Des chantiers de construction à la scène théâtrale, le comédien et auteur Charles Fournier lève le voile sur le malaise identitaire de l’homme actuel : un sujet riche, complexe et délicat. Ayant connu un vif succès lors d’une résidence en 2016 au Périscope, Foreman met à l’épreuve les bases de la masculinité pour mieux en abattre les limites et en faire surgir la vulnérabilité. Ce manifeste de l’homme du 21e siècle est un véritable happening pluridisciplinaire qui parle ouvertement à la gent masculine de toutes les générations et aux femmes qui les aiment.

Une gang de gars, amis mais complètement différents, que l’habitude tient ensemble, se retrouve pour une soirée dans le shack. Entre règlements de compte, débordements virils, confidences et niaiseries, cette histoire aborde avec humour et profondeur la difficulté à s’exprimer, les rapports de force inévitables dans un groupe d’hommes et la beauté de la fraternité. Performance exigeante sur fond de scies sauteuses et du Lac des cygnes, le résultat du mariage de Hulk et Taylor Swift, ce spectacle est le croisement entre un concours d’hommes forts et une longue lettre d’amour.

Texte et idée originale Charles Fournier
Mise en scène Olivier Arteau et Marie-Hélène Gendreau
Avec Pierre-Luc Désilets, Miguel Fontaine, Charles Fournier, Steven Lee Potvin et Vincent Roy

C’est une pièce littéralement « boostée » à la testostérone que nous présente la compagnie Mon père est mort au Théâtre Périscope. En cette fin de saison théâtrale, la pièce Foreman de Charles Fournier s’immisce dans l’univers de la masculinité et dans ce qu’elle a de plus brut, tout en déconstruisant du même coup certains préjugés dont les hommes de nos jours peuvent souvent être affligés. On touche ici aux discussions très machistes que pourraient avoir entre eux quatre gars qui se réunissent seuls en forêt, mais on découvre aussi une sensibilité de prime abord insoupçonnée chez ces quatre amis qui veulent faire une surprise à leur bon vieil ami Carlos afin de lui remonter le moral.

Crédit photo : David Mendoza Hélaine

La distribution, composée de l’auteur Charles Fournier, de Pierre-Luc Désilets, Miguel Fontaine, Steven Lee-Potvin et Vincent Roy, est excellente et tous les comédiens semblent avoir un malin plaisir à être ensemble sur scène. Puisant dans son expérience sur les chantiers de construction, Charles Fournier a su créer des personnages crédibles, et ce, sans jamais tomber dans la dérision. Plusieurs pourront reconnaitre une personne de leur entourage ou de leur famille ; c’est entre autres ce qui fait le charme de la pièce. On a droit à plusieurs moments comiques et touchants, sans toutefois verser dans la caricature ou encore moins dans la facilité. Le moment où Carlos apprend la réelle raison pour laquelle ses amis se sont réunis est particulièrement émouvant et arrachera des larmes à certains. Les scènes où Charles Fournier se transforme en contremaître - de là le titre de la pièce - et répond aux interrogations de ces « ouvriers » joués par les quatre autres comédiens en rapport à ce qu’est « être un homme » et comment celui-ci devrait se comporter pour être un « vrai mâle » sont particulièrement réussies. On aura ainsi droit à de beaux moments de dérision du machisme, allant du classique « un homme, ça ne braille pas » au plus imagé « un gars ça pisse debout, ça ne pisse pas assis ».

Foreman est une réussite (...). Un regard honnête sur le malaise qu’a l’homme moderne à trouver son identité dans l’époque actuelle.

À la mise en scène, le tandem composé d’Olivier Arteau et de Marie-Hélène Gendreau (également coordonnatrice artistique au Périscope) fonctionne quant à lui parfaitement. On sent bien l’influence d’Arteau dans cette mise en scène ultra-chorégraphiée avec ses scènes de danses qu’on dirait tout droit sorties d’un DVD d’entraînement physique de type Insanity. La scène du petit studio Marc-Doré du Théâtre Périscope, qui ne peut accueillir que 70 spectateurs tout au plus, est très intimiste et fait agréablement écho aux propos du texte qui se veulent très personnels.

Foreman est une réussite ainsi qu’une belle carte de visite pour Charles Fournier en tant qu’auteur. Un regard honnête sur le malaise qu’a l’homme moderne à trouver son identité dans l’époque actuelle.

24-05-2017