Mon(Theatre).qc.ca, votre site de théâtre
Les contes à passer le temps
Du 13, 19 et 20 décembre 2019, 20h
14-15-21-22-27-28-29-30 décembre à 15h et 20h
Supplémentaires 20 décembre 15h, 23 décembre 20h
Dans les voûtes de la Maison Chevalier 50, rue du Marché-Champlain

Pour une neuvième année, La Vierge folle présente une toute nouvelle édition des Contes à passer le temps.

Ils sont six à écrire ou à raconter Québec, des auteurs et des acteurs, des vieux et des jeunes, des gars et des filles, des drôles et des touchants. On leur a divisé Québec en cinq parts, comme un gâteau. Chacun d’eux a dévoré son quartier pour mieux le raconter. Ensemble, ils composent une fresque diversifiée et colorée, quelque chose qui, pour nous, ressemble à Québec. Mais Québec vue de l’intérieur, dans son quotidien, sa petite histoire, ses petites histoires.

Que ce soit votre neuvième ou votre première fois, venez vous réchauffer le coeur dans les voûtes de la Maison Chevalier pour les Contes à passer le temps… et vous servir dans notre irrésistible comptoir à desserts !


Texte Frédéric Blanchette, Jean-Michel Girouard, Sophie Grenier-Héroux, Marianne Marceau, Anne-Marie Olivier, Maxime Robin et Sophie Thibeault
Mise en scène Maxime Robin
Avec Frédéric Brunet, Lorraine Côté, Marc-Antoine Marceau, Mary-Lee Picknell-Tremblay, Maxime Robin, Sophie Thibeault et Nicola-Frank Vachon


Crédits supplémentaires et autres informations

Collaboration à la mise en scène Sophie Thibeault
Direction de production Maxime Robin, Sophie Thibeault
Musique Frédéric Brunet

Durée : à déterminer

TARIFS

Prix du billet à l'unité - frais de service inclus

Prix courant : 28 $ 
30 ans et moins : 21 $  
60 ans et plus : 24 $  

Groupe (12 personnes et plus) :

18 $

Une production La Vierge folle
Présenté par Premier Acte, Le Centre de valorisation du patrimoine vivant


______________________________________
Critique disponible
            
Critique

Neuf ans de contes, de gens « poqués », d’histoires loufoques, d’horreur, d’espoir et d’amour : Les contes à passer le temps s’imposent plus que jamais comme un incontournable des Fêtes à Québec, comme en font foi le nombre de billets vendus et les messages sur les différents réseaux de ceux et celles qui en cherchent désespérément, et ce, malgré les supplémentaires annoncées. Neuf ans d’une formule gagnante qui a peu changé au cours de la décennie : un endroit emblématique, soit les voûtes de la Maison Chevalier, un bar à desserts et à boissons chaudes, une convivialité exceptionnelle ainsi que six histoires pour six quartiers de la ville que l’on découvre chaque fois d’une nouvelle manière, lorsque l’horloge grand-père sonne.










Crédit photos : David Mendoza Hélaine

C’est l’idéateur du concept, Maxime Robin, qui ouvre le bal avec quelques anecdotes bien personnelles. Il se confie sur sa récente labyrinthite qui l’a cloué au lit durant une longue période et à réfléchir sur l’équilibre dans sa vie. Son incapacité à faire du vélo, le bullying à l’école, son départ vers Montréal puis Toronto. Mais ses réflexions le ramènent plutôt à l’âge de 5 ans, quand il découvrit, au Grand Théâtre, le spectacle qui fut la source de toute sa créativité, soit le ballet Casse-Noisette. La Fée Dragée, qui semblait voler à quelques centimètres du sol, imposa chez lui ce désir de voler toujours plus haut, jusqu’à ce qu’il doive, un jour, « négocier avec le réel ». L’histoire, bien livré par le comédien avec douceur et sourire, ouvre la porte aux autres contes de la soirée qui toucheront essentiellement à deux thèmes-frères : la vie et la mort. La vie, grâce essentiellement à l’enfance (pour l'évoquer, un vélo rose restera d'ailleurs au centre de la salle tout au long de la représentation) ; la mort, par la vieillesse et la solitude.

Pour l’enfance, trois contes y touchent directement : d’abord celui du quartier Saint-Jean-Baptiste, écrit par Frédéric Blanchette. Interprété par Nicola-Frank Vachon, Le temps des fraises s'avère un monologue touchant et honnête d’un homme à la veille de devenir père, qui s’adresse à cet enfant-surprise. Vachon se fait ainsi le porte-parole de bien des hommes, inquiets de la suite du monde, paralysés par leur peur de ne pas avoir toutes les réponses, pour se rendre compte, peut-être, que c’est le petit être à naître qui viendra éclairer les coins sombres de ces angoisses.

...cette soirée concoctée par la compagnie La Vierge Folle est toujours hautement divertissante, chaleureuse et festive, et (on) y revient chaque année avec un plaisir toujours renouvelé.

Suit le conte le plus cocasse et le plus drôle de la soirée, par Sophie Thibault, intitulé Salut Bonhomme!. L’histoire raconte les tribulations d’une jeune femme de Saint-Roch obsédée depuis sa jeunesse par le Bonhomme Carnaval, croyant dur comme fer qu’il est l’homme de sa vie. À cause de son amour et son attirance indéfectible pour la mascotte de Québec, elle navigue d’un échec amoureux à un autre jusqu’à ce qu’elle rencontre un homme qui semble tout aussi intéressé qu’elle par Bonhomme. Amusant, joué avec naïveté et un brin d’absurdité, le conte déclenche invariablement l’hilarité et se classe dans les meilleurs de la soirée.

