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Du 17 avril au 5 mai 2012, 20h, samedi 5 mai 15 h
DateAmours écureuils
Texte Jean-Michel Girouard 
Mise en scène Vincent Champoux
Avec Marie-Hélène Gendreau et Jean-Michel Girouard

Lui, Alex.

Elle, Agathe.

L’autre, l’Écureuil.

« Notre histoire, c’est une belle histoire. J’ai peur que tu l’oublies. Pis, je veux te raconter ce que tu sais pas aussi. Parce que les fois où j’ai souri, mais où t’étais pas là, passeront pas au téléjournal. Les fois où j’me suis levé en retard, parce qu’il n'y avait personne pour vérifier le réveil, passeront pas aux Bloopers TVA. Les fois où j’ai pensé à toi, où je t’ai dit « je t’aime » dans le silence de mes insomnies, sortiront pas en coffret DVD. Fak tu le sauras jamais. Fak c’est pour ça que j’ai envie de rester. »

Par un soir de printemps, Alex retourne chez Agathe son ex-copine. Il entre dans son appartement, puis dans sa chambre alors qu’elle est endormie. Du moins, c’est ce qu’il croit. Mais Agathe ne dort pas, elle fait semblant. Alex profitera de ces quelques heures avant l’aube pour lui raconter une histoire. La sienne. La leur. Au fil des anecdotes, des souvenirs et des confessions, Alex tentera de faire la paix avec Agathe. Se réconcilier avec lui-même pour enfin faire taire l’Écureuil.

Amours écureuils révèle également avec nuances les préoccupations, les malaises, les désirs de la génération de son auteur, soit les 20-35 ans. De jeunes adultes qui n’arrivent pas à bien comprendre, à gérer, à accepter toutes les émotions qui les parcourent, les hantent. Une génération qui connaît les principes et l’importance de la communication, mais qui peine à entrer en contact avec l’autre de façon sincère et authentique. Une génération qui au fond d’elle-même cherche le vrai, l’unique et qui pourtant favorise l’apparat et la consommation.

Une histoire d’amour sur fond de poésie, de hockey et de rongeurs.

Une soirée qui donne envie de se rapprocher, de « frencher », de dormir collés.


Scènographie : Marie-Renée Bourget-Harvey

Carte Premières
Cartes Prem1ères
Date Premières : 20, 21, 27, 28 avril et 4, 5 mai
Régulier : 26$
Carte premières : 13$

Une production Théâtre Jésus, Shakespeare et Caroline


Premier Acte
870, de Salaberry
Billetterie : Réseau Billetech 418-694-9656

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 Critique
Critique

par Odré Simard


Crédit photo : Claudy Rivard

La troupe Jésus Shakespeare et Caroline nous propose son deuxième spectacle, suite au très réussi Autour de ma pierre il ne fera pas nuit de Fabrice Melquiot, présenté en 2009.Se tournant alors vers la création originale, elle nous offre un quasi-monologue de Jean-Michel Girouard, mis en scène par Vincent Champoux. « Quasi » monologue puisqu'Alexis, interprété par Girouard, rend visite à son ex-copine Agathe qu'il croit endormie et lui fait le récit de leur passion amoureuse éteinte trop tôt. Marie-Hèlene Gendreau joue alors le témoin silencieux la plupart du temps, mais prend part à l'action de temps à autre pour mieux colorer quelques souvenirs.

La troupe se donne comme mission de rendre sur scène une poésie vivante ainsi que de rassembler dans les personnages autant le côté suprême (Jésus), épique (Shakespeare) que banal (Caroline), mission que l’on pourrait qualifier de réussie. On retrouve dans Amours écureuils une passion présentée comme sublime, une rupture qui mène presque à la folie de l'un, et des personnages tout ce qu'il y a de plus simple, voire ordinaire. Une histoire toute banale, comme il y en a des milliers, mais un sujet si commun  à tous  et si prenant qu'on ne s'en lasse pas lorsque bien amené. La force du spectacle  est sans contredit le texte tout à fait rafraîchissant et teinté de sincérité et d'images délicieuses. Girouard nous offre une poésie urbaine aux métaphores du quotidien qui, avec les mots les plus simples, permettent de créer des images qui parlent, qui vibrent. Par contre, le texte gagnerait à être davantage élagué, car, accumulant trop de métaphores, il en devient inutilement dense. Il est alors moins aisé de prendre le temps de savourer chacune des images qui nous sont proposées.  La mise en scène de Vincent Champoux colle magnifiquement au texte, démontrant une certaine dextérité ou fluidité entre les moments plus profonds et d’autres plus énergiques, comme cette scène flashback lors d’un match de hockey où le couple s’embrasse pour la toute première fois.

La conception scénographique est très intéressante : sur scène, trois chambres identiques côte à côte, représentant trois espaces-temps : celui de la rencontre des amoureux, celui de leur vie à deux et celui de la rupture, de la solitude, où le changement est essentiel et où l'on retrouve les meubles disposés autrement. Les acteurs passent souvent d'un espace à l'autre et nous plongent parfois dans un flou quant au moment de l'action et surtout par rapport à la présence d'Agathe qui se promène entre souvenirs et réalité. Ceci peut être par contre voulu, comme si le passé et le présent se mélangeaient doucement.

Jean-Michel Girouard se donne corps et âme à son public, ainsi qu'à cet amour viscéral qu'il nous présente ; on le suit avec intérêt dans cette cartographie de son couple. On y retrouve les réflexions tout à fait actuelles de la génération des 20-30 ans, au moment où l'on tente des relations sérieuses, mais avec tant de peur et souvent beaucoup de maladresse dans la communication. Amours écureuils nous présente ce décalage redondant entre homme et femme, à savoir que l'homme prend vite sa douce pour acquise, qu’il aime les choses banales du quotidien et qu’il se plaît à être simplement auprès de celle qu'il aime. La femme veut du romantisme, de la surprise, elle reproche à l'homme de ne pas s'ouvrir assez, de ne pas lui communiquer ses sentiments et la grisaille du quotidien la terrorise. Trop souvent cette génération aux prises avec l'impériosité du renouveau et de la consommation cherche à se débarrasser de quelque chose dès qu'apparaît la moindre défectuosité, sans tenter de la réparer, ce qui a tendance à se répercuter dans les relations humaines.  La pièce est donc une ode à l'importance de préserver la préciosité d'une relation dans tous ses travers. Savoir accepter les fluctuations du couple et apprécier les petites choses  comme les grandes. Une œuvre qui nous offre un beau moment par son caractère rafraîchissant et printanier, divertissant et tout aussi porteur de réflexion.  

19-04-2012