Un spectacle de Clara Furey
Idée originale Olivier Bertrand
Conception et direction artistique Clara Furey
Cocréation et performance Céline Bonnier

Un étouffant exercice

Clara Furey, habituée des collaborations, mais qui a présenté son premier solo en 2017 avec Cosmic Love, revient avec sa plus récente création, Rather A Ditch, sur la scène de La Chapelle. Elle renoue aussi avec Céline Bonnier, avec qui elle avait créé Hello. How are you? en 2011. Mais cette fois, il n’y a que la célèbre comédienne devant nous, qui nous plonge dans un univers certes beau, mais étouffant et difficilement accessible.

Crédit photos : Mathieu Verreault

Alternant entre de longues répétitions de mouvements et de longs moments d’immobilité, pour la plus grande partie sans musique de surcroît, Rather A Ditch, malgré de bons éléments, n’arrive pas à accrocher le spectateur. Ce fait est peut-être également dû à la chaleur intolérable de la salle, qui plonge les spectateurs dans une torpeur totale. La moitié de la salle somnole, l’autre s’évente avec les programmes de soirée. Difficile de se concentrer sur un spectacle qui se veut lent et contemplatif. Les longs moments de silence rendent gênants la moindre respiration, le moindre changement de position sur les sièges déjà d’un confort douteux.

...la performance de (Céline) Bonnier force l’admiration.

Néanmoins, la performance de Bonnier force l’admiration. Une heure et demie seule sur scène dans un décor et une chorégraphie très minimalistes relève d’un réel défi. Le «décor» est bien mis en valeur : un arrière-plan fait d’un mur de bout de tissus faisant penser à des feuilles de papier dont la texture change (conception Caroline Monnet) selon les jolis éclairages de Karine Gauthier.

On comprend aussi les thèmes que Furey a voulu aborder (mais la lecture du programme aide quand même à une meilleure compréhension); l’état des corps, l’immobilité, la solitude, la contemplation. 

« Dans l’insistance à déjouer les attentes du spectateur, je cherche à ce qu’il tombe dans un état hypnotique. Je cherche à créer chez lui une écoute, une réceptivité et un éveil, qu’il sente la puissance du son, du train, mais aussi les vagues que Céline fait avec son ventre », affirme Furey, toujours dans le programme. Et Bonnier incarne bien ces différents mouvements, mais l’état créé chez l’ensemble des spectateurs ne semble pas celui voulu par la chorégraphe.

Si le premier segment du spectacle fascine, Bonnier faisant les fameuses vagues à l’aide d’un tissu noir ondulant sur son corps, le spectateur décroche rapidement une fois les grosses basses de la musique du début (Jean-François Blouin) éteintes pour laisser place au silence et à la gestuelle de Bonnier.

Le désir de Rather a Ditch de déstabiliser son auditoire et de sortir des conventions pourrait s’avérer intéressant, et l’est certainement à la base. Par contre, les conditions dans lesquelles le projet est présenté à La Chapelle et la durée du spectacle (et la fin qui se fait cruellement attendre) n’aident certainement pas le spectateur à s’immerger dans l’ambiance désirée de la metteure en scène et chorégraphe.