Je suis né en 1969 en Ukraine. Ma mère ayant quitté la maison quand j'étais petit, je décide de devenir célèbre afin qu'elle puisse me voir à la télévision et me reconnaître comme sien. Entre Tchernobyl, la Glasnost et l'Armée Rouge, entre mon ami acteur Anton jouant Lénine pour de l'argent et mon amoureuse Ludmilla attendant les bienfaits promis par la Perestroïka, entre les décombres d'un monde qui se désagrège, je poursuis mon chemin. Je me nomme Sasha. Voici mon histoire.
Un jour, Sasha Samar, comédien d’origine ukrainienne établi au Québec, propose très timidement à son ami Olivier Kemeid de faire un spectacle sur sa vie. Et Sasha commence à raconter... Trois heures plus tard, Olivier, les yeux écarquillés, n’a pas pris une seule note. C’est que Sasha a eu une vie stupéfiante. Moi, dans les ruines rouges du siècle en est inspirée. La pièce propose un regard à la fois intime et global sur l’histoire récente de l’Union soviétique, tout en explorant la question du mensonge.
Le mensonge qu’on met en place afin de préserver un idéal, pour sauver les apparences. Mais qui, ce faisant, tue à petit feu.
Succès retentissant auprès de la critique et du public lors de sa présentation dans la métropole, Moi, dans les ruines rouges du siècle est lauréate du Prix de la critique - catégorie Production Montréal 2012
Section vidéo
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Assistance à la mise en scène
Stéphanie Capistran-Lalonde
Conception visuelle
Romain Fabre
Éclairages
Martin Labrecque
Conception sonore
Philippe Brault
Mouvement
Estelle Clareton
Régie
Charlotte Ménard
Direction de production
Catherine La Frenière
Assistance aux costumes
Fruzsina Lànyi
Assistance au décor et aux accessoires
Loïc Lacroix Hoy
21 avril 2015 - L’Agora des arts, Rouyn-Noranda
23 au 25 avril 2015 - Théâtre du Nouvel-Ontario, Sudbury
28 avril 2015 - Salle J.-A Thompson, Trois-Rivières
19 au 23 mai 2015 - Théâtre de Quat’Sous, Montréal
par Francis Bernier
Après avoir conquis le public et la critique lors de sa création et de sa première tournée en 2012, la pièce d'Olivier Kemeid, Moi, dans les ruines rouges du siècle, fait enfin escale à Québec, plus précisément au Théâtre Périscope. Lauréate du Prix de la critique 2012 de l'Association québécoise des critiques de théâtre (AQCT), la pièce produite par la compagnie des Trois Tristes Tigres s'inspire librement de la vie du comédien d'origine ukrainienne Sasha Samar, qui joue son propre rôle dans le spectacle.
Arrivé au Québec en 1996 après avoir fui une URSS en pleine déconfiture, le comédien a laissé derrière lui des souvenirs qui se devaient d'être racontés et que nul n'aurait pu inventer. C'est entre les mains de l'auteur et metteur en scène Olivier Kemeid qu'il a décidé de remettre son récit. Celui qui s'est fait connaître entre autres pour Bacchanale présentée au Théâtre d'Aujourd'hui en 2008 ainsi que pour sa version de L'Énéide de Virgile en 2007, qui a ensuite été traduite en anglais, en allemand et en hongrois, a tout de suite été fasciné par l'histoire que lui racontait Samar ; l'un des plus beaux cadeaux qu'on lui ait offert dans sa carrière au théâtre, avoue-t-il.
De l'explosion de Tchernobyl à l'arrivée des premières télévisions en couleur, en passant par la défaite au hockey de l'URSS face au Canada et à son démon blond Guy Lafleur, on survole globalement les événements marquants des dernières décennies à travers un regard plus soviétique que nord-américain. Cependant, c'est avant tout l'histoire de Sasha Samar qui nous est racontée ; celle d'un garçon unique élevé par son père. Un garçon qui fera tout pour devenir célèbre et ainsi retrouver sa mère disparue depuis son enfance.
Olivier Kemeid propose une mise en scène remarquable et réussit habilement à transposer sur les planches la vie de Samar. Dans des mots qui sont à la fois les siens et ceux de l'Ukrainien et grâce à un imaginaire mélangeant le vrai et le faux, il captive l'attention du spectateur dès les premiers instants du spectacle. Sa plume particulière mêle habilement le théâtre épique au contemporain, le dramatique au comique. On est loin du récit biographique tragique et larmoyant auquel on aurait pu assister ; il se dégage de Moi, dans les ruines rouges du siècle une agréable légèreté, malgré toute la tristesse présente dans le propos initial. Les moments drôles amenés par les excellents comédiens Geoffrey Gaquère (Lénine, Youri Gagarin) et Marylin Castonguay (Ludmilla) détendent l'atmosphère et donnent ainsi davantage de poids aux scènes tragiques.
Toute la distribution est épatante. Robert Lalonde dans le rôle du père de Sasha est brillant comme à son habitude. Il interprète avec aplomb ce père trop aimant qui ne sait pas trop comment s'y prendre pour élever son fils. Pascale Montpetit (qui remplace Annick Bergeron, présente dans la mouture originale de la pièce), offre une performance remarquable et assume avec aisance ses divers rôles. Samar est, quant à lui, bouleversant dans son propre rôle, incarnant le vieux et le jeune Sasha avec la même admirable authenticité.
Moi, dans les ruines rouges du siècle fait partie de ces spectacles qui vous laissent une marque indélébile sur le coeur. On en sort sans aucun doute touché, ému par une poésie à la fois humaine et profonde. Du grand théâtre comme on aimerait en voir plus souvent, mené de main de maître par un Olivier Kemeid au sommet de son art.