Avec Lascaux, le Théâtre Pupulus Mordicus et le Théâtre Bouches Décousues plongent le spectateur dans un tourbillon d’émotions. Dans cet univers qui recoupe des thématiques universelles, une attention particulière est portée aux mythes sacrés, fondateurs et spirituels qui nous maintiennent en communauté. Planté dans un décor évocateur, le spectacle se situe hors du temps et porte sur la naissance du monde et sur ce que l’Homme en a fait. Dans cette production où se fusionnent le jeu d’acteur, le théâtre d’ombres et la marionnette, Jasmine Dubé et Pierre Robitaille nous entraînent aux origines de l’art et de l’humanité.
Fuyant un danger, Madeleine tombe dans une caverne occupée par Dordogne, une mystérieuse tortue, métaphore de la Terre. Cher- chant à en sortir, elle découvre qu’elle est enceinte et elle accouchera d’un enfant, Lascaux. Avec urgence, elle lui transmettra ses connaissances et lui confiera la mission de travailler à la recons- truction d’un monde meilleur. Lascaux trouvera-t-il une issue? Une libération? Une seconde naissance? Tous les espoirs sont permis...
Texte Jasmine Dubé
Mise en scène Jasmine Dubé et Pierre Robitaille
Avec Éva Daigle, Jules Ronfard et Marjorie Vaillancourt
Crédits supplémentaires et autres informations
Assistance à la mise en scène Laurence Croteau-Langevin
Scénographie, costumes et accessoires Erica Schmitz
Marionnette Pierre Robitaille
Lumière Thomas Godefroid
Musique et environnement sonore Christophe Papadimitriou
Ombres Marcelle Hudon
Régie Laurence Croteau- Langevin
Direction technique Gabriel Duquette
Direction de production Jo-Anne Sanche et Marc Pache
Direction artistique Jasmine Dubé et Pierre Robitaille
Sera aussi présenté à la Salle Fred-Barry du Théâtre Denise-Pelletier du 12 février au 2 mars 2019
TARIFS
PRIX EN PRÉVENTE : 23 $ (jusqu'à la veille du jour de la première)
PRIX DÈS LA PREMIÈRE DU SPECTACLE: 36 $
Lors d'ajout de supplémentaire : billet à 36$ en tout temps
Les billets pour Foreman, spectacle présenté dans le Studio Marc-Doré, seront à 23 $* en tout temps, et ceux pour le déambulatoire La porte du non-retour à 12 $* en tout temps.STUDIO MARC DORÉ : 23$ en tout temps
*Les taxes et les frais de services sont inclus dans nos tarifs
Une production Théâtre Pupulus Mordicus et Théâtre Bouches Décousues
Largement inspirée d’un cauchemar fait il y a plusieurs années par l’autrice Jasmine Dubé, Lascaux, la nouvelle création du Théâtre Bouches Décousues coproduit par Pupulus Mordicus, se terre pendant quelque temps au Théâtre Périscope pour y faire ses premiers pas dans le monde extérieur. L’expérience théâtrale en huis clos, tout en nous enveloppant presque hermétiquement dans une bulle d’espoir, déçoit.
Durant ce qu’on devine un conflit armé mondial – peu d'indices seront donnés pour déterminer l'espace-temps dans lequel les protagonistes évoluent –, une femme en fuite (Marjorie Vaillancourt) tombe dans le puits d’une grotte. Blessée, elle constate peut-être trop rapidement qu’elle y sera confinée jusqu’à sa mort. Si le suicide semble d’abord une option, elle étouffe l’idée, découvrant qu’une vie pousse en elle. Elle nomme ce petit être Lascaux (Jules Ronfard), l’élevant de son mieux dans cette caverne-univers. Elle tente de lui transmettre tout ce qu’elle peut avant de mourir, en lui donnant comme mission de sortir de cet endroit. En tant qu’être humain né hors du monde, il saura peut-être le changer, ce monde en perdition.
