Mange-moi est le regard d’une femme contorsionniste sur une pratique qui l’a doucement dévorée de l’intérieur. Selon sa propre expérience, cette tradition a été synonyme d’une certaine naïveté enfantine, de prouesses débridées et d’images suggestives. Mange-moi met à nu ce corps contorsionniste, rendant la performeuse et le spectateur qui la regarde pleinement conscients de sa fragilité, de sa sexualité, de sa féminité.
Mange-moi est une réflexion sur l’art de la contorsion, qui est très souvent dédié à de jeunes filles, et de ce qu’elle suggère comme représentation sexuelle à l’œil voyeur du spectateur. Cette pièce est un passage vers la conscientisation, parfois douloureuse, de l’œil qui la regarde ; qui regarde son corps – objet, de sorte à retrouver une fragilité intérieure, la force intérieure d’une femme. Mange-moi questionne, par ce corps nu, le rapport entre nudité corporelle et celle de l’âme.
Fondatrice de Nadère arts vivants, Andréane Leclerc a gradué de l’École nationale de cirque en 2001. Concevant la contorsion comme une technique corporelle malléable capable de générer un monde de sensations et d’imageries mentales auprès du spectateur au-delà du spectaculaire, elle crée aujourd’hui des pièces expérimentales circassiennes ainsi que des performances conceptuelles - Di(x)parue, Cherepaka, Insuccube, Mange-moi, Corps sculptural. Andréane possède cet intérêt particulier pour la scène de performances et continue d’interpréter pour des chorégraphes et metteurs en scène tels que Dave St-Pierre, Angela Konrad et Peter James. En 2013, elle termine une maîtrise sur la dramaturgie de la prouesse au département de théâtre de l’Université du Québec à Montréal (UQÀM) sous la direction de Marie-Christine Lesage. La même année, elle met sur pied la compagnie Nadère arts vivants, pour qui elle assure la direction artistique.
Lumière et direction technique Karine Gauthier
Régie Audrey-Anne Trudel
Direction de production Camille Leblanc
Photo Svelta Atanasova
En programme double avec The Principle of Pleasure de Gérard Reyes
Sur place
Tarif régulier 29$
Tarif réduit 25$*
Abonnement de saison 300$
Forfait tout cru 96$
5 spectacles pour 100$
4 x 4 : voyez un spectacle entre amis 88$
3 spectacles et + 22$/billet
* 30 ans et moins + artistes membres d'une association professionnelle, sous présentation d'une carte valide.
En ligne
Tarif régulier 32,50$
Tarif réduit 28,50$*
Abonnement de saison 303,50$
Forfait 5 spectacles non-disponible en ligne
3 spectacles et + 25,50$/billet
* 30 ans et moins + artistes membres d'une association professionnelle, sous présentation d'une carte valide.
Une présentation La Chapelle Scènes Contemporaines.
Une approche crue de l’art de la contorsion : c’est ce que propose Andréane Leclerc avec Mange-moi, qui mêle danse contemporaine et contorsion. En se tordant, nue, sur de lancinantes notes de piano macabres, l’artiste expose son corps loin du glamour du spectacle de cirque, mais dans toute sa réalité, corporelle, sexuelle. Mais au-delà de cette réalité, on attend peut-être un peu de magie, de spectacle… qui ne vient pas. On regarde, fasciné et parfois horrifié, la colonne vertébrale s’enrouler, les pieds encadrer le visage et les muscles se plier.
Il y a deux autres femmes en robes noires sur la scène, l’une au piano, de dos, l’autre assise sur une chaise, mais on ne les voit pas. Le regard du spectateur-voyeur est fixé sur ce corps, à la fois humain dans sa simplicité et sa nudité, et inhumain dans ses contorsions. C’en est presque glauque, mais c’est justement la réalité voulue du spectacle. La performance est (trop) courte - une trentaine de minutes - : l’artiste s’habille en tenue de scène, se déshabille en dansant, se rhabille avec les vêtements d’une autre. Trois petits tours et puis s’en va.
Mange-moi - crédit photo Svetla Atanasova |
The Principle of Pleasure - crédit photo Alejandro Santiago |
S’ensuit The Principle of Pleasure, de Gérard Reyes. Le chorégraphe, qui maîtrise chacun de ses mouvements à la perfection, transforme la salle en bar underground : au milieu des lumières blanches et rythmées, sur une bande-son composée de Janet Jackson remixée, il amène le public sur la scène. Et là, il se lâche. Entre danse, effeuillage et voguing, pas toujours facile à suivre, il bouge sans s’arrêter entre deux grands miroirs - le plaisir, c’est aussi de se regarder évoluer. Le public est invité à le filmer, le prendre en photo, à interagir.
Il y a des mouvements de foule, on bouge autour du danseur pour suivre son solo - parfois, on ne voit rien, à cause de la semi-obscurité ou d’un spectateur trop grand. Gérard Reyes lance des oeillades aguichantes, frenche un jeune homme après l’avoir ligoté sur une chaise, entraîne une personne du public dans une danse très rapprochée, puis en allonge une autre sur le sol. Et s’il prend plaisir à toucher des corps inconnus, c’est peut-être moins le cas pour certains spectateurs, insérés malgré eux dans le spectacle.