Premier spectacle signé par Pierre Antoine Lafon Simard à titre de directeur artistique du Théâtre du Trillium, M.I.L.F. aborde avec au- dace le tabou entourant la relation entre la maternité et la sexualité. Au centre de cet acronyme provocant du monde de la pornographie, Mothers I’d Like to Fuck, l’auteure Marjolaine Beauchamp en fait ressortir le I, ce je qui observe, ce je qui désire et ce je qui souffre. Une création avant-gardiste qui confronte l’objectification de la condition de mère.
Trois femmes, trois mères, trois sexualités. Dans un texte poétique, acide et engagé, la pièce exprime le cri paradoxal du plaisir et de la blessure, de l’orgasme et de la naissance. Dans un univers esthétique guidé par le voyeurisme de la pornographie sur Internet, ces femmes sont mises à nu et affirment librement leurs vérités. Sans fil narratif, le public observe ces protagonistes dans leurs évolutions, leurs échecs, leurs réussites et leurs actes d’émancipation.
Texte Marjolaine Beauchamp
Mise en scène Pierre Antoine Lafon Simard
Avec Marjolaine Beauchamp, Geneviève Dufour et Catherine Levasseur-Terrien
Crédits supplémentaires et autres informations
Appui dramaturgique Dominique Lafon
Assistance à la mise en scène et direction de production Benoit Roy
Lumière Guillaume Houët
Musique Pierre-Luc Clément
Direction artistique Pierre Antoine Lafon Simard
TARIFS
PRIX EN PRÉVENTE : 23 $ (jusqu'à la veille du jour de la première)
PRIX DÈS LA PREMIÈRE DU SPECTACLE: 36 $
Lors d'ajout de supplémentaire : billet à 36$ en tout temps
Les billets pour Foreman, spectacle présenté dans le Studio Marc-Doré, seront à 23 $* en tout temps, et ceux pour le déambulatoire La porte du non-retour à 12 $* en tout temps.STUDIO MARC DORÉ : 23$ en tout temps
*Les taxes et les frais de services sont inclus dans nos tarifs
Une production Théâtre du Trillium
M.I.L.F. est un acronyme bien connu issu du milieu de la pornographie et qui se traduit par Mother I’d Like to Fuck. L’auteure Marjolaine Beauchamp a décidé de baser sa pièce sur ce terme, mais surtout sur celles qu’il désigne, ces fameuses mères qu’on aimerait baiser. La sexualité et la maternité ne sont pas des thèmes qui vont nécessairement de pair, sauf que, dans le monde de la pornographie, chaque tentative d’objectivation de la femme devient justifiable pourvu qu’il y ait de l’argent à faire au bout de la ligne. L’auteure donne ici la parole aux femmes, à ces mères et à leur colère, chose assez rare au théâtre.
Après Taram présenté en 2011, M.I.L.F. est la deuxième pièce de Marjolaine Beauchamp. Issue du milieu du slam et de la poésie, elle a remporté la première place au Grand Slam de la Ligue Québécoise de Slam en 2009 ainsi que la deuxième place à la Coupe du Monde de Slam-poésie de France en 2010. Voilà en quelque sorte pourquoi on retrouve dans M.I.L.F. autant de codes relatifs au slam et à la poésie et qu’on a parfois même l’impression d’assister à une pièce de théâtre entrecoupée de poèmes et de textes de slam assemblés par-ci par-là.
On ne sort pas de M.I.L.F. intact émotionnellement.
Le résultat donne parfois une impression de pièce un peu brouillonne et, bien que les images qu’on tente de créer soient fortes, n’arrive pas toujours à faire mouche, étant empreinte de beaucoup d’artifices tape-à-l’œil. C’est une pièce qui fait place à la colère des femmes, une colère qu’on extériorise ici de façon particulièrement violente et dans une très grande intensité. La musique est diffusée dans la salle de spectacle à un niveau de décibels excessivement élevé – chose qui s’avère dérangeante au fur et à mesure que le spectacle avance ; ajoutons à cela le fait que les comédiennes utilisent un microphone et crient la plupart du temps. Le cocktail final, même s'il est voulu ainsi, apparaît quelque peu chaotique et cacophonique, et ce, à plusieurs occasions. Le spectateur risque alors de se replier sur lui-même, risquant de devenir de moins en moins réceptif au message que la pièce tente de faire passer.
Les trois comédiennes, Marjolaine Beauchamp, Geneviève Dufour et Stéphanie-Kym Tougas sont excellentes dans leurs rôles respectifs ; mention spéciale à Marjolaine Beauchamp qui amène une dimension plus personnelle et intime dans son jeu, étant elle-même l’auteure du texte. On ne sait pas si tout ce que ses personnages vivent est véridique, mais on y croit fort. L’esthétique de la mise en scène de Pierre-Antoine Lafon Simard s’inspire du monde pornographique et de tout ce qui le compose : nudité, éclairage aux lumières saturées à hauteur d’homme, à la manière des cams shows. Plusieurs scènes rappellent certains types de clips qu’on pourrait retrouver sur des sites osés. Le duo que le metteur en scène forme avec l’auteure fonctionne bien et on sent la complicité qui a pu les animer durant la création du spectacle.
On ne sort pas de M.I.L.F. intact émotionnellement. Quiconque étant le moindrement sensible sera incontestablement marqué par cette pièce qui s'adresse à un public averti dû au langage cru, aux scènes de nudité et au thème « mature ». M.I.L.F. est un spectacle trash et poétique qui ressort sans contredit du lot des pièces qu’on a l’habitude de voir cette saison à Québec, et, bien que ce n’est pas un spectacle qu’on recommande nécessairement à tout le monde vu sa nature assez hardcore , les spectateurs plus audacieux apprécieront la qualité du texte de Marjorie Beauchamp ainsi que le jeu des interprètes qui relèvent avec brio le défi de s’abandonner totalement au profit des personnages, et ce, avec énormément d’introspection.
04-12-2018