C’est au cœur d’un décor magnifique de grotte (conçu par Erica Schmitz), rappelant presque une chapelle naturelle, voire une cavité utérine, que se joue l’histoire de Madeleine et de Lascaux. Au-dessus d’eux, une grande toile ferme l’espace, permettant la projection de jeux de lumière et d’ombres concoctés par Marcelle Hudon. C’est d’ailleurs de cette manière qu’apparait furtivement un troisième personnage, soit la tortue Dordogne, aussi vieille que la terre, qui vient à la rescousse du duo – elle rappellera vaguement, au plus vieux, Morla la Vénérable, du film L’Histoire sans fin. Pour l’interpréter, cachée dans les coulisses, Eva Daigle use d’une voix trainante ; la tortue réfléchit ainsi à voix haute sur la vie, la mort, le temps, mais aussi sur le langage, en faisant, par exemple, plusieurs associations et jeux de mots plus ou moins inspirés. Si le personnage parait d’abord intéressant (une présence surtout remarquée par le spectateur, et, plus tard, par Lascaux), les nombreuses interventions parfois peu pertinentes minent le déroulement de la représentation. De plus, la mise en scène à quatre mains (Jasmine Dubé et Pierre Robitaille) use d’un subterfuge technique éprouvé (mais aussi éprouvant) pour évoquer le temps qui passe. La pièce est divisée en plusieurs saynètes, d’une durée de quelques secondes à quelques minutes à peine, séparées par des transitions au noir et un son caractéristique – une chute de ce qui pourrait être des coquillages qui s’entrechoquent. Quoiqu’efficace, la technique surutilisée alourdit la dynamique de la pièce, plaçant le spectateur dans un état second alternant entre l’éveil et le demi-sommeil.
...à l’arrivée de Lascaux, ...la pièce prend un certain élan dramatique plus intrigant, plus intéressant...
L’oreille est continuellement stimulée par le bruit incessant de gouttes d’eau et par l’écho du vent dans la caverne. Quelques mélodies s’insèrent ici et là ; s’alternent contrebasse, orgue et autres instruments. Un superbe environnement sonore créé par Christophe Papadimitriou.
Dès son arrivée, et ce, jusqu’à la toute fin, le personnage de Madeleine inspire étonnamment peu de sympathie, voire aucune compassion. Marjorie Vaillancourt n’en est nullement responsable : elle interprète plutôt bien cette partition difficile, voire rêche. Il faut regarder ailleurs : la langue dont Madeleine use s’avère plus poétique qu’usuelle, créant rapidement une distanciation. De plus, l’impatience qui habite cette femme transparait dans tout, dont la manière d’élever Lascaux. Et, fait surprenant pour une production du Théâtre Bouches Décousues, le personnage semble manquer viscéralement d’amour, comme si la connaissance prévalait sur tout – on comprend que leur survie en dépend, reste que l’amour, au centre de l’espoir, fait ici cruellement défaut.
Cependant, à l’arrivée de Lascaux, d’abord sous la forme d’une marionnette, puis en jeune adolescent en chair et en os, la pièce prend un certain élan dramatique plus intrigant, plus intéressant, alors qu’il découvre – miracle! – des galeries et des tunnels qui mènent vers des objets de l’humanité, puis vers l’extérieur. La présence et l’utilisation de la marionnette, même si elle est visuellement charmante et très bien manipulée, peuvent s’avérer légèrement discutables, étant le seul véritable objet marionnettique de la pièce ; le comédien qui la manipule aurait facilement pu jouer ce rôle de petit garçon. D’ailleurs, Jules Ronfard, grâce à un champ lexical restreint et un jeu naïf et enjoué, rend le personnage très attachant, peu importe l’âge.
Allégorie sur le monde actuel et sur la transmission, Lascaux plait aux yeux, aux oreilles, mais moins au cerveau et au cœur. La langue parfois trop littéraire, à la poésie tantôt lumineuse, tantôt « surprenante », ne sert pas toujours le propos – la lecture du livre, publié chez Dramaturges éditeur, pourrait proposer une expérience plus intéressante dans ce cas. Minimaliste, la pièce donne l’impression d’un long prologue, d’une entrée en matière pour le sujet qui ne sera jamais abordé, soit la découverte du monde par les yeux du jeune homme.
16-01-2019