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Du 9 au 27 avril 2013, mardi au samedi 20h sauf dernier samedi, 15h, supplémentaire 27 avril 20h
TrainspottingTrainspotting
Texte Irvine Welsh
Traduction et adaptation Wajdi Mouawad
Mise en scène Marie-Hélène Gendreau
Avec Claude Breton-Potvin, Jean-Pierre Cloutier, Martin Boily, Simon Lepage et Charles-Étienne Beaulne 

«Choisir la vie, choisir une carrière, choisir une famille, choisir une ostie de télé, choisir des machines à laver, des chars, choisir la santé, choisir les prêts à taux fixes, choisir de pourrir à l’hospice et de finir en se pissant dessus dans la misère, choisir son avenir, choisir la vie.

Pourquoi je ferais une chose pareille? J’ai choisi de ne pas choisir la vie, j’ai choisi autre chose...»

Traduction et adaptation du premier roman d’Irvine Welsh, ce texte de Wajdi Mouawad est une comédie grinçante qui nous propulse dans l’étrange univers de la drogue. Structuré sous forme de monologues explosifs, ce récit extravagant raconte l’odyssée d’un groupe d’amis, unis par un amour fraternel, qui recherche le bonheur et qui pose un regard lucide sur leur condition d’héroïnomanes. 

À ce moment de nos jeunes vies où les décisions d’avenir se prennent, TRAINSPOTTING est un spectacle théâtral d’une intensité et d’une fougue rarissimes qui met en lumière les difficultés qu’éprouve notre jeunesse à embarquer dans l’engrenage sociétal.

Faisant partie d’une génération où les tendances et les influences se modifient à un rythme effréné, le Collectif FIX vous propose un théâtre déjanté et acidulé, au diapason de cette effervescence constante. 


Section vidéo
une vidéo disponible


Décor et éclairage : Jean-François Labbé
Costume et accessoire : Karine Mecteau Bouchard
Environnement sonore : Philip Larouche

Une production Collectif FIX


Premier Acte
870, de Salaberry
Billetterie : Réseau Billetech 418-694-9656

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 Critique
Critique

par Geneviève Décarie


Crédit photo: Gabriel Talbot-Lachance

« L’héroïne, c’est une drogue honnête, parce qu’elle t’enlève tes illusions. Avec l’héro, quand t’es fort t’es immortel, pis quand t’es mal, elle te plonge encore plus dans marde ».

Un cri de douleur de la société, une histoire d’amitié, de déchéance, qui ouvre les yeux des spectateurs sur un univers souvent dépeint de façon édulcorée et moralisatrice, voici ce qu’offre l’adaptation de l’œuvre Trainspotting par Wajdi Mouawad et mise en scène par Marie-Hélène Gendreau.

Au chômage, Mark Renton et ses amis tout aussi paumés que lui trompent leur ennui en consommant de la drogue. Trainspotting c’est cru, c’est vulgaire, c’est sans détour. Le spectateur est plongé en plein cœur de la dégénérescence de cette bande d’amis drogués. La metteure en scène n’a pas hésité à rendre les scènes particulièrement explicites où ces derniers s’injectent de l’héroïne et à utiliser la nudité totale d’un des personnages pour illustrer ses propos provocateurs. On pourrait être choqué et même outré de cette proximité presque malsaine avec le public, mais chaque geste, mouvement et moment difficile sont rendus avec tant de justesse et de réalisme qu’on ne peut qu’être hypnotisé par cette histoire. La pièce n’éduque pas, elle trace le portrait de ces jeunes camés. La réalité est scabreuse et c’est exactement ce que l’on voit. N’est-ce pas de toute façon ce que nous verrions si nous allions dans les quartiers malfamés de la plupart de nos villes?

Les comédiens sont saisissants et poignants de vérité. Le jeu de chacun est méthodique et lourd de significations. Tout est réfléchi jusqu’aux tics typiques des junkies. Les hauts et les bas des personnages, lorsqu’ils ont consommé de l’héroïne, auraient pu être excessifs et stéréotypés, mais aucun comédien n’atteint cette limite. Ils arrivent à amener la lourdeur présente dans l’ambiance de la pièce à son paroxysme ; le spectateur ne peut qu’en être mal à l’aise.

Un élément intéressant de la pièce est l’allusion à l’histoire écossaise, un peuple colonisé et de plus en plus assimilé. On y dépeint le mal de vivre des Écossais, une société que le personnage de Marc Renton croit désillusionnée, faible et lamentable. Certaines images métaphoriques sont très fortes, comme lorsque le personnage de Renton, attaché au matelas, peint du drapeau anglais, se fait injecter de l’héroïne par son frère militaire décédé.

Sur un plan plus technique, l’ambiance sonore de Philip Larouche donne du rythme et capte l’attention dans les moments les plus intenses. Bien découpée et bien choisie, cette trame sonore, souvent reliée à des projections vidéo, ne peut que donner des frissons. Le décor, minimaliste, mais efficace, donne réellement l’impression d’être à un endroit où on ne doit pas être. Une mention spéciale revient toutefois à la toilette immonde et remplie d’excréments qui apporte un malaise supplémentaire, mais nécessaire.

On ne va pas voir Trainspotting pour en sortir le cœur léger. On va voir cette pièce pour s’ouvrir les yeux sur une société qui crie sa détresse, sur les enfants de demain qui n’auront peut-être pas une chance égale à celle de leur camarade de classe. On sort de Trainspotting avec un sentiment d’oppression, on sent qu’on a vu ce qu’on n’aurait peut-être pas voulu voir en d’autres circonstances. Les sentiments ressentis émanent de la détérioration de l’humain qu’on voit sur scène. Cette dernière pièce de la saison 2012-2013 du théâtre Premier Acte vaut, sans hésitation, le détour.

11-04-2013