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Rashomon
Du 14 avril au 7 mai 2019, du dimanche au mardi 18h

« L’homme naît en pleurant ; quand il meurt, c’est assez, il meurt. » – Akira Kurosawa

Le collectif de La Trâlée vous invite à la table de l’une des plus grandes tragédies du vingtième siècle de la culture nippone. Adaptation des nouvelles de Ryûnosuke Akutagawa et du film d’Akira Kurosawa, Rashomon propose une rencontre inédite entre meurtre, amours déchirés et théâtre d'objets. Ici, les baguettes, les services à thé et les bouteilles de saké se meuvent, lentement d’abord, puis de plus en plus franchement pour donner vie aux personnages de l’histoire.

Un bûcheron, un moine et un vagabond se réfugient sous les décombres de la gigantesque porte Rashô de la ville de Kyôto. Ils discutent du procès auquel ils viennent d’assister. On y accuse le bandit Tajomaru du meurtre crapuleux d’un samouraï et du viol de sa femme. Nous entendrons alors, tour à tour, les récits des personnages entourant cette affaire. À notre époque d’opiniâtreté et d'affrontements constants où chacun oppose le reste du monde à sa version des faits, ce récit nous rappelle que la réalité nous échappe bien souvent. Lorsque le vice et la volonté de survivre coûte que coûte prennent place, comment dénouer le fil fort ténu de la vérité ?

Né à la suite d’un événement Carte blanche en collaboration avec le Théâtre Niveau Parking, ce spectacle de La Trâlée nous rappelle que, même avec les objets les plus banals des tiroirs de cuisine, le théâtre peut nous faire vivre les plus grandes tragédies.


Texte : adaptation des nouvelles de Ryûnosuke Akutagawa et du film d’Akira Kurosawa, Rashomon
Mise en scène Lorraine Côté
Avec Nicola Boulanger, Paul Fruteau de Laclos, Nadia Girard Eddahia, Amélie Laprise, Jocelyn Paré, Guillaume Pepin


Crédits supplémentaires et autres informations

Direction de production Laurence Croteau Langevin
Conception Dominique Giguère

Durée : environ 1h15

TARIFS

Prix du billet à l'unité - frais de service inclus

Prix courant : 28 $ 
30 ans et moins : 21 $  
60 ans et plus : 24 $  

Groupe (12 personnes et plus) :

18 $

Une production La Trâlée


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Critique disponible
            
Critique

Pour clore sa saison 2018-2019, Premier Acte ose le théâtre d’objets, un style plutôt rare dans la vieille Capitale. Les lecteurs et lectrices assidus de MonTheatre savent à quel point son équipe apprécie particulièrement ce genre d’événement ; c’est avec une certaine fébrilité qu’elle s’est présentée à La Cuisine, petit restaurant de la rue St-Vallier Ouest pour assister à la plus récente création de la compagnie La Trâlée, Rashomon. Et elle en est ressorti enchanté ; un spectacle que ne renierait pas les maîtres du genre au Québec, le Théâtre de la Pire Espèce.




Crédit photos : Cath Langlois Photographe

L’endroit, savamment choisi, est tout désigné pour présenter cette adaptation du film culte du même titre du génial Akira Kurosawa et des nouvelles Vieillesse et Dans le fourré de l’auteur Ryûnosuke Akutagawa. De jeunes collègues d’un restaurant japonais s’apprêtent à fermer pour la nuit. Alors qu’ils s’échangent quelques banalités et anecdotes de la soirée, l’une d’entre eux demande où se trouve le nouveau couteau du propriétaire, une pièce relativement dispendieuse. Sur le comptoir ? Dans le bloc à couteaux ? Dans l’armoire ? Tout le monde a sa version des faits. Le plus cinéphile du groupe mentionne alors « l’effet Rashomon » : concept « qui a lieu lorsqu'un événement est interprété de manière contradictoire par les individus impliqués ». Pour bien expliquer son point, l’équipe tente alors de reproduire les premières scènes du film de Kurosawa ; bouteilles, plateaux et restants deviennent la porte de Rashô, de la ville de Kyôto, où un moine, un bucheron et un vagabond se réfugient pour s’abriter d’une pluie (ici de grains de riz) diluvienne. Poussés par le vagabond, le bucheron et le moine racontent le procès d’un bandit de grand chemin accusé de viol et de meurtre. Étrangement, la version du bandit, de la femme et de son mari samouraï assassiné (grâce à l’aide d’une voyante) diffèrent totalement. Qui croire ? Quoi croire ? Le film est une superbe réflexion sur la véracité du réel, puisque chaque point de vue peut être en même temps vérité et mensonge.

Un environnement propice, une très jolie trame musicale et une équipe de feu font de ce Rashomon un réel délice (...)

Avec inventivité et talent, les comédiens Nicola Boulanger, Paul Fruteau de Laclos, Nadia Girard Eddahia, Amélie Laprise, Jocelyn Paré et Guillaume Pepin incarnent tous les personnages grâce aux objets à leur portée : tissus divers, céleri, râpe à fromage, tire-bouchon à leviers, baguettes, cul de poule, couteaux, verres, coupe-pizza… toute la cuisine y passe. Derrière le grand comptoir, cette jolie bande s’amuse ferme, tout en émettant à quelques (rares) reprises des commentaires et des réflexions bienvenus sur l’histoire, spécialement sur la mariée – le viol, puis ses réactions diverses. Pleurnicharde, séductrice, opportuniste, folle, meurtrière, elle est le produit d’une époque, et, peu importe la version (même la sienne!), l’incarnation du malheur. Sous la direction de la metteure en scène Lorraine Côté, la production a su consciencieusement transposer les bons éléments du film et des récits ; l’adaptation est limpide, et parfois assez fidèle, même dans les moments un peu plus loufoques ou absurdes (pensons au dernier combat, totalement brouillon dans le film, devenant ici hilarant), jusqu’à superbement s’amalgamer au récit initial des serveurs et de leur couteau égaré.

Un environnement propice, une très jolie trame musicale et une équipe de feu font de ce Rashomon un réel délice. On en reprendrait encore !

16-04-2019


 

Premier Acte, présenté au restaurant La Cuisine, 205, St-Vallier Est
870, de Salaberry
Billetterie : 418-694-9656
ou lepointdevente.com
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