Deux cousines éloignées se croisent au-dessus de l'Atlantique. L'une vient de Québec; l'autre, de Barcelone. Anne poursuit le fantôme d’un grand-oncle que l’amour a gardé en terre espagnole; Laïa fuit vers le pays des ours et du froid. Pour quelques jours, quelques semaines, elles échangent leurs maisons... et leurs amis. Dans ces déroutants espaces de liberté, chacune apprendra la différence qui existe entre l’exotisme, les illusions et les idéaux.
Dans cette aventure théâtrale internationale, tant les personnages que leurs interprètes — deux comédiens Québécois et deux Espagnols — iront à la rencontre d'un « ailleurs » en apparence bien lointain, mais qui, peu à peu, prendra la forme d'un miroir grossissant...
Après le succès de la comédie déjantée À la défense des moustiques albinos, Philippe Soldevila et l’auteure catalane Mercè Sarrias collaborent à nouveau pour nous offrir cette histoire de voyage vers soi, tout en finesse et en humour.
Équipe de création : Christian Fontaine, Erica Schmitz, Pascal Robitaille
Une production du Théâtre Sortie de secours, en coproduction avec Sala Beckett (Barcelone)
par Odré Simard
Philippe Soldevilla, directeur artistique du Théâtre Sortie de secours, ouvre la saison 2012-2013 du Périscope avec Québec-Barcelona. Dans cette pièce, il y recherche à nouveau la rencontre, la confrontation avec l'autre et l'ailleurs. D'un côté, un couple québécois au bord de la crise, devant faire l'amour machinalement au rythme des sonneries d'alarme annonçant les moments de fertilité. Du stress, de la tension, tout pour dire qu'ils sont à un moment de leur union où l'un des deux doit dire « il faut qu'on parle ». En parallèle, deux amis catalans, dont la relation demeure ambiguë et dont la femme garde un problème bien enfoui au fond d'elle-même. Les deux femmes sont des cousines éloignées et ont clairement besoin de changer d'air. Elles troquent alors leur lieu de vie quelques semaines durant, le temps de prendre du recul, de penser à elles. Elles doivent chacune à leur manière faire la paix avec elles-mêmes, avec ce qu'elles sont. Comme quoi le voyage revient souvent à « partir pour mieux se confronter, se retrouver ».
Le Théâtre Sortie de secours défend son désir de réaliser une rencontre. Effectivement, rencontre il y a eu : à la fois entre les interprètes de cultures différentes (deux Québécois et deux Espagnols) et entre les personnages, mais entre cette histoire et les spectateurs. Les ambiances de la pièce se côtoient sur une même scène, où se croisent facilement deux histoires, deux lieux, deux cultures. Le mélange des langues est d'abord agréable, rafraîchissant, et la rencontre des cultures fait sourire à maintes reprises lorsque bon nombre de clichés sont amicalement effleurés sans prendre trop de place.
Du côté de la distribution, la performance d’Alma Alonso Peironcely semblait frôler le surjeu. Son personnage, certes, était particulièrement expansif, mais le jeu était sensiblement exagéré face à celui, plus réaliste, des autres acteurs. Était-ce pour combler le manque de fluidité en français ou si le jeu de la comédienne manquait de vérité? Difficile à dire. On réussit tout de même à passer par dessus cet effet et les interprètes Eva Daigle, Normand Bissonette et Victor Alvaro Gomez, en plus de Mme Peironcely, nous donnent droit à une foule de beaux moments.
Il faut aussi saluer le travail chorégraphique de précision qui a été effectué dans cette mise en scène. Fluides, légers, les corps des acteurs mettaient de l'avant une assurance, un rythme et une poésie permettant entre autres de faire des transitions particulièrement réussies. Une mise en scène solidement appuyée par des éclairages bien pensés de Christian Fontaine ainsi qu'une conception sonore tout à propos de Pascal Robitaille, qui devient peu à peu un incontournable en la matière dans la Capitale.
Québec-Barcelona, une pièce bien sympathique qui donne à la fois le goût de l'ailleurs et le plaisir du chez-soi.