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Du 19 février au 2 mars 2013
merZsonaTemerZsonaTe
Texte Kurt Schwitters
Mise en scène Philippe Savard
Avec Marc Auger Gosselin, Vicky Bertrand, Mélissa Bolduc, Nicolas Drolet, Jean-Michel Girouard, Anne-Marie Jean, Julie Lespérance et Maxime Robin 

Le Club pour l’Amélioration de la Culture (CAC) vous convie à une fête absurde et jubilatoire, à une manifestation déroutante d’inspiration dada, à des situations cocasses et loufoques, à une série d’explosions vocales et sonores, à un incroyable délire verbal: bienvenue à merZsonaTe, spectacle inspiré de courts textes du poète et artiste allemand Kurt Schwitters.

En 1919, Schwitters peint le tableau Merzbild I, tableau pour lequel il a découpé la partie centrale du mot «Kommerzbank» dans une annonce imprimée qu’il a ensuite collée sur sa toile. Puis, rejeté par le Club Dada de Berlin et voulant créer un art total embrassant tout aussi bien l’architecture, le théâtre, la peinture que la poésie, il crée un mouvement artistique auquel il donne simplement le nom de «merz».

Depuis 2009, le CAC garde en vie l’esprit de ce mouvement en présentant au moins une manifestation merZienne par année. À l’occasion de celle-ci, nous vous offrons, entre autres, un prologue chiffré, une ballade pour un cochon, un dialogue sur l’odeur d’une souris morte, une ode à Anna Blume, une histoire de perroquets, un intermède musical, une vieille dame qui se plaint sur le cadavre de son poisson, une rencontre de deux messieurs, un hymne à la culture universelle et… un petit poème.


Section vidéo
trois vidéos disponibles

     


Assistance à la mise en scène : Véronique Morin
Décor et éclairages : Jérôme Huot

Une production Le Club pour l'Amélioration de la Culture


Premier Acte
870, de Salaberry
Billetterie : Réseau Billetech 418-694-9656

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 Critique
Critique

par Geneviève Décarie


Crédit photo : Cath Langlois

Rire sans trop savoir pourquoi, c’est ce que nous offre MerzSonate. On pourrait croire que de l’absurde, du n’importe quoi et un langage inventé ne peuvent être combiné sans heurts. Pourtant, cette pièce le prouve à maintes reprises. Elle est un savant collage d’œuvres de l’artiste et poète allemand Kurt Schwitters, fondateur du mouvement Merz. Il s’agit de la septième manifestions merZienne par le Club pour l’amélioration de la Culture.

Dès l’entrée en salle, la musique enveloppe les spectateurs. Les comédiens se promènent dans la salle, saluent leurs connaissances, tout est amical. Personne ne semble avoir le trac. Les lumières s’éteignent, chuchotements puis déclamations de nombres se succèdent. L’ambiance est belle est bien jetée. On ne peut que saluer la mise en scène rodée au quart de tour de Philippe Savard. Les jeux de miroir et les répliques dites en cœur par les comédiens donnent un rythme envoutant à la pièce. Les chorégraphies peuvent sembler simples à première vue, mais donnent une belle structure visuelle à plusieurs tableaux. Un jeu de bascules, de gestes coordonnés, de frôlements et de postures ajoute une cadence qui a de quoi tenir chaque spectateur en haleine. Les scènes, bien qu’elles soient loufoques et pour plusieurs, très absurdes, trouvent leur sens ainsi que leur place dans cet univers déjanté.

Le jeu des comédiens, parfois onomatopéiques, parlé ou joué exclusivement par le corps, est impeccable. On assiste à des manifestations animalières fort réussies, car certains comédiens jouent littéralement des animaux sur scène. Chaque personnage est joué avec justesse et habileté. Le surjeu et les effets dramatiques trop appuyés donnent une gentille saveur comique.  Les comédiens ont une belle complicité entre eux et cela transparaît à chaque moment. Tous semblent follement s’amuser, ce qui encourage le spectateur à entrer dans leur univers. Il faut toutefois applaudir le jeu de Maxime Robin (L’Anglais), de Jean-Michel Girouard (L’Allemand) et de Marc Auger Gosselin (Le Français) pour leur maîtrise impeccable et soutenue du début à la fin des accents que demandait chaque personnage ainsi que pour leur énergie et leurs mimiques qui ajoutent une plus value à cette pièce déjà riche en mouvements. L’interaction des comédiens avec le public est également intéressante, on vient leur serrer la main, on s’assoit avec eux et on en amène chanter à l’avant le temps d’un tableau. On réussit à déstabiliser et à déroger des conventions. On transgresse le quatrième mur et ça fonctionne. Les gens se retrouvent dans la pièce.

Le dernier point fort, mais non le moindre, est sans aucun doute la scénographie. Les costumes sont bien choisis, mais c’est surtout le décor qu’on amène au fur et à mesure des scènes qui captent le plus l’attention. Très épurés et minimalistes au départ, les éléments s’enchainent. Bancs de bois recouvert, cage de bois, œuvres bien inspirées du visuel MerZien se conjuguent entre eux. Plusieurs éléments de surprises s’entrecroisent aussi au fil des scènes passant d’un livre de style « pop-up » pour raconter une histoire à un poisson géant volant au-dessus d’une des comédiennes. L’imagination est à son comble.

Seule ombre à ce beau tableau éclaté, certaines scènes se démarquent moins et tout s’enchaîne si rapidement qu’on en perd des bouts. Mais est-ce réellement un point faible? Il s’agit probablement de l’effet recherché et cela n’amoindrit en rien la qualité du spectacle. Aller voir MerZsonate, c’est tomber dans un autre monde, c’est ne pas savoir à quoi s’attendre et être ébranlé par une théâtralité appuyée, une poésie insolite et extravagante. Au bout du compte, c’est se laisser envouter le temps de 1 h 15.

24-02-2013