Texte d'Annabel Soutar
Mise en scène d'André Perrier
Avec Brett Watson et Maude Laurendeau-Mondoux
Brett et Maude, deux acteurs, sont intrigués par la lecture d’une histoire qui relate l’effondrement d’un pont, tuant cinq personnes dans leur ville. Quand ils découvrent que les personnes qui l’ont construit et étaient en charge de son entretien ne veulent endosser aucune responsabilité, ils démarrent une enquête. Leur odyssée les conduit aussi bien chez les victimes encore dévastés que dans les salles des conseils d’administration et les bureaux feutrés de l’élite politique et financière, où circulent des rumeurs de conspiration de mafia et de collusion du monde de la construction qui menacent leur quête de vérité.
Sexy béton est un suspense politique hantant notre passé, mais encore actuel: les unes des médias ne cessent de rapporter des chutes fréquentes et choquantes de blocs de ciment des infrastructures au Québec. La pièce est aussi un appel urgent à l’engagement des citoyens au moment où, par exemple, les projets de reconfiguration de l’échangeur Turcot à Montréal risquent d’affecter la ville pour des décennies.
D’abord objet d’un atelier du 1er au 7 juin 2009, Sexy béton a depuis été méticuleusement remaniée. À présent, la pièce sera relatée en trois épisodes. Le premier, présenté en septembre résulte des représentations du mois de juin, et, en novembre 2009 et janvier 2010, les deux épisodes suivants amèneront le récit vers une conclusion palpitante.
Conseillère à la dramaturgie : Carole Fréchette
Assistance à la mise en scène : Marie-Andrée Lemire
Scénographie : Cédric Lord
Costumes : Marie-Pier Fortier
Environnement sonore : Olivier Fairfield
Lumières: Paul Auclair
Direction de production : François Ouimet
Directeur technique : Simon Lachance
Date Premières : les cinq premières représentations de chaque épisode
Régulier 22$ par épisode
Abonné 11$ par épisode
Une production Porte Parole
The Leanor and Alvin Segal Theatre
At Centre Segal des Arts de la scène
5170 Cote St. Catherine Rd
Billetterie - Box Office: (514) 739-7944
par Mélanie Thibault
L’essence de l’histoire
Effondrement du viaduc de la Concorde, Laval, 30 septembre 2006. Un fait, des victimes. Comment rendre justice à cette tragédie par le théâtre documentaire ? L’auteur Anabel Soutar y répond, en anglais et en français. Ce premier épisode d’une série de trois appelle à la réalité d’une situation laissée à l’abandon par les instances publiques et les médias. Les victimes, citoyens lésés dans leur corps et dans leurs droits se font entendre de nouveau grâce à Sexy Béton. Cette pièce leur rend hommage, nourrie des écrits journalistiques et des rumeurs de conspiration brouillant les pistes. Sont décédés lors de l’évènement : Mathieu Goyette, Véronique Binette, Jean-Pierre Hamel, Sylvie Baudet, Gilles Hamel. En ont subi les blessures : Claude Bastien, Louise Bédard, Paul Cousineau, Robert Hotte, Anne Leblanc, Mohamed Ashraff Umerthambi.
Le premier épisode de la pièce s’ouvre sur la présentation des acteurs. Leur objectif : rendre sur scène ce qui s’est dit dans les médias concernant la chute du viaduc. Un dialogue vif donne le ton, ponctué par la percussion des objets sur la carrosserie des voitures accidentées. Un reportage journalistique étoffé. L’insatisfaction amène ensuite une deuxième approche : rencontrer les gens chargés de l’entretien du pont. Passons. Plus révélateur encore : les témoignages, troisième postulat venant se greffer au récit. Les recherches se font avec les spectateurs, progressent, bifurquent, se rétament, se reprennent. Une rare chance pour nous, témoins, de comprendre ce qui se cache sous le couvert public. Un document vivant et vibrant de vérité.
Crédit photos : Kirk Wight |
Cinq comédiens composent ce paysage dévasté, traversé par le pont accidenté et ses débris. Ils se transforment à la vitesse de l’éclair et installent des personnages variés tant par leur théâtralité que par leurs soucis d’incarner des personnages réels, apportant une touche irrégulière à l’histoire. Bien que le sujet soit dense, l’énergie des comédiens interpelle. Au-delà du drame, c’est une incursion sensible et sans apitoiement que nous donne principalement l’interprétation de Maude Laurendeau-Mondoux et Brett Watson. Notons la solidité des comédiens qui les accompagnent : Marie-Josée Gauthier, Paul Stewart et Stéphane Blanchette. Ils équilibrent et colorent le discours épique de Laurendeau-Mondoux et Watson. Cette pièce, fruit de 12 mois de recherche pour l’auteur, ramène au théâtre sa respectabilité et son implication en joignant l’utile à l’agréable. Vivement le second épisode !