The Principle of Pleasure est un solo de danse inspiré de CitiBar, la boîte de nuit montréalaise qui attirait comme clientèle des femmes transgenres et leurs admirateurs. Le solo puise dans les codes de conduite et les façons d’être propres à ce bar, afin d’imaginer différemment le rapport entre le public et l’interprète dans une salle de spectacle. Cette pièce explore les possibilités extatiques et exutoires provoquées par l’écroulement des conventions qui structurent les interactions humaines. En incorporant des notions de vogueing et de striptease, Gérard Reyes réexamine les mêmes sujets qui avaient motivés Yvonne Rainer à rédiger le fondateur No Manifesto - un questionnement sur les valeurs performatives en tant que pratique et le rapport entre le public et l'interprète. Contrairement au No Manifesto, qui rejette le « glamour », « le spectaculaire », « l'éccentricité » et « la séduction du public », The Principle of Pleasure célèbre la danse virtuose, les costumes transgressifs et l'éclairage dramatique. Au son de remixages de la vedette pop Janet Jackson, cette pièce explore la joie et le sentiment de libération qui peuvent survenir lorsque l’on met en pièces la hiérarchie conventionnelle qui définit les relations humaines.
« J’ai commencé mon exploration du plaisir parce qu’il en manquait dans ma vie. Performer sur scène ou être en tournée n’avaient plus de charme et m’ennuyaient. Pour reprendre contact avec la joie que pouvait me procurer la danse, j’ai décidé de rechercher de nouvelles façons d’être. J’ai recommencé à écouter la musique de Janet Jackson, tout particulièrement ses premières chansons. À la même période, mes amis et moi avons commencé à nous habiller en drag pour sortir dans les bars. Nous avons commencé à passer du temps au CitiBar, un endroit de prédilection de la communauté trans montréalaise, et dans les bars de striptease de la rue Ste-Catherine. J’ai poussé l’expérience plus loin. Je suis allé à New York pour étudier le vogueing aves des vogueurs légendaires qui m’ont appris à incorporer tous les aspects de ma personnalité au sein d’une seule danse. Je suis retourné en studio pour créer The Principle of Pleasure avec un sentiment nouveau, celui de l’absence de peurs. »
Gérard Reyes est un chorégraphe, interprète et professeur de danse qui évolue entre Montréal et Berlin. Il a travaillé pour des chorégraphes de renom tels que Benoît Lachambre, Marie Chouinard, Noémie Lafrance et Bill T. Jones. Gérard gagne un prix Gemini pour sa performance dans le film de Marie Chouinard, Body Remix: les variations Goldberg. Depuis le début de sa carrière chorégraphique en 2011, Gérard crée plus de vingt pièces qui ont été présentées en Amérique du Nord et en Europe dans des théâtres, galeries d'art, bars, clubs, ainsi que des vidéos diffusées sur Internet. En 2013, il reçoit une subvention conjointe du Conseil des arts et des lettres du Québec et du New York State Council on the Arts pour participer à une résidence chorégraphique à New York où il étudie le vogueing et crée les prémices de son premier solo, The Principle of Pleasure. Une version courte de ce solo a été présentée au Rhubarb Festival de Toronto en février 2014, ainsi qu’à New York et à Porto la même année.
Conseils artistiques Archie Burnett, Danielle Polanco Ninja, Jose Xtravaganza, Steven Serels, Javier Madrid Ninja, Leiomy Maldonado Mizrahi, Edwin Luciano Xtravaganza, Ami Shulman, Benoit Lachambre, George Stamos, Denise Reyes, Patrick Vimbor, Mariusz Ostrowski, Matjash Mrozewski
Composition originale (à partir de la musique de Janet Jackson) Devon Bate
Mixage “Control” Ty Harper
Lumières Karine Gauthier
Costume (Costume #2) Vincent Tiley (Design), Leigh Gillam (Façonnage)
Casque Persona Non Grata
Maquillage Jasmin (M.A.C. Soho)
Photographie Damian Siqueiros, Alejandro Santiago
Affiche Sander Marsman (Photographie), Niko Papadimitriou (Graphisme)
En programme double avec Mange-moi de Andréane Leclerc
Sur place
Tarif régulier 29$
Tarif réduit 25$*
Abonnement de saison 300$
Forfait tout cru 96$
5 spectacles pour 100$
4 x 4 : voyez un spectacle entre amis 88$
3 spectacles et + 22$/billet
* 30 ans et moins + artistes membres d'une association professionnelle, sous présentation d'une carte valide.
En ligne
Tarif régulier 32,50$
Tarif réduit 28,50$*
Abonnement de saison 303,50$
Forfait 5 spectacles non-disponible en ligne
3 spectacles et + 25,50$/billet
* 30 ans et moins + artistes membres d'une association professionnelle, sous présentation d'une carte valide.
Une présentation La Chapelle Scènes Contemporaines.
Une approche crue de l’art de la contorsion : c’est ce que propose Andréane Leclerc avec Mange-moi, qui mêle danse contemporaine et contorsion. En se tordant, nue, sur de lancinantes notes de piano macabres, l’artiste expose son corps loin du glamour du spectacle de cirque, mais dans toute sa réalité, corporelle, sexuelle. Mais au-delà de cette réalité, on attend peut-être un peu de magie, de spectacle… qui ne vient pas. On regarde, fasciné et parfois horrifié, la colonne vertébrale s’enrouler, les pieds encadrer le visage et les muscles se plier.
Il y a deux autres femmes en robes noires sur la scène, l’une au piano, de dos, l’autre assise sur une chaise, mais on ne les voit pas. Le regard du spectateur-voyeur est fixé sur ce corps, à la fois humain dans sa simplicité et sa nudité, et inhumain dans ses contorsions. C’en est presque glauque, mais c’est justement la réalité voulue du spectacle. La performance est (trop) courte - une trentaine de minutes - : l’artiste s’habille en tenue de scène, se déshabille en dansant, se rhabille avec les vêtements d’une autre. Trois petits tours et puis s’en va.
Mange-moi - crédit photo Svetla Atanasova |
The Principle of Pleasure - crédit photo Alejandro Santiago |
S’ensuit The Principle of Pleasure, de Gérard Reyes. Le chorégraphe, qui maîtrise chacun de ses mouvements à la perfection, transforme la salle en bar underground : au milieu des lumières blanches et rythmées, sur une bande-son composée de Janet Jackson remixée, il amène le public sur la scène. Et là, il se lâche. Entre danse, effeuillage et voguing, pas toujours facile à suivre, il bouge sans s’arrêter entre deux grands miroirs - le plaisir, c’est aussi de se regarder évoluer. Le public est invité à le filmer, le prendre en photo, à interagir.
Il y a des mouvements de foule, on bouge autour du danseur pour suivre son solo - parfois, on ne voit rien, à cause de la semi-obscurité ou d’un spectateur trop grand. Gérard Reyes lance des oeillades aguichantes, frenche un jeune homme après l’avoir ligoté sur une chaise, entraîne une personne du public dans une danse très rapprochée, puis en allonge une autre sur le sol. Et s’il prend plaisir à toucher des corps inconnus, c’est peut-être moins le cas pour certains spectateurs, insérés malgré eux dans le spectacle.