Dans un petit village de la Suède au début du XXe siècle, Émilie et Oscar Ekdahl dirigent un théâtre, sur scène comme en coulisses. Alors que réalité et fiction se croisent, le bonheur est palpable tout autour des Ekdahl. Mais bientôt, Oscar meurt. La vie change dès lors, l’austérité prend les rênes.
Cette œuvre phare d’Ingmar Bergman est imprégnée de l’enfance du cinéaste alors qu’il observait, fasciné, le monde des adultes. Alexandre, le fils de 10 ans, accompagné de sa petite sœur Fanny, scrute l’âme humaine pour faire apparaître le jeu de la douleur et comprendre le pouvoir de l’art. Fanny et Alexandre, c’est donc la naissance d’un créateur dont le regard allumé débusque la cruauté, la morale, les désirs et les peurs d’une famille ébranlée.
Les créateurs, Félix-Antoine Boutin (Koalas, Petit guide pour disparaître doucement) et la prolifique Sophie Cadieux, mettent en scène une troupe de neuf interprètes pour raconter les plus troublants chapitres de cette fresque, traçant les justes sentiments qui voyagent entre mensonge et vérité, et qui créent la vie.
Basé sur le film d'Ingmar Bergman
Traduction Lucie Albertini et Carl Gustaf Bjurström
Par Félix-Antoine Boutin et Sophie Cadieux
Avec Luc Bourgeois, Rosalie Daoust, Annette Garant, Ariel Ifergan, Renaud Lacelle-Bourdon, Steve Laplante, Patricia Larivière, Ève Pressault et Gabriel Szabo
Crédits supplémentaires et autres informations
Assistance et régie Stéphanie Capistan-Lalonde
Scénographie Romain Fabre
Costumes Cynthia St-Gelais
Lumières Julie Basse
Conception sonore Christophe Lamarche-Ledoux
Durée à venir
Rencontre avec les artistes après la représentation - 9 février
Régulier *60 ans et + *30 ans et - **MHM |
44,00 $ 32,00 $ 30,00 $ 29,00 $ |
36,00 $ 32,00 $ 30,00 $ 26,00 $ |
* Pièce d'identité requise
** Pour les résidents de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve. Preuve de résidence requise.
Forfait Premier Regard
2 billets pour 1 même spectacle 36,00$
Disponible du mercredi au samedi de la première semaine de représentations.
Billets ni transférables ni remboursables. Le Scriptarium 2019 exclu.
Une production Théâtre Denise-Pelletier
Depuis de nombreuses années à Montréal, des artistes tentent (et pas toujours avec bonheur) de transposer sur les planches l’un ou l’autre des longs-métrages du cinéaste suédois Ingmar Bergman, maître en son domaine. De mémoire, mentionnons un Persona prétentieux et une respectueuse Sonate d’automne, et prochainement une tentative de rendre ses Scènes de la vie conjugale avec Évelyne de la Chenelière et James Hyndman. Plus près de nous, c’est à une version respectueuse et sans fla-fla que nous offre ces jours-ci le tandem Sophie Cadieux et Félix-Antoine Boutin. Au Théâtre Denise-Pelletier, leur exécution scénique constitue l’une des agréables surprises de la saison.
Le désir du directeur artistique Claude Poissant de présenter le « testament » du célèbre réalisateur ne constitue pas un fait isolé. En effet, même l’illustre Comédie-Française ira bientôt de l’avant avec sa vision du classique du septième art dans une mise en scène de Julie Deliquet, avec, entre autres, Denis Podalydès et Dominique Blanc. Le mariage entre la scène et le grand écran devient un phénomène de plus en plus répandu dans les programmations théâtrales au Québec et ailleurs; fort de cet engouement, Denise-Pelletier présentera après ce Fanny, La Société des poètes disparus, autre classique moderne du septième art.
