c’est un peu la spécialité de Marthaler. Il n’y a pas règles ou de logique, pas plus que dans les mouvements et, parfois, dans les paroles. Une atmosphère surréaliste s’installe rapidement, une tension, et on rit, de plus en plus.
On sort de la salle en se disant qu’on vient de voir un grand moment de théâtre. Le FTA commence décidément en force…