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Du 24 mars au 4 avril 2015
Novecento : pianiste
Texte : Alessandro Baricco
Traduction : Françoise Brun
Mise en scène : Geneviève Dionne
Avec Martin Lebrun, Simon Dépot, Jacinthe Gilbert et Karine Chiasson

L’océan. Entre l’Amérique et l’Europe, un bateau. Lors de la traversée du millénaire, un bébé abandonné est retrouvé sur le piano de la salle de bal des premières. On le nommera Novecento, en hommage au siècle nouveau. La cale et le pont deviendront son terrain de jeu, jusqu’au jour où, en toute clandestinité, il se glisse devant le clavier du piano de la salle de bal. À partir de ce moment, rien ni personne ne le décidera à quitter le navire où il deviendra le plus grand pianiste du monde...

C’est du moins ce que nous raconte Tim, trompettiste engagé à ses côtés à bord du transatlantique. Il partage avec nous l’histoire atypique de son ami, de la musique qui la traverse et des vagues qui la portent.

Nombreux sont les gens qui ont cédé à l’enchantement et à la poésie de ce texte de Baricco. Un comédien-pianiste et deux danseuses joignent leur voix à celle du narrateur pour vous amener à bord du Virginian. On y découvre l’histoire et la musique de ce personnage légendaire où se mélangent la tempête, le roulis du bateau et le souvenir de toutes les femmes pour lesquelles Novecento a joué.


Musique : Olivier Leclerc
Chorégraphie : Karine Chiasson
Éclairages : Jérôme Huot
Direction technique : Gabrielle Garant

Une production Théâtre de la Trotteuse


Premier Acte
870, de Salaberry
Billetterie : Réseau Billetech 418-694-9656
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Dates antérieures (entre autres)

du 14 au 18 décembre 2011, création à Premier Acte (Québec), tournée au Québec et en France en 2012
Du 22 janvier au 8 février 2014, salle Fred-Barry (Montréal)

 
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 Critique
Critique

par Francis Bernier


Crédit photo : CATHLANGLOIS Photographe

Novecento: pianiste est le texte qui a fait connaître mondialement l'auteur italien Alessandro Barrico. L'histoire du pianiste virtuose a connu son lot d'adaptations au cours du temps et a même été portée au grand écran par Bernardo Bertolucci en 1976. Geneviève Dionne propose une version qui marie la danse au théâtre ; un spectacle qu'elle a imaginé et créé à l'occasion d'une résidence à Premier Acte en 2011.

Novecentoest son nom. Danny Boodman T.D. Lemon Novecento pour être plus précis. Né, puis abandonné sur le bateau Le Virginian en 1900, le jeune Novecento est élevé par les membres de l'équipage. En grandissant, il devient un pianiste virtuose et les gens qui peuvent l'admirer jouer s'entendent pour dire qu'il est probablement le meilleur pianiste au monde. Malheureusement, Novecento est effrayé à l'idée de quitter le bateau, l'unique environnement qu'il a connu depuis sa naissance. Son talent reste donc confiné au navire et à la salle de bal du Virginian. Malgré l'encouragement de ses compères à aller sur la terre pour faire connaître son génie au monde entier, il décidera de rester, et ce jusqu'à sa mort, sur le bateau qui l'a vu naître.

Deux grosses boîtes de bois qui représentent la cale d'un bateau et un piano à queue placé au centre de la scène forment l'essentiel du décor de Novecento. Un grand voile transparent a aussi été placé afin de séparer la scène presque nue en deux, pour ainsi offrir un deuxième niveau de lecture à certaines scènes. Malgré tout, on reste avec l'impression que la scène est sous-utilisée. Il manque un petit quelque chose pour qu'on ait l'impression d'être sur Le Virginian. La mise en scène de Dionne reste tout de même efficace, mais oeuvre dans la simplicité. Cette dernière laisse beaucoup de place au texte et aux interprètes et c'est en grande partie sur ces éléments que repose la réussite du spectacle.

Le travail des danseuses Karine Chiasson et Jacinthe Gilbert est tout en grâce et délicatesse. Les éléments de danse qu'elles apportent sont réussis et parviennent à créer des images intéressantes et à dynamiser la mise en scène. Le jeu des acteurs, quant à lui, est honnête, mais inégal et par moment caricatural. Martin Lebrun offre un Tim intimiste assez réussi, mais les nombreuses mimiques de Simon Dépôt dans le rôle de Novecento font souvent décrocher et le comédien aurait gagné à opter pour un ton plus sobre, plus distancié.

Novecento est un spectacle empreint de poésie, se situant entre le conte et le monologue théâtral, une histoire touchante qui frappe l'imaginaire et fait tout de même rêver.

28-03-2015



par Magali Paquin (2011)

Mille-neuf-cent. Novecento. Né sur un navire, l’orphelin a grandi dans les bras de l’Océan, bercé par ses vagues. Il y a fait sa vie, n’en est jamais descendu : « la terre est un bateau bien trop grand ». Inutile de voyager quand le monde vient à soi : riches croisiéristes sur les ponts, immigrants dans les cales, tous offrant des bribes de leur univers que Novecento s’approprie pour composer le sien. Car il y a la musique… Voyageant sur les touches de son instrument, le pianiste étrange mais attachant joue des mélodies qui n’existent nulle part ailleurs qu’en lui.

Adaptée du livre du même nom d’Alessandro Baricco, la pièce « Novecento » convie à une belle épopée scénique teintée d’imaginaire et d’humanité. À travers les souvenirs de son ami et complice (Jean-Philip Debien), est peu à peu dévoilée la vie de Novecento (Marc Auger), cet homme pas comme les autres qui se nourrit de mer et de musique.

Ces deux éléments se situent au cœur de la mise en scène, réussie, de Geneviève Dionne. C’est d’abord sur la musique que Novecento navigue et celle-ci, composée pour l’occasion par Olivier Leclerc, jaillit du piano pour proposer une nouvelle traversée. À quoi ressemble donc une musique qui n’existe pas ? À une invitation au voyage... La mer, qui porte en elle à la fois douceur et violence, se retrouve quant à elle en métaphore dans la gestuelle de deux comédiennes-danseuses (Karine Chiasson, Jacinthe Gilbert). Se balançant sur leurs cordages ou s’élançant au sol, elles s’accordent magnifiquement aux ondulations tranquilles des vagues ou à la houle de la tempête. Elles s’intègrent si bien dans le jeu des acteurs qu’on oublie parfois leur présence pour mieux s’imaginer sur les flots. Quant aux deux protagonistes, leur interprétation s’avère assez juste, bien que le texte souffre parfois d’un débit trop rapide. À eux quatre, ils habitent totalement la scène, qui se déploie au fil du récit par d’habiles jeux de superposition et d’éclairage (de Jérôme Huot).

La pièce a bien quelques légères imperfections, mais rien pour abîmer sa coque. L’embarquement dans le périple proposé par « Novecento » est donc non seulement sans risque, mais est gage d’un plaisir aux accents oniriques.

19-12-2011