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Hypo
Du 10 au 28 octobre 2017

Un homme apprend qu'il va mourir. Refusant d'attendre la fin à l'horizontale, il décide de partir, debout, à sa rencontre. Il laisse tout derrière et s’exile dans une terre qui ressemble au début ou à la fin des temps, où les glaciers chevauchent les volcans. Dans un camping, une femme propose de lui prêter main-forte dans son projet. À bord du même sac de couchage, ils prennent la route vers l'ultime destination.

Hypo est un huis clos dans le « grand dehors », un road movie aux allures de ballade folk où le rêve et la réalité se superposent amicalement.


Texte Nicola-Frank Vachon
Mise en scène Maryse Lapierre
Avec Mary-Lee Picknell, Nicola-Frank Vachon


Crédits supplémentaires et autres informations

Assistance à la mise en scène Shanya Lachance
Conseillère en dramaturgie Isabelle Hubert
Conception Keven Dubois, Philippe Larouche
Dessin affiche Paul Bordeleau

Du mardi au samedi 20h, sauf dernier samedi 15h

TARIFS

Prix du billet à l'unité - frais de service inclus

Prix courant : 27 $ 
30 ans et moins : 21 $  
60 ans et plus : 24 $  

Groupe (12 personnes et plus) :

17 $

Une production Les Hébertistes


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Critique disponible
            
Critique





Crédit photos : Cath Langlois, photographe

C’est à Premier Acte que Nicola-Frank Vachon, photographe et comédien bien connu de la Vieille Capitale (Beu Bye, Don Quichotte), propose aux spectateurs son tout premier texte pour le théâtre, intitulé Hypo, qu’il défend sur scène avec la non moins connue et appréciée May-Lee Picknell. À travers Hypo, Vachon invite le public à suivre la relation éphémère « sans-nom-sans-attente-sans-attache » de deux personnages en fuite, ou plutôt en quête — de sens, d’eux-mêmes, de finitude —, au milieu de l’extraordinaire paysage islandais.

Si la jeune femme est en Islande pour ses études de sociologie, analysant le rapport entre les habitants de l’île et les volcans, l’homme est à la recherche d’une certaine finalité. La rencontre entre ces deux âmes fracturées, esseulées, créera une fusion inattendue des deux protagonistes — inattendue de par leurs voyages, qui devaient demeurer dans le domaine de l’intime, et leurs personnalités opposées. L’homme, plutôt posé et timide, semblant détester le genre humain, accepte pourtant aisément la présence de cette jeune femme explosive, impulsive, directe, sans filtre.

Le texte, sans être d’une fracassante originalité ou d’une étonnante profondeur, se laisse joliment apprivoiser. Le public découvre peu à peu les réflexions et les motivations de l’un et de l’autre dans cette contrée inhospitalière, tout en s’attachant rapidement à eux. La pièce rappelle vaguement Norway.Today, d’Igor Bauersima, présentée en 2010 au Théâtre Prospero à Montréal, qui présentait Juliette et Auguste, sur les bords d’un fjord norvégien, unis par un pacte de suicide, « en quête d’une prise sur le réel qu’ils entrevoient dans la rencontre véritable avec l’autre ».

La mise en scène de Maryse Lapierre (Mme G) réussit le pari de transformer la petite salle de la rue Sallaberry en une Islande virtuelle, fantasmée, grâce à des projections et un décor désertique. Le sol est recouvert de sable et de roches ; des écrans sont disposés en fond de scène pour recevoir les images de montagnes, de lacs et de ciels immenses. Si la technologie est souvent magnifiquement utilisée (fausses photos en direct, images superbes), elle peut parfois s’avérer un brin superflue. Notons ce moment où s’affichent en gros plan les visages des deux comédiens (pourtant placés assez près du public), en tout début de parcours, chantant dans l’autobus ; un effet qui n’apporte que bien peu de choses à l’intrigue. Par contre, rarement on aura vu à Premier Acte une conception d’éclairages aussi enveloppante et immersive que celle de Keven Dubois. Il faut voir — et vivre ! — ce moment où les images de vagues démesurées du cercle polaire, noyant tout l’espace de jeu, viennent frapper violemment l’embarcation de l’homme et de la femme, à la recherche (que ce soit voulu ou non) de sensations fortes. Si l’immensité frappe, l’utilisation d’objets miniatures (autobus jouet, mini-tente rétroéclairée) apporte une certaine poésie ludique à l’ensemble.

La musique est intrinsèquement liée à l’histoire et se veut très présente, grâce à la guitare et à la voix de Philip Larouche. Le musicien s’exécute en direct sur scène, souvent caché derrière l’un des écrans presque translucides. Ses chansons folk, entonnées en cœur avec Vachon et Picknell, viennent ralentir le rythme du récit, rappelant vaguement les interludes dans les séries télé américaines ou le Midsummer de David Grieg.

Rarement s'attarde-t-on aux affiches des pièces ; prenons tout de même un instant pour saluer le travail de l'illustrateur et auteur de bande dessinée Paul Bordeleau, qui aura su interpréter en dessin toute l'intensité et la douceur qui se dégage du récit, et ce, de superbe manière.

Abordant avec beaucoup d’humour des thèmes difficiles comme l’illusion de l’existence, la peur viscérale et la mort, la pièce aborde aussi la recherche de la paix intérieure, touche à l’idée d’aller au bout des choses et propose presque une ode à ces rencontres imprévues qui peuvent sauver des vies — ou, du moins, la rendre tolérable. Hypo se termine par contre sur une note plus métaphorique, laissant aux spectateurs le soin de s’imaginer la réelle relation entre l’homme et la femme, voire la véracité de leur existence. Une finale qui pourrait en laisser plus d’un perplexe, puisque les clés disséminées dans le récit peuvent s’avérer incomplètes, voire contradictoires.

11-10-2017


 

Premier Acte
870, de Salaberry
Billetterie : 418-694-9656
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