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Du 14 au 29 janvier 2011 (représentations scolaires du 12 janvier au 10 février)
Münchhausen – les machineries de l’imaginaire
Version librement inspirée des récits de Raspe et Bürger
D’après l’univers du baron de Münchhausen
Texte et mise en scène : Hugo Bélanger
Avec Eloi Cousineau, Carl Poliquin, Philippe Robert, Audrey Talbot, Marie-Ève Trudel

L’Oiseau vert et La Princesse Turandot vous ont ravis ? Ne manquez pas ce nouveau spectacle du Théâtre Tout à Trac sur le fameux Baron. Certains osent le traiter de charlatan sous prétexte qu'il raconte avoir volé sur un boulet de canon, visité la lune, combattu à lui seul des armées entières et séduit la déesse Vénus en personne…Mais toutes ces aventures sont rigoureusement authentiques ! Les sceptiques en seront con-fon-dus !!

De nombreux auteurs ont rapporté mes histoires en y ajoutant plusieurs détails de leur invention, qui offensent gravement la vérité et la vraisemblance. Les gens qui me connaissent point pourraient être amenés, par suite de ces grossiers mensonges, à révoquer en doute la vérité de mes aventures réelles, chose qui lèse gravement un homme d'honneur. C'est pourquoi aujourd' hui, je viens, en personne, rétablir la vérité. (Karl Friedrich Hieronymus, Baron de Münchhaussen)

Assistance à la mise en scène Geneviève Gagnon
Costumes Véronic Denis
Scénographie Francis Farley-Lemieux
Production et technique Michel Tremblay
Accessoires Catherine Tousignant
Son et musique originale Patrice d’Aragon

Samedi 15 janvier: Rendez-vous de Pierre
Samedi 29 janvier: Rencontre avec les artiste

Une production du Tout à Trac présentée par le Théâtre Denise-Pelletier

Théâtre Denise-Pelletier
4353, rue Sainte-Catherine Est
Billetterie : (514) 253-8974

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 Critique
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par David Lefebvre


Crédit photo : Frédéric Bouchard

Le Théâtre Tout à trac persiste et signe. Après L’Oiseau vert et La Princesse Turandot, le génial Hugo Bélanger s'attaque à gros, non, à un véritable (hum) monument des personnages historico-légendaires de l'humanité : Karl Friedrich Hieronymus, dit Baron de Münchhaussen. De ce côté-ci de l'Atlantique, le célèbre baron est essentiellement connu grâce au film du réalisateur Terry Gillian, The Adventures of Baron Munchausen (1989), sous les traits de John Neville. Mais en Europe, il est une grande figure des histoires fantastiques des derniers siècles.

Même si Karl Friedrich Hieronymus a réellement vécu et raconté ses histoires durant des années, c'est plutôt celles, remaniées, des écrivains Rudolf-Erich Raspe et Gottfried August Bürger qui se rendent jusqu'à nous. Münchhaussen est un menteur hors-pair, un conteur né. Il sort vivant du ventre d'un kraken, sauve Catherine de Russie des griffes d'un sultan turc, non, truc, se dirige vers la lune pour rencontrer ses habitants, les Sélénites, ainsi que leur Impératrice, puis l'Horloger du monde. Il descend tout près des enfers pour rencontrer Vulcain et danser dans les bras de Vénus. Il est l'étincelle du rêve, il séduit l'âme et le coeur des spectateurs avec ses histoires plus extraordinaires les unes que les autres ; c'est l'évasion.

La rencontre entre Hugo Bélanger et Münchhaussen était, pour ainsi dire, inévitable. L''homme de théâtre avait abordé le personnage lors d'un premier spectacle pour La Roulotte, il y a quelques années. Pour cette nouvelle version, l'auteur et metteur en scène a fait table rase : au lieu d'adapter simplement les nombreux récits de l'aristocrate, Bélanger décide plutôt de plonger dans l'abyme : le théâtre au théâtre. Il s'inspire finalement d'une troupe réelle française, Galimard & fils, qui a joué sur scène durant cinq générations (200 ans!) les contes du baron. Plus précisément, Bélanger recrée, à sa manière, la toute dernière représentation de la troupe, en 1974. On dit que plusieurs événements inexpliqués se seraient produits lors de cet ultime spectacle, jusqu'à en interrompre le déroulement. Une prémisse parfaite pour redonner à Münchhaussen ses lettres de noblesse et aborder la puissance et l’importance de l’imaginaire dans notre société si structurée, conformiste et conservatrice. Hugo Bélanger s'amuse, dans son adaptation, à prendre discrètement position et à multiplier les clins d'oeil aux grands philosophes, physiciens, écrivains et même à notre propre Baron québécois, le Capitaine Bonhomme. Nous sommes confondus!

Comme l'indique bien le titre, Bélanger nous entraîne dans les machineries de l'imaginaire : le décor s'ouvre sur les divers cordages, poulies et poutres qui recréent sur scène un plateau sophistiqué. L’installation est vieillot, même dangereux ; l'époque est incertaine, on navigue entre le 18e et le 20e siècle. Les trucages et effets spéciaux sont apparents, la manipulation des nombreux engins, treuils et éléments de décor amusent et charment délibérément le public. Pour s'assurer du bon fonctionnement du spectacle, il fallait absolument une équipe solide, touche-à-tout : Bélanger fait ainsi appel à plusieurs comédiens qu'il a dirigé ou avec lesquels il a travaillé de près ou de loin, soient Eloi Cousineau (Galimard), Carl Poliquin (Albert, Friedrich, juge, marchand de sable), Philippe Robert (Eugène, Bertold, Vulcain), Audrey Talbot (Sarah) et Marie-Ève Trudel (Annette, Impératrice, Vénus, la Mort). Si Éloi Cousineau est un excellent maître de scène, à la gestuelle magnifiée et comique, que Carl Poliquin et Philippe Robert sont tout simplement magnifiques dans leurs différents rôles, Audrey Talbot et Marie-Ève Trudel ont le mandat d’interpréter des rôles très significatifs. La première, Sarah, s'accroche à la logique et ne veut pas croire aux histoires du baron. Représentante d'une jeunesse cartésienne, lisant Newton plutôt que Shakespeare, elle se laissera pourtant emporter par les péripéties de Münchhaussen. Le spectateur adolescent verra en elle son miroir, une personne qu'il peut choisir d'être, soit une jeune personne qui doit décider si être adulte signifie ou non la fin des rêves et d’une certaine folie. L'autre personnage, la Mort, revient à quelques reprises hanter le bon baron. Elle est le rejet des idées, de la magie, de l'imaginaire, elle veut en faire un vieux fou, que l’on doit oublier. Mais le rêve ne s'écarte pas du revers de la main.


Crédit photo : Frédéric Bouchard

Si le concept de la machinerie prend une plus grande place lors de la première partie, le fantastique s’impose en deuxième moitié ; les comédiens ne sont plus seulement comédiens, mais des personnages à part entière des récits du baron. Le jeu s’avère donc très physique, et toute la troupe performe de manière époustouflante, méritant les applaudissements de la salle qui se font entendre à quelques reprises avant la fermeture du rideau. Si quelques tournures dans l'histoire peuvent paraître incongrus, voire commode, elles ne font qu'accentuer la candeur d'une magie à portée de tous et toutes.

Du pur bonheur, qu’est ce Münchhausen – les machineries de l’imaginaire. Intelligent, divertissant, le Théâtre Tout à trac crée, encore une fois, un classique qu'il faut voir et revoir. Et qui sait, peut-être arrivera-t-il quelque chose d'étrange et farfelu durant la représentation...

15-01-2011

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