Le Théâtre Sortie de Secours (Le long voyage de Pierre-Guy B., Les trois exils de Christian E.) et Pupulus Mordicus (Méphisto Méliès, Cabaret Gainsbourg) s’associent à la compagnie Gataro de Barcelone pour présenter une nouvelle création fantaisiste, autour des aventures du mythique chevalier errant de Miguel de Cervantès, Don Quichotte de la Mancha.
Un certain Maese Pedro, fameux montreur de marionnettes de la Mancha, aurait fait d'étonnantes découvertes autour de l'œuvre de Cervantès, lui faisant mettre en doute la nature de la frontière séparant réalité et fiction... Ici, Maese Pedro et l’équipe réunie par Philippe Soldevila révèlent pour la première fois, après plus de 400 ans, cette histoire inédite.
Assistance à la mise en scène Léa Touzé
Décor et éclairages Christian Fontaine
Marionnettes Pierre Robitaille
Costumes Érica Schmitz
Musique François Leclerc
Direction artistique Philippe Soldevila, Pierre Robitaille, Victor Alvaro
Billet acheté en prévente : 22 $
Billet acheté une fois le spectacle en cours : 35 $
*Les taxes et frais de services sont inclus dans nos tarifs.
Production Théâtre Sortie de Secours, Pupulus Mordicus, Gataro (Barcelone)
Philippe Soldevila, à qui l’on doit récemment Les trois exils de Christian E. et Le long voyage de Pierre-Guy B., ose s’aventurer sur les traces du plus célèbre chevalier errant, un antihéros créé il y a maintenant plus de 500 ans par le père du roman moderne, Miguel de Cervantès. Et qui de mieux pour l’accompagner dans ce périple digne du combat des moulins à vent que Pierre Robitaille, magicien de la marionnette ?
Le Théâtre Sortie de secours, le Théâtre Pupulus Mordicus et la compagnie barcelonaise Gataro présentent ces jours-ci le fruit de leur travail collaboratif sur les « véritables » aventures de Don Quichotte de la Mancha, inspiré des deux livres de Cervantès – oui, deux ; l’un publié en 1605, l’autre dix ans plus tard, un peu de manière forcée puisqu’on était en train de lui damer le pion en publiant de « fausses suites ». À l’instar des livres, qui marquèrent à jamais la littérature européenne et mondiale, la partition théâtrale est polyphonique, ou jouée sur plusieurs niveaux de réalité. Elle met d’abord en scène, en chair et en os, certains personnages du second roman ; don Quichotte, évidemment, de son nom civil Alonso Quijada, la nièce de celui-ci, la bonne, le barbier et le curé du village, tous conscients de la publication de la première partie du roman. Le chevalier-rêveur enrôle de nouveau son écuyer, Sancho Panza, et fonce encore une fois sur les routes de la Manche. Sur celles-ci, on rencontrera un autre personnage du roman, Maese Pedro, propriétaire d’un petit théâtre de marionnettes ambulant qui présente sa propre adaptation du premier livre… « Réalité littéraire », « réalité tangible » (les comédiens) et « fiction » vont se côtoyer et s’amalgamer durant tout le spectacle, créant un univers à cheval – merci Rossinante! – entre le réel et l’imaginaire. Ajoutons un petit côté didactique avec quelques faits vérifiés, des vidéos qui mettent en scène les confidences des proches de Quijada, ainsi qu’une conférence de presse et un moment YouTube… On nage en plein délire tout aussi moderne que quichottesque.
Ce qui aurait pu être un bric-à-brac monumental tient pourtant la route. Évidemment, il peut parfois être difficile de suivre l’action de cette comédie fantaisiste ; les dialogues, en espagnol, en catalan et en français, forcent (si on ne les parle pas) à la lecture des surtitres (heureusement bien synchronisés) qui s’affichent sur un écran en fond de scène. On doit alors promener le regard entre les comédiens et les mots, nous faisant rater parfois le jeu et les expressions des acteurs ou une réplique. Par contre, la musicalité que créent ces dialogues procure un charme certain (et une véracité !) au récit.
Dans un décor simple faite de table et de petites tentes, tout d’un blanc laiteux, inspirant l’idée de la page blanche qui sera bientôt remplie, les comédiens s’en donnent à cœur joie, tout en respectant une partition plutôt stricte – écouter attentivement leurs partenaires de jeu pour ne pas perdre le fil, s’assurer du bon déroulement des nombreuses entrées et sorties, bien manipuler les superbes marionnettes de l’équipe de Pierre Robitaille, qui ressemblent à s’y méprendre à leurs alter ego. Le bonheur de faire vivre ces personnages connus de tous s’avère contagieux. Nicola Frank Vachon est absolument charmant sous la moustache du pourfendeur de moulins, tout en lui octroyant une dose de jeunesse et de vraisemblance. Pierre Robitaille est impayable en Sancho, et hilarant en curé du village. Les interprètes barcelonais, Victor Alvaro et Savina Figueras (qui aura quelques répliques en français, qu’elle livrera d’une superbe manière), sont tout aussi solides que comiques.
Philippe Soldevila avoue être un « metteur en scène qui écrit » et non un auteur pur et dur ; en compagnie de l’équipe de création, soyons persuadés qu’il continuera ses explorations jusqu'à la dernière minute des représentations pour faire éclore tout le potentiel de cette pièce. Ils sauront, ensemble, lui procurer un souffle encore plus grand, un rythme plus acéré pour couper quelques longueurs et une petite touche de magie supplémentaire qui saura enchanter les spectateurs des deux côtés de l’océan – la pièce partira en tournée en Espagne dès cet été.