Dans la présente production de Fanny et Alexandre, Boutin et Cadieux ont gardé l’esprit de l’œuvre originale, tout en lui donnant une signature distinctive. D’abord conçu pour la télévision en 1982 dans une durée de plus de cinq heures, le film sort en salle dans une version abrégée d’un peu plus de trois heures, remportant au passage des prix aux Oscar et aux César. Si l’actuelle équipe s’attaque à un monument visuel, ce dernier se veut toutefois un hommage au théâtre ainsi qu’à ses effets d’illusion et de magie.
Dans le rôle-titre du garçon qui refuse de quitter la nostalgie de son enfance, Gabriel Szabo démontre une fois de plus son talent remarquable à la fois prodigieux, sensible et vivace, dans la lignée d’une autre prestation tout aussi brillante dans L’Avare de Molière, précédemment sur la même scène.
Réduit ici à un peu moins de 2 heures sans entracte, le récit focalise sur les figures importantes de l’histoire. Dans un petit village de la Suède du début du 20e siècle, nous faisons la connaissance d’une famille de milieu fortuné, les Ekdahl. Les parents (Ève Pressault et Steve Laplante) travaillent et vivent dans le monde du théâtre, en plus de s’occuper de leurs deux enfants, Fanny (Rosalie Daoust) et Alexandre (Gabriel Szabo), le protagoniste à travers lequel ces événements nous sont racontés. La production s’amorce lors d’une réjouissante fête de Noël, alors que la troupe exécute une danse endiablée. Or, le père meurt; cette tragédie entraîne des changements majeurs, dont le remariage hâtif de la mère avec un évêque luthérien. Le climat devient lourd. Heureusement, l’imagination du gamin permet d’affronter bien des malheurs, comme quoi le pouvoir de l’art arrive à transcender la cruauté des grandes personnes.
L’un des aspects les plus réussis de cette proposition demeure une sobriété dans les moyens scéniques. La scénographie de Romain Fabre s’harmonise à l’intrigue et aux nombreux rebondissements qui ponctuent cette saga familiale. Qu’il s’agisse du bonheur tangible des premières scènes avec ses fous rires ou de moments cocasses, la mise en scène ne s’encombre pas de distraction pour nous rappeler son penchant cinématographique. Quand le ton change après la nouvelle union de la mère, le dépouillement du plateau permet d’illustrer adéquatement cette sensation d’étouffement et d’une austérité palpable. Par ailleurs, vers la fin du spectacle, une séquence beaucoup plus fantaisiste donne beaucoup d’éclat à l’ensemble. De nombreuses marionnettes tombent alors du plafond, démontrant le triomphe de l’imagination et de la résilience sur le défaitisme. Des traces de cet univers légèrement surréaliste, à la fois empreintes d’étrangeté et de poésie onirique, se retrouvaient déjà dans les réalisations précédentes de Félix-Antoine Boutin (dont son remarqué Koalas). Soulignons la qualité évocatrice de la conception sonore de Christophe Lamarche-Ledoux; celle-ci rend bien les alternances d’espoir et de tristesse qui teintent cette histoire.
En raison des coupes par rapport au scénario original, la place des adultes est réduite. Avec des interprètes aussi doués que Steve Laplante, Ariel Ifergan et Annette Garant, il aurait été chouette de leur donner l’occasion de briller un peu plus. De plus, la Fanny de Rosalie Daoust se retrouve également trop dans l’ombre par rapport à son frère. Heureusement, Luc Bourgeois et Renaud Lacelle-Bourdon se démarquent, le premier avec son caractère exubérant, le second par son autorité glaciale.
Dans le rôle-titre du garçon qui refuse de quitter la nostalgie de son enfance, Gabriel Szabo démontre une fois de plus son talent remarquable à la fois prodigieux, sensible et vivace, dans la lignée d’une autre prestation tout aussi brillante dans L’Avare de Molière, précédemment sur la même scène.
Peu de temps avant la finale, lorsqu’Alexandre se retrouve seul au côté de sa grand-mère (Annette Garant), l’auditoire constate qu’il suffit parfois, comme dans ce Fanny et Alexandre, de peu d’artifice au théâtre pour en conjuguer toute la beauté, la tendresse et la fantaisie.
Théâtre Denise-Pelletier
4353, rue Sainte-Catherine Est
Billetterie : 514-253-8974