Ce grand classique de l’auteur russe date de plus d’un siècle et, pourtant, les thèmes abordés sont toujours aussi pertinents pour notre époque. De l’univers de Tchekhov, on retrouve les intrigues, les personnages et leurs réflexions existentielles pour questionner, une fois de plus, le rapport de notre société à la célébrité et les impacts du vedettariat sur les relations humaines. En alternant légèreté et profondeur, cette adaptation brise le 4e mur et chamboule les règles théâtrales classiques pour le plus grand intérêt du spectateur.
David est obnubilé par Macha, Macha est obnubilée par Conrad, Conrad est obnubilé par Nina, Nina est obnubilée par Trigorine et Emma est... dérangée. À travers ces amours impossibles et ces grandes déceptions, cette nouvelle mouette cherche encore le sens de la vie, de l’art et de la popularité absolue. Et si aujourd’hui, au 21e siècle, l’essentiel était peut-être vraiment, simplement, de libérer son cr#%# de cœur ?
Texte Aaron Posner d’après La Mouette de Tchekhov
Traduction Benjamin Pradet
Mise en scène Michel-Maxime Legault
Avec Roxane Bourdages, François-Xavier Dufour, Robert Lalonde, Catherine Lavoie, Marcel Pomerlo, Danielle Proulx et Sasha Samar
Crédits supplémentaires et autres informations
Assistance à la mise en scène Lou Arteau
Lumière Cédric Delorme-Bouchard
Costumes Marc Senécal
Accessoires Olivia Pia Audet
Musique Émilie Clepper
Artiste associée à la production Catherine Lavoie
Direction technique Dominic Dubé
Direction de production Marjorie Bélanger
Régie Marie-Frédérique Gravel
Direction de tournée Catherine Desjardins-Jolin
Durée 1h40
Tarif à venir
Pour chaque spectacle en salle, la billetterie sera ouverte deux à quatre semaines seulement avant la date de la première représentation, si les consignes des autorités de santé publique le permettent
S'il ne reste pas de place lors de votre réservation en ligne, vous pouvez téléphoner à la billetterie pour revérifier avec la responsable les places disponibles. Le casse-tête des jauges et les limites informatiques ne permettent pas tous les ajustements subtiles que le théâtre peut faire manuellement. Dans tous les cas, comme les places sont limitées, dès l'annonce de la réouverture des salles de spectacles, réservez sans tarder.
Compagnie Théâtre de la Marée Haute
critique publiée en mai 2019
Version québécoise de la pièce Stupid Fucking Bird d’Aaron Posner, traduit de l’anglais par Benjamin Pradet, Cr#%# d’oiseau cave se veut une représentation parodique de La mouette, œuvre phare d’Anton Tchekhov. Se servant de l’histoire comme simple matériau de base, l’équipe se réapproprie ce texte étranger pour en faire un objet ludique exempt de superflu où l’absurdité humaine déconcerte autant qu’elle fait rire.
Sur la scène vide de la Grande Licorne, le plaisir des sept comédiens saute aux yeux. Dans cette mise en scène de Michel-Maxime Legault, tous les coups semblent permis. Tour à tour, les acteurs s’échangent la balle, s’impliquant corps et âme dans des dialogues cinglants. Se donnant la permission d’arrêter la pièce pour interagir directement avec les spectateurs, encourageant même une réponse de leur part dès la première réplique, les interprètes s’avèrent tous assez convaincants et authentiques. Il est même, parfois, difficile de faire la distinction entre la parole des personnages et celle des comédiens qui offrent un jeu complètement assumé. La présence d’apartés et les discours répétitifs apportent quelques longueurs au spectacle, ce qui peut nuire à l’appréciation générale de certains. Il faut reconnaître que le rythme ainsi brisé est un bel hommage à cette stagnation inévitable ou ce refus de la modernité dont les personnages tchékhoviens sont souvent victimes. Que cela déplaise ou amuse, l’effet de « théâtre dans le théâtre » demeure une réussite pour le metteur en scène alors qu’aucun élément scénique ne vient gêner la performance de la distribution à cette « représentation » crédible de la pièce Nous. Y. Sommes.
Sur la scène vide de la Grande Licorne, le plaisir des sept comédiens saute aux yeux.
Même si les costumes de Marc Senécal peuvent paraître très sobres en surface tandis que le gris et le noir sont mis à l’honneur, le concepteur paraît avoir tout de même réussi à apporter une couleur singulière à chacun. Attriqué d’une casquette et d’un jean porté en bas de la taille, François-Xavier Dufour incarne sans retenue le personnage de Conrad, un éternel adolescent rebelle dans le début de la trentaine en quête d’amour charnel et maternel. En mère fatiguée, rongée par les regrets et les remords, Danielle Proulx est aussi drôle que touchante. Agencée à l’élégance que lui donne sa chemise fleurie et son jean propre, sa posture impeccable d’actrice refusant son âge lui donne une si fière allure que lorsqu’elle ouvre la bouche et fait résonner la langue québécoise avec tant de franchise, le rire est inévitable. Du côté de Roxane Bourdages, ses vêtements noirs portent en eux tout le pessimisme du personnage de Macha qui, malgré toute cette noirceur, s’avère très attachante. Elle est d’ailleurs à féliciter pour ses performances de chant somme toute agréables pour l’oreille. Le look quelque peu froissé de Sasha Samar lui confère un aspect bouffon dont il jouit à merveille dans le rôle de David, le meilleur ami de Conrad. Les tenues propres sans grande extravagance de Robert Lalonde et Richard Thériault trahissent l’expérience des deux hommes qu’ils incarnent, respectivement Trigorine et Sorine, dans une maîtrise témoignant de leur sagesse, mais cachant une fougue intéressante. Pour compléter le tableau s’ajoute la robe de soirée décontractée beige que porte la pétillante Catherine Lavoie, interprète de Nina, qui donne à son personnage toute sa beauté et sa lumière.
Plus discrets durant toute la représentation, les éclairages de Cédric Delorme-Bouchard et la musique d’Emilie Clepper ne peuvent que donner plus d’aplomb à cette formidable distribution. Ayant réussi à livrer une performance dont l’évolution est remarquable, le septuor a de quoi célébrer. Si le rythme vient parfois à manquer ou s’avérer un peu lourd à porter, la rigoureuse direction d’acteurs de Legault semble avoir apporté beaucoup pour faire de cette traduction une œuvre singulière en soi.