Deux hommes et une femme, fin vingtaine, début trentaine. Ils regardent un reportage sur l'état inquiétant de la planète et se demandent ce qu'ils peuvent faire. Est-ce le temps de mettre des ampoules fluocompactes et de baisser son thermostat quand c'est l'apocalypse? Ou bien faut-il devenir écoterroriste sur un quelconque baleinier? Et puis surgit l'idée: Brad Pitt, lui, pourrait faire quelque chose. C'est un artiste engagé, il est connu internationalement; lui et Hollywood pourraient faire LE film qui éveillera les consciences: «Save the planet Earth!»
Pourquoi l'ironie et le cynisme prennent-ils constamment le dessus, même dans les situations les plus alarmantes? Pourquoi toujours attendre qu'un messie vienne nous sauver in extremis? Avec un humour mordant, Angoisse cosmique explore la question de la responsabilité individuelle et dénonce le désengagement et l'inaction tout autant que « l’alarmisme ». Une comédie féroce de l'auteur Christian Lollike, nommé meilleur dramaturge danois en 2009 (Prix Reumert) pour cette pièce, créée pour la première fois au Québec par le toujours pertinent Théâtre Niveau Parking (BUREAUtopsie, Jeanne et les anges, Lentement la beauté, Reconnaissance).
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Assistance à la mise en scène Simon Lemoine
Décor et scénographie Marie-Renée Bourget Harvey
Costumes Daphnée Lemieux-Boivin
Conception sonore Yves Dubois
Éclairages Jean-François Labbé
Vidéo Lionel Arnould
Production Théâtre Niveau Parking
par Chloé Legault
Présentée lors du dernier Carrefour international de théâtre de Québec (voir la critique de ma collègue Odré Simard), la pièce Angoisse cosmique ou le jour où Brad Pitt fut atteint de paranoïa, écrite par le Danois Christian Lollike, s’est taillée une place dans la saison régulière du Périscope. Le Théâtre Niveau Parking, dont l’une des missions est de proposer des textes du répertoire contemporain, nous convie à un spectacle particulier, qui n’est pas porteur d’une histoire, mais d’un discours, celui de l’environnement, de l’écologie et des changements climatiques.
La question qui s’impose est : « comment sauver PLANET EARTH ? » Si le recyclage ne suffit pas à compenser notre consommation excessive, et que nous ne voulons pas ralentir, puisque, bien sûr, nous avons besoin de la version la plus récente de notre téléphone intelligent, que pouvons-nous faire ? Eh bien, pourquoi ne pas faire appel à Brad Pitt, cet acteur hollywoodien sexy et talentueux, qui pourrait certainement rendre la cause environnementale plus intéressante. Les trois comédiens sur scène, Emmanuel Bédard, Claude Breton-Potvin et Hugues Frenette, s’échangeront perruque et lunettes et incarneront à tour de rôle Brad Pitt, jusqu’à ce que la paranoïa le ronge complètement. C’est dans un véritable tourbillon de propositions qu’est entraîné le spectateur, le rythme est effréné et les idées fusent de partout.
Michel Nadeau signe, avec Angoisse cosmique, une mise en scène éclatée, mais très efficace. De grands écrans meublent le mur du fond ; des extraits vidéo montrant notamment Al Gore, Luc Ferry et quelques activistes ou même des scientifiques sceptiques, entrecoupés d’images alarmantes du paysage planétaire et de possibles scénarios catastrophes.
Si le texte de Lollike est cynique et critique à l’égard de notre mode de vie, Nadeau réussit à lui insuffler une certaine part d’autodérision. Le metteur en scène semble parfois se distancier du texte, comme s’il trouvait ce discours quelque peu plaqué. Une petite capsule vidéo est présentée à la fin de la pièce : Serge Bouchard y prend la parole pour nous livrer une réflexion cocasse portant sur le Canadian Tire. Le Théâtre Niveau Parking s’inscrit avec cette production dans la lignée des Bobos, émission de télé dans laquelle deux personnages (interprétés par Marc Labrèche et Anne Dorval) de la société bien-pensante et très branchée du Plateau Mont-Royal appuient des causes parce qu’elles sont tendances. Bref, dans les deux cas, on se demande finalement à quoi bon s’insurger si nos gestes ne vont pas dans le même sens que nos paroles ?