D’une envie commune de créer des oeuvres novatrices importantes, le Théâtre du Trillium et Sous la Hotte marient ici la radio au théâtre pour livrer une expérience audio-immersive à la découverte de l’Amérique et de ses réalités divergentes. Néon Boréal puise ses témoignages des tribulations de Louis-Philippe Roy et Josianne T Lavoie, catapultés aux deux pôles des États-Unis. Chaque soir, dans une trame sonore live, quatre acteurs donnent voix à ces récits, enregistrés devant public puis diffusés sur le web, pour créer un véritable balado-théâtre.
À quel point faut-il être en décalage pour changer sa perception et ses illusions des néons, du frette et de l’American Dream ? À 4 585 kilomètres l’un de l’autre, il y a les rencontres teintées par la noirceur interminable de Barrow en Alaska et les personnages de ces nuits sans fin de Vegas au Nevada. Dans ces deux univers polarisés, Néon Boréal documente les récits — ceux qui glacent, ceux qui brûlent, ceux sur lesquels on fantasme — des extrémités de ces États-qui-se-désunissent.
Texte et idée originale Louis-Philippe Roy et Josianne T Lavoie
Mise en scène Pierre Antoine Lafon Simard, Louis-Philippe Roy et Josianne T Lavoie
Avec Sabrina Bisson, Dany Boudreault, Alexandre-David Gagnon et Inès Talbi
Crédits supplémentaires et autres informations
Direction musicale et composition Navet Confit
Lumière Emilio Sebastiao
Conception radio Julien Morissette
Direction artistique Pierre Antoine Lafon Simard
Durée à venir
Soirée rencontre
Tous les premiers
vendredis de chaque spectacle, les créateurs se prêtent
au jeu de questions-réponses pour expliquer les aspects
de la production et entendre vos points de vue
TARIFS
PRIX EN PRÉVENTE : 25 $ (jusqu'à la veille du jour de la première)
PRIX DÈS LA PREMIÈRE DU SPECTACLE: 36 $
Lors d'ajout de supplémentaire : billet à 36$ en tout tempsSTUDIO MARC DORÉ : 25$ en tout temps
*Les taxes et les frais de services sont inclus dans les tarifs
Choisissez 7 pièces ou plus de la programmation régulière et obtenez la carte privilège « Fidèle au poste ». Elle vous permettra de bénéficier de nombreux avantagesBillets suspendus : Inspirés des Cafés suspendus, les Billets suspendus vous invitent à faire un don dans le but d’offrir un billet à un inconnu n’ayant pas les moyens de se le procurer. Soucieux de développer un public riche, inclusif et ouvert sur le monde, le Périscope s’engage à combler la différence des dons pour proposer, ensemble, l’expérience de l’art vivant aux bénéficiaires des organismes suivants : PECH, Accès-Loisirs Québec, Maison Revivre. Les dons peuvent être faits directement dans le foyer du théâtre ou sur le site www.theatreperiscope.qc.ca
Production Compagnies Sous la Hotte et Théâtre du Trillium
Pour quelques soirs seulement, le Théâtre Périscope accueille Néon Boréal, une singulière production de la compagnie ottavienne Théâtre du Trillium en collaboration avec la compagnie gatinoise ad hoc Sous la Hotte. L’idée du projet est apparue aux deux auteurs Josianne T Lavoie et Louis-Philippe Roy en 2015. Voulant s’inspirer de l’américanité et des réalités divergentes des États-Unis, l’une part vers l’Alaska et l’autre vers Las Vegas après un séjour à New York. En résidence dans ces deux lieux que tout sépare, ils feront la rencontre d’une multitude de gens aux personnalités diverses, qui nourriront leurs écrits, poèmes et bouts de textes échangés au cours du mois de novembre 2016. Nait alors Néon Boréal, « documenteur » radiophonique théâtral offert d’abord en trois épisodes, puis en 4, présenté à Ottawa et Aux Écuries, à Montréal, en mai 2019.
Le public est convié à l’enregistrement (réel ou fictif) d’épisodes de podcasts (disponibles d’ailleurs sur le site transistor.media). Chaque soirée, deux épisodes distincts sont proposés en duo. Only Fools Rush In parle de la « quête du grandiose » et passe des aurores boréales aux fontaines du Bellagio, d’une poète singulière à une fanatique d’Elvis. L’épisode qui l’accompagne, The One with the Birthday Program, part à la rencontre de futurs mariés, d’un restaurant White Castle du Nevada et du navire Aurora Artic. MonTheatre a pu assister aux deux autres épisodes, soit That American Life : All Stars Edition et J’aime Hoover Dam.
La forme, relativement contemporaine, défend davantage un texte plutôt qu’une réelle mise en scène théâtrale, qui s’assure que le spectateur dans la salle ne s’ennuie pas (trop).
Le dispositif scénique pourrait s’apparenter à un énorme studio. Les comédiens prennent place autour d’une scène surélevée improvisée en table de travail, placée vers le fond de la scène. Tout l’avant-plan devient alors disponible pour les déplacements des comédiens. Une cabine insonorisée, côté jardin, permet à quelques reprises d’imiter – du moins au son – certains lieux confinés, comme une voiture ou une buanderie. Le metteur en scène, Pierre Antoine Lafon Simard, est présent sur scène, aux commandes d’ordinateurs qui lui permettent d’avoir accès à une banque de plus de 250 sons pour créer les ambiances adéquates tout au long de la soirée. Il agit aussi comme animateur, venant ponctuer de quelques répliques certaines scènes d’une voix chaude et grave.
Un homme (excellent Dany Boudreault), parti d’abord à la rencontre de Krista, une jeune serveuse du Hooters, presque influenceuse, qui se prépare pour le concours Who’s the new image of USA, se laisse porter par les événements. Il fait la connaissance de la douce Maria, immigrante colombienne et femme de chambre d’un hôtel de Vegas qu’il suit durant quelques heures dans son quotidien. Puis, sur un coup de tête, après que Krista l’ait recommandé à sa cousine de l’Alaska, il file vers le nord et échange avec Mike, l’un des 4400 habitants de Barrow (maintenant nommée Utquiagvik), petite bourgade congelée de l’Alaska. L’épisode That American Life : All Stars Edition, relativement linéaire, est le plus radiophonique de la soirée. Sans être stéréotypés (ce que les auteurs ont voulu justement démonter), les personnages appartiennent et dépeignent bien leur milieu respectif, grâce au jeu franc d’Ines Talbi, Sabrina Bisson et Alexandre-David Gagnon. Néanmoins, et avec une certaine ironie, on en sait davantage sur certaines catégories de cannabis, expliquées avec beaucoup de précision, que sur les personnages rencontrés. À se demander si le terme « boréal », à ce moment de la soirée, ne fait pas référence à la nature souvent « gelée » du personnage de Boudreault, qui expérimente les États-Unis de plus d’une manière. Quelques incongruités viennent aussi chatouiller l’oreille, comme la mention d’un « compte d’Hydro » par le résident de Barrow – alors que la ville est alimentée par une centrale au gaz naturel. Un petit bout du Québec dans un personnage pourtant bien américain.
En deuxième partie, une certaine dramaturgie s’installe dans J’aime Hoover Dam (titre faisant un clin d’œil assumé à la production de Porte Parole et à Christine Beaulieu), notamment grâce à la séparation en deux entités des animateurs de l’épisode. Ines Talbi sévira à Las Vegas, partie à la rencontre d’un acrobate du Cirque du Soleil (exubérant Dany Boudreault) dont la famille a péri sur le site de construction du barrage hydroélectrique Hoover. Puis, Alexandre-David Gagnon, pris à Barrow, désirera mieux comprendre les choix d’une femme exilée en Alaska (froide et superbe Sabrina Bisson), redoutée des locaux et propriétaire d’un restaurant interdit aux touristes. Avec un certain dynamisme, l’épisode juxtapose ces deux récits et fait concorder deux malédictions familiales aux funestes destins. Si l’une a décidé de fuir pour y échapper, l’autre l’affronte à chaque seconde, devenant du coup un être totalement imprévisible que l’animatrice peine à suivre dans ses escapades et ses coups d’éclat.
Visuellement, bien peu de choses viennent ravir les yeux, mis à part quelques néons aux teintes multicolores installée au-dessus de la table-scène. Des extraits vidéo sont projetés sur un écran, tout en haut de la scène, surtout lors de l’épisode J’aime Hoover Dam. Des Flintstones à Star Wars, en passant par des images documentaires de la construction du barrage ou un extrait de l’exceptionnel Sleeping Beauty de Walt Disney, les images sont évocatrices et collent parfaitement au propos de l’épisode, expliquant, au passage, quelques références. Cependant, l’image s’avère déformée, comme si l’on avait mal choisi sa place au ciné-parc.
Néon Boréal pourrait vaguement être comparé à certains spectacles de la dernière décennie, dont Aalaapi, présenté en février 2019 au Centre du Théâtre d’Aujourd’hui ou à Caligula (remix), de Marc Beaupré, à l’affiche de La Chapelle en 2010 – surtout en rapport à l’installation audio, microphones et montage sonore en direct. La forme, relativement contemporaine, défend davantage un texte plutôt qu’une réelle mise en scène théâtrale, qui s’assure que le spectateur dans la salle ne s’ennuie pas (trop). La proposition peut certainement plaire, mais l’intérêt en serait décuplé si l’événement avait été unique, sans lendemain.Dates antérieures (entre autres)
Du 16 au 18 mai 2019 - Aux Écuries