Idée brillante, Jean-Michel Girouard ramène un personnage fort apprécié de la précédente édition des Contes à passer le temps, soit le déneigeur surnommé le Kid, interprété par Marc-Antoine Marceau, qui avait été pris dans une histoire abracadabrante de kidnapping tout en voulant séduire une fille avec l’aide du Père Noël. On le retrouve un an plus tard ; le couple formé de Julianne et le Kid est en break. Elle est enceinte, elle ne sait pas si elle veut le garder et s’il peut être un bon père. Le Kid demande alors à sa gang de l’aider : Doc, Brebis, McDo et le Père Noël en personne, qui travaille maintenant avec eux à déblayer les rues de Saint-Sauveur, se retrouvent tous à l’Hôtel du Nord. Une légende dit que la personne qui pourra ouvrir la bouteille Molson Ex-calibur sera déclarée homme le plus fort du monde. Convaincu qu’il n’est plus un enfant et qu’il doit démontrer sa force (de caractère) à sa copine, le Kid tente son coup. Sans sombrer totalement dans le fantastique, le récit de Girouard est le seul qui aborde de cette manière la « magie de Noël ».

Les deux autres contes au programme de la soirée s’avèrent passablement plus tristes, même si l’amour y triomphe d’une façon ou d’une autre. Il y a d’abord celui mettant en scène Josée, une femme pauvre d’un certain âge, interprétée par Lorraine Côté, vivant dans un garage au fond d’une cour sur Bourlamaque. Née le 25 décembre, elle est pourtant plus seule que jamais, alors que tout le monde festoie. Le suicide devient alors pour elle une solution, après qu’elle ait lâché, au cours des dernières années, un millier de bouteilles dans le fleuve transportant des messages griffonnés sur du papier – sans réponse. Même si Josée aide une femme qui crève ses eaux sur les plaines d’Abraham à se rendre saine et sauve à l’hôpital (un événement qui, étonnamment, n’a que très peu de répercussions chez le personnage principal), sa vie ne semble toujours pas avoir de sens. On reconnait immédiatement l’humour et la sensibilité d’Anne-Marie Olivier qui signe ce texte intitulé Les oiseaux mouches en hiver, qui, même si bien interprété, semble avoir un peu plus de difficulté à accrocher l’auditoire.

Des confettis pour Noël, joué au retour de l’entracte, met en scène une infirmière à domicile qui doit répondre à des questions en rapport à un vieux couple retrouvé mort dans Limoilou. Ce duo, comme « accroché l’un à l’autre » quand il déambulait dans la rue, était connu de tout le quartier. Lui, diabétique, était atteint de démence depuis quelques années. Elle, survivante du cancer du sein, était devenue sa proche aidante, car, comme elle le répétait souvent, « on se marie pour le meilleur et pour le pire ». Lasse de ses journées souvent difficiles, elle trouvait le réconfort dans sa cuisine, à concocter des desserts plus décadents les uns que les autres, au grand bonheur des voisins. L’amour et la bouffe sont au cœur de cette histoire touchante de Sophie Grenier-Héroux, livrée avec sensibilité et retenue par Mary-Lee Picknell-Tremblay. Légèrement convenue, l’histoire aurait pu pousser encore plus loin, mais fait le pari de demeurer simple et étonnamment festif, grâce aux nombreuses évocations des plats plus appétissants les uns que les autres. Le récit, tout de même touchant, honore ces hommes et ces femmes qui vivent des moments difficiles en tant qu’aidants naturels.

Du Petit Roi à Baby It’s Cold Outside (dans une traduction québécoise plutôt épicée), de l’Hymne à l’amour à la surprenante Le plus fort c’est mon père de Lynda Lemay, en plus d’un medley/amalgame de divers airs de Noël interprétées en même temps, plusieurs chansons soigneusement choisies accompagnent les contes tout au long de la soirée grâce à l’apport musical de Frédéric Brunet et à la distribution qui s’amuse aux harmonies.

Le tout dernier conte, qui clôt surprenamment la soirée, met en scène le Roi de France, sa fille illégitime Jeanne, Jacques Cartier et quelques autres personnages de l’époque. La courte histoire vient non seulement se greffer au conte de Maxime Robin, mais rappelle aussi les autres contes de la soirée grâce à quelques clins d’œil, ici et là. Sans être nécessaire à l'ensemble, le conte reste somme toute plutôt divertissant, tout en proposant une rétrospective des dernières années, alors qu'on mentionne François – le roi – Legault, certaines Québécoises marquantes, le troisième lien et le mouvement #MeToo.

Cette édition des Contes à passer le temps ne sera peut-être pas la plus marquante ou la plus enlevante de la série. Mais même si l’on percevait, lors de la première, les mécaniques d’écriture et une certaine homogénéité qui empêchait aux contes de se démarquer réellement les uns des autres, il n’en demeure pas moins que cette soirée concoctée par la compagnie La Vierge Folle est toujours hautement divertissante, chaleureuse et festive, et qu’on y revient chaque année avec un plaisir toujours renouvelé. À l’an prochain!

14-12-2019


Premier Acte
870, de Salaberry
Dans les voûtes de la Maison Chevalier 50, rue du Marché-Champlain
Billetterie : 418-694-9656
ou lepointdevente.com
Youtube Facebook Twitter Instagram