Laisser venir les voix, les confidences. Apprendre à écouter. Aalaapi — faire silence pour entendre quelque chose de beau, en Inuktitut — restitue des fragments du Nord à partir d’un documentaire sonore où cinq jeunes femmes du Nunavik — Akinisie, Audrey, Louisa, Mélodie, Samantha — révèlent leur quotidien et leurs aspirations, embrassant tradition et modernité.
Une fenêtre ouverte sur la maison de deux femmes inuites qui jouent aux cartes et préparent à manger. Le temps qui passe. Entre les rafales du vent, les moteurs et les chants de gorge, Aalaapi rend d’abord hommage à la radio, liant social sur un territoire si immense. Au-delà des clichés et du sensationnalisme, misant sur un subtil décentrement de soi et un humour chaleureux, le projet inédit signé par un collectif québéco-inuit capte de précieux tressaillements de la vie d’une génération au nord du 55e parallèle. Deux cultures y partagent leur humanité dans une vibrante communion.
Idée originale Laurence Dauphinais, Marie-Laurence Rancourt
Mise en scène Laurence Dauphinais
Interprétation Nancy Saunders, Ulivia Uviluk
Crédits supplémentaires et autres informations
Réalisation du documentaire sonore Magnéto – Marie-Laurence Rancourt, Daniel Capeille
Scénographie Odile Gamache
Lumières Chantal Labonté
Musique Antonin Wyss
Son Joël Lavoie
Vidéo Guillaume Vallée
Assistance à la mise en scène et régie Charlie Cohen
Assistance à la scénographie Nancy Saunders
Traduction Brett Donahue, Nicolas Pirti-Duplessis
Animation Camille Monette-Dubeau
Direction de tournée Charlotte Ménard
Direction technique et éclairages en tournée Chann Delisle
Direction de production à la création Letícia Tórgo
Autres membres du collectif Audrey Alasuak, Mélodie Duplessis, Caroline Jutras Boisclair, Samantha Leclerc, Louisa Naluiyuk, Akinisie Novalinga
Production et tournée La Messe Basse
Collaboration à la création Magnéto
Avec le soutien de Nouveau Chapitre
Photo Anne-Marie Baribeau
Création au Centre du Théâtre d’Aujourd’hui, le 29 janvier 2019
Résidences de création Quai 5160, maison de la culture de Verdun, Ateliers de LA SERRE – arts vivants, Conseil des arts de Montréal
Durée 1h20
Mercredi 13 mai, 18 h 30, Cinémathèque Québécoise
Les Inuits, dont la chasse aux phoques constitue la clé de leur survie, revendiquent ici avec inventivité et humour leur place dans la conversation mondiale autour de cette industrie devenue controversée. La jeune génération d’Inuits technophiles invite les militants en faveur des droits des animaux à revoir leur conception ethnocentriste.
Canada, Alethea Arnaquq-Baril
2016, 82 min, VOSTF
Rédaction Elsa Pépin
Tous les textes et les informations proviennent du site fta.ca
Un spectacle du Collectif Aalaapi
Présentation en collaboration avec Théâtre Prospero
critique publiée en février 2019
Il est réjouissant de voir la scène québécoise s'ouvrir sur le Québec d'aujourd'hui dans toute sa diversité, et encore plus lorsque c'est fait d'aussi belle manière que ces jours-ci au Théâtre d'Aujourd'hui avec la production Aalaapi, du collectif du même nom.
« Aalaapi », de l'inuktitut ᐋᓛᐱ, signifie « faire silence pour entendre quelque chose de beau » et définit parfaitement l'invitation que nous font Marie-Laurence Rancourt, l'idéatrice et réalisatrice derrière le documentaire audio à l'origine de la pièce, et Laurence Dauphinais à la mise en scène du spectacle.
Dans la petite salle Jean-Claude Germain, face à une maison anonyme qu'on imagine plantée dans une nature rude, mais magnifique, s'élèvent les sons du Nord et les voix jeunes et rieuses d'Audrey Alasuak, de Samantha Leclerc, de Mélodie Duplessis, d'Akinisie Novalinga et de Louisa Naluiyuk. Elles sont pleines de projets, poursuivent leurs études, pensent s'installer dans le Sud ou retourner vivre dans leur village du Nord. Comme plusieurs de cette jeune génération, elles sont fières de leurs racines, de leur culture, heureuses de la partager avec nous.
C'est parce que la rencontre est au coeur de la démarche du collectif que l'on se sent si bien accueilli par la mise en scène respectueuse et pleine d'écoute de Laurence Dauphinais.
Au coeur de cette production sensible et poétique : la rencontre. Celle des filles dont on entend les voix, celle des deux jeunes femmes sur scène, que l'on observe dans leur quotidien à travers la grande fenêtre de leur maison, mais surtout celle de cultures ancrées dans le territoire québécois et qu'on connaît pourtant si peu, si mal. Loin, très loin du portrait triste ou problématique des villages inuits que nous dressent les médias, Aalaapi /ᐋᓛᐱnous fait voir leur esprit de communauté et nous donne un aperçu de la vie dans ces villages côtiers qui se dressent le long de la baie d'Hudson, dans un Nunavik au nom si exotique à nos oreilles.
C'est parce que la rencontre est au coeur de la démarche du collectif que l'on se sent si bien accueilli par la mise en scène respectueuse et pleine d'écoute de Laurence Dauphinais. Le coeur et l'esprit ouverts, on fait silence pour entendre la beauté sonore des images et des paysages évoqués par la trame sonore tranquille d'Aalaapi /ᐋᓛᐱ : le vent qui souffle, les chants de gorge qui se terminent invariablement en fous rires, la nature qui pétille et crépite tout autour et cette radio locale qui fait office de réseau social aussi bien que de téléphone. Il flotte même dans l'air des odeurs délicieuses de banniques (un pain sans levain) en train de cuire.
La production et ses deux interprètes en scène, Nancy Saunders et Hannah Tooktoo, dégagent une grande chaleur humaine au creux de l'hiver. C'est d'autant plus plaisant de prêter oreille et aux préoccupations qui traversent la pièce, et aux réflexions sur l'identité fragile d'une nouvelle génération d'Inuits qui cherche à se définir. Aalaapi /ᐋᓛᐱ donne envie de mieux connaître ce vaste territoire et ses habitants.
Dates antérieures (entre autres)
Du 29 janvier au 16 février 2019 - Centre du Théâtre d'Aujourd'hui