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La nuit des taupes
FTA 2018
THÉÂTRE
Du 3 au 6 juin 2018, 20h
Spectacle sans paroles

Une caverne de carton-pâte, sept taupes immenses : un microcosme déroutant. Un voyage improbable au centre de la Terre… qui laisse le public béat.

Un terrier, sept taupes immenses. Les voilà qui émergent de galeries de carton-pâte. Elles creusent, cuisinent, dessinent, copulent et forment même un groupe de musique punk rock. Seul Philippe Quesne peut imaginer un microcosme aussi déroutant ! Un théâtre de l’underground, écologique et philosophique, sans aucune parole. Un voyage improbable au centre de la Terre… qui laisse le public béat.

Après L’effet de Serge (FTA, 2010), le metteur en scène et scénographe français traque de nouveau le merveilleux là où ne l’attend pas dans une série de microfictions qui traversent les cycles de la vie. De Platon à Ben Laden, la caverne engendre ses mythes, impose sa loi primitive. Dans les interstices du sous-sol grouille une espèce inconnue qui peut nous apprendre à résister au cynisme, à tenter l’utopie. Cet univers ludique et fascinant, juste sous nos pieds, deviendrait-il le dernier rempart contre la folie du monde ?


Conception, mise en scène et scénographie Philippe Quesne
Interprétation Yvan Clédat, Jean-Charles Dumay, Léo Gobin, Erwan Ha Kyoon Larcher, Sébastien Jacobs, Thomas Suire, Gaëtan Vourc’h


Crédits supplémentaires et autres informations

Costumes Corine Petitpierre, Anne Tesson
Rédaction Diane Jean
Traduction Neil Kroetsch
Photo Martin Argyroglo

Durée 1h20

Rencontre après la représentation du 5 juin

Création au Kunstenfestivaldesarts, Bruxelles, le 6 mai 2016

Un spectacle de Nanterre-Amandiers – centre dramatique national
Coproduction steirischer herbst (Graz), Kunstenfestivaldesarts (Bruxelles), Théâtre Vidy – Lausanne, La Filature – Scène nationale (Mulhouse), Künstlerhaus Mousonturm (Francfort-sur-le-Main), Théâtre national de Bordeaux Aquitaine, Kaaïtheater (Bruxelles), Centre d’art Le Parvis (Tarbes), NXTSTP avec le soutien du Programme culture de l’Union européenne
Avec le soutien de la Fondation d’entreprise Hermès dans le cadre de son programme New Settings (Paris)
Avec la participation du Groupe de recherche « Behavioral Objects » – coordination Samuel Bianchini (Paris), Quai Malaquais – Atelier dirigé par Jordi Colomer (Paris)
Présentation La Presse+ avec le soutien de Institut Français (Paris), Service de coopération et d’action culturelle du Consulat général de France à Québec en collaboration avec Usine C, Carrefour international de théâtre (Québec)


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Critique disponible
            
Critique

autre critique disponible (Carrefour 2018)

Créé le 6 mai 2016 au Kunstenfestivaldesarts de Bruxelles, La nuit des taupes est un spectacle hors norme qui invite à s’enfoncer sous terre pour découvrir la vie en communauté d’une bande de huit… non sept taupes (l’une d’entre elles vient de mourir). Alors que le théâtre nous parle presque à tout coup de nous-mêmes, parfois de manière détournée, la production de Nanterre-Amandiers Centre dramatique national nous détourne temporairement de l’être humain et nous invite à prendre le temps d’observer une autre espèce animale.




Crédit photos : Martin Argyroglo

C’est en défonçant le décor de carton à coups de pioche et en se glissant ensuite dans l’ouverture que les taupes de Philippe Quesne entrent dans le théâtre, d’abord en grognant sous l’effort, puis inquisiteurs et chamailleurs en examinant les lieux où ils ont déboulé. Véritables marionnettes dans lesquelles la silhouette humaine des interprètes disparaît complètement, les taupes sont aussi attachantes qu’étranges. Leur côté pelucheux attendrit alors que gueules et griffes témoignent de leur animalité.

Spectacle sans paroles, La nuit des taupes trouve quand même le moyen d’être parfaitement limpide tout en étant ouverte à toutes les interprétations. Devant nous s'agitent de grosses bêtes poilues qui ronchonnent, rouspètent, se moquent de la maladresse des uns, dessinent, rient, copulent, bricolent, donnent naissance ou se gavent de vers de terre jusqu’à en perdre la tête. Mais surtout, dans ce sous-sol obscur et poussiéreux, elles jouent fort bien de la musique et poussent même quelques notes claires d’opéra. Bref, sous leur dehors animal, elles partagent avec l’homme bien des activités.

Pendant plus d’une heure, le public espionne leurs gestes quotidiens, leur routine de construction précise, mais apparemment dépourvue de logique. Pas de récit ni d’histoire ici. Alors qu’il s’affaire à bousculer nos repères, Quesne s’attèle surtout à faire résonner l’énergie brute des taupes à travers leurs rituels et leur musique. Et le public embarque dans le délire, s’attache à ces bêtes, les humanise tranquillement…

Le metteur en scène et créateur tire son spectacle de la matière. Entre les pierres faites de mousse, le décor en carton, les cadres de bois et les brins de paille éparpillés sur scène, La nuit des taupes repose sur des faux-semblants de stalagmite en papier mâché, de fausses perspectives et de caverne aux allures de parc d’attractions. Les taupes, elles, y paraissent tout à fait dans leur élément. Ce n’est que quand elles s’emparent de leurs instruments de musique ou lorsqu’elles surgissent au volant de ridicules trottinettes électriques que l’étrangeté domine vraiment. Les éclairages vifs tranchent aussi avec l’ensemble, surtout en fond de scène où la caverne donne l’impression de s’ouvrir sur un ciel immense et dégagé, loin de l’encombrement qui règne dans la taupinière.

C’est cependant la musique qui ouvre véritablement l’horizon, l’art que le spectacle dépeint comme un refuge contre tout ce qui voudrait nous contenir dans une petite boîte. À l’abri sous terre, la tribu de taupes se met en scène au thérémine, à la batterie, à la guitare électrique, pour faire surgir le merveilleux du fin fond des ombres. Car qui pourrait s’attendre à y entendre des notes de Brel, de folk sud-américain et de Grieg?

À la fois performance, spectacle de théâtre et concert, La nuit des taupes expose à la lumière le caractère primitif des choses en créant sous nos yeux des tableaux vivants qui viennent s’imprimer sur la rétine tout en menaçant de s’évaporer aussitôt, comme un rêve étrange s’évanouit au réveil.

04-06-2018
 

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