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Les enfants d'Adam
Du 18 septembre au 8 octobre 2017

Une structure familiale hors norme fait apparaître dans la pièce Les enfants d’Adam, le choc des visions générationnelles. Suite au décès de son mari, une femme découvre avec stupéfaction le regard que ses enfants portent sur elle. Ces derniers devront rajuster le tir au fil des révélations concernant leur mère mais aussi concernant le passé inusité de leur père. Bien loin de l’absurde, au-delà du déjanté, ce qui apparaît comme une métamorphose n’est en fait que le vrai visage d’une femme comme toutes les autres : merveilleusement unique.

L’auteure islandaise Audur Ava Ólafsdóttir, mondialement connue suite à la parution en 2011 de son roman Rosa Candida (Prix des libraires du Québec), signe sa première pièce de théâtre. Depuis sa production au Théâtre National islandais il y a 4 ans, Les enfants d’Adam a permis à la scène théâtrale islandaise d’acquérir une reconnaissance artistique partout à travers l’Europe. La pièce sera présentée pour la première fois en Amérique du Nord.


Texte Audur Ava Ólafsdóttir
Traduction Racka Asgeirsdottir et Claire Béchet
Mise en scène de Luce Pelletier
Avec Dorothée Berryman, Anne-Élisabeth Bossé, Sébastien Dodge, Daniel Parent et Marie-Ève Pelletier


Crédits supplémentaires et autres informations

Assistance à la mise en scène Claire L’Heureux
Scénographie Olivier Landreville
Costumes Caroline Poirier
Musique Catherine Gadouas
Éclairages Jocelyn Proulx
Chorégraphies Danielle Lecourtois

Du mardi au samedi 19h30, dimanche 1er et 8 octobre 15h

Prévente jusqu'au 18 septembre : Régulier 25 $ ; Étudiant en théâtre 19 $ (frais de service non inclus)

Production du Théâtre de l'Opsis


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Critique disponible
            
Critique

Pour amorcer l’an trois de son cycle scandinave, le Théâtre de l’Opsis privilégie une fois de plus une comédie contemporaine sur la famille dans un univers décalé. La pièce Les Enfants d’Adam de l’auteure islandaise Audur Ava Ólafsdóttir offre des moments rigolos, des prestations solides, mais son exécution scénique n’est toutefois pas inoubliable.






Crédit photos : Marie-Claude Hamel

La compagnie dirigée par Luce Pelletier avait débuté l’exploration de l’actuel cycle avec une œuvre théâtrale baignant dans des eaux similaires (mais encore meilleure), Bientôt viendra le temps de l’écrivaine danoise Line Knutzon sous la gouverne de Pelletier. Par la suite, Olivier Morin avait revisité de manière assez concluante des extraits du Peer Gynt d’Henrik Ibsen. Entre les deux réalisations théâtrales, Luce Pelletier s’était risquée, avec plus ou moins de bonheur, dans Clara, à transposer le court roman d’Anne Hébert.

Dans le Studio Hydro-Québec du Monument-National, les cinq interprètes (Dorothée Berryman, Anne-Élizabeth Bossé, Sébastien Dodge, Daniel Parent et Marie-Ève Pelletier) démontrent une énergie assez contagieuse tout au long des 80 minutes de la représentation. Le plateau comprend des longs murs blancs où trônent devant une grande table de cuisine, des chaises et, côté jardin, un amoncellement de tiroirs. L’histoire traite des relations familiales, alors que la mère Élisabeth (Berryman) invite pour un repas ses deux filles (Bossé et Pelletier) et le gendre de l’une d’elles (Dodge) pour souligner le retour de son fils (Parent) après de nombreuses années d’absence. S’ensuivent des échanges où les frictions réapparaissent avec les jalousies et les secrets dissimulés. Si dans Bientôt viendra le temps, les conversations se déroulaient dans un salon bourgeois, elles prennent ici place dans la salle à manger. Malgré le changement de lieu, le ton conserve de similaires pointes absurdes et les ambiguïtés dans les rapports fraternels et parentaux.

Pour tenter de rompre avec le schéma classique de la pièce confinée dans un seul endroit, la metteure en scène a intégré des micros à la manière d’un stand-up comique, où les personnages s’adressent directement au public. Ces moments sont accompagnés d’une conception sonore de Catherine Gadouas qui reproduit parfaitement une énervante musique légèrement techno si omniprésente à notre époque, entre autres dans les publicités. Or, ce procédé a été exploité à de très nombreuses reprises sur les scènes montréalaises des dix dernières années (mentionnons seulement Oxygène d’Ivan Viripaev et Coma unplugged de Pierre-Michel Tremblay) et finit par perdre de sa pertinence.  

Reconnue précédemment pour son roman Rosa candida, Ólafsdóttir signe avec Les Enfants d’Adam sa première œuvre pour la scène. Elle distille à divers moments des répliques absurdes près de l’esprit d’un Eugène Ionesco. L’une des scènes les plus drôles de la production demeure justement celle où la mère offre à sa progéniture du café. La réponse négative de chacun d’eux n’empêche pas la mère de leur en offrir une tasse. Par ailleurs, les nombreuses allusions à l’actrice états-unienne Scarlett Johansson entraînent le rire, en plus d’évoquer un peu les célèbres Bobby Watson de La Cantatrice chauve. Or, malgré les répliques rigolotes, des dimensions plus sombres de la réalité transpercent le vernis d’une famille parfaite sous ses premières apparences. Les réalités des personnes aînées sont traitées dans Les Enfants d’Adam avec acuité, notamment dans le portrait touchant de la mère attentionnée qui subit sans cesse des réprimandes insistantes de sa famille pour qu’elle prenne ses «pilules». Malgré ses aspects prévisibles, l’écriture dépeint avec des touches tendres une femme souvent seule malgré son entourage qui refuse de se taire ou d’abdiquer.

Parmi la distribution, Dorothée Berryman dévoile une aisance remarquable à se promener sans cesse d’un registre à l’autre et à passer rapidement de la comédie au drame. Précédemment, la comédienne-chanteuse de jazz s’était illustrée avec son sens indéniable de la répartie dans La Cantatrice chauve. Ses quatre partenaires de scène témoignent d’une énergie corporelle jamais feintes lors des séquences chorégraphiées, séquences leur permettant d’illustrer la double nature de leurs personnalités moins parfaites que le croit leur mère (ou fait semblant de croire). Marie-Ève Pelletier est particulièrement brillante sous les traits d’une épouse parfois hystérique tandis que Sébastien Dodge s’amuse dans le rôle de son époux intrigant et perfide, mais qui s’humanise un peu par la suite. Fidèles à eux-mêmes, Anne-Élizabeth Bossé et Daniel Parent font également preuve de justesse et de mordant.  

Sur le plan visuel, la production demeure très réussie grâce aux éclairages de Jocelyn Proulx qui se déploient dans de magnifiques jeux de lumière. Par ailleurs, des instants de musique légèrement bossa-nova caressent les oreilles à certains moments de la soirée.

Pourtant, ces Enfants d’Adam manquent de l’effet de surprise et d’étonnement par rapport à des réalisations antérieures de l’Opsis, comme Bientôt viendra le temps ou d’autres dans les cycles antérieurs comme Une maison propre.    

Autrement, des acteurs allumés et une matière parfois pétillante nous font passer des moments assez agréables en compagnie de ces Enfants d’Adam, très québécois malgré tout.  

25-09-2017
 

Studio Hydro-Québec du Monument-National
1182 Blvd St-Laurent
Billetterie : 514-871-2